Politique
Après l’annonce de la peine de 18 ans de prison infligée mardi 21 juin à Jean-Pierre Bemba par la Cour pénale internationale, son parti le Mouvement de libération du Congo (MLC) a dénoncé « la politisation à outrance de la CPI ».
« Nous continuerons à dénoncer la justice sélective, la justice discriminatoire et la politisation à outrance de la CPI. D’un côté, on reconnaît qu’il n’est pas protagoniste principal ; de l’autre, on s’acharne sur la personne de M. Bemba et les troupes du MLC », a déclaré Eve Bazaiba, secrétaire générale du MLC, aux militants réunis au siège du parti à Kinshasa.
En mars dernier, Jean-Pierre Bemba avait été reconnu coupable par la Cour pénale internationale (CPI), en tant que chef militaire, de deux chefs de crimes contre l'humanité (meurtre et viol) et de trois chefs de crimes de guerre (meurtre, viol et pillage), commis en République centrafricaine entre octobre 2002 et mars 2003.
Lors du prononcé de sa peine ce mardi, les juges de la CPI l’ont condamné sans aucune circonstance atténuante.
Eve Bazaiba a indiqué que le président de son parti, sénateur et ancien vice-président congolais, bénéficie toujours du droit de faire appel.
« M. Bemba continue de bénéficier de son droit d’appel. Je vous informe que dès hier, des dispositions ont été prises pour l’appel parce que nous nous attendions à des choses plus ou moins dans ce sens-là. Néanmoins, nous devons vous dire que la jurisprudence continue encore à nous réconforter pour dire que dans des mêmes cas, là où il y avait la responsabilité pénale individuelle, il a été requis 40 années. Après appel, ça s’est soldé par 11 ans ou 12 ans [de prison] », a expliqué la secrétaire générale du MLC.
Quelques heures avant le prononcé de la peine, la défense de Bemba avait annoncé son intention de faire appel du verdict de la Cour pénale internationale.
Déception des militants du MLC
Les militants du Mouvement de libération du Congo (MLC) qui s’étaient réunis au siège de leur parti pour suivre le prononcé de la peine de Jean-Pierre à la télévision ont exprimé leur déception.
« C’est une déception de la part de la justice internationale, l’occasion pour nous de dénoncer la machination de la justice au niveau internationale », a commenté un militant du parti.
Pour sa part, le secrétaire général-adjoint du MLC, Fidèle Babala a tenté de réconforter les militants :
« Le plus important pour nous, c’est de garder notre calme. Nous ne savons pas ce qui nous attend, seul Dieu le sait. On n’emprisonne qu’une personne, jamais une idée ».
Kinshasa prend acte
Pour sa part, le gouvernement congolais dit prendre acte de la condamnation du sénateur Jean-Pierre Bemba.
Son porte-parole, Lambert Mende, affirme que la RDC n’était pas impliquée dans cette affaire.
« Nous prenons acte de ce verdict comme une information qui concerne un sénateur originaire de la RDC, ancien vice-président de la République sans autre commentaire parce qu’il s’agit d’une affaire dans laquelle ni la RDC ni son gouvernement ne sont concernés à un titre ou à un autre », fait-il savoir.
Selon M. Mende, le gouvernement espère que « notre compatriote Jean-Pierre Bemba a bénéficié de tous les droits auxquels lui donne sa qualité de prévenu parce que nous lui devons assistance consulaire ».
Pour sa part le Député national élu de Mbandaka (Equateur), Henri-Thomas Lokondo affirme être « troublé » et « découragé » après la condamnation de Jean-Pierre Bemba à 18 ans de prison à la Cour pénale internationale (CPI).
« La condamnation était déjà programmée pour donner l’exemple. Mais, c’est un exemple de la honte qui discrédite totalement cette cour de puissants », a-t-il déclaré mardi 21 juin quelques heures après le prononcé de la peine infligée à Jean-Pierre Bemba.
Le député estime que cette peine est excessive, indiquant que la CPI devait entendre l’ex-président Ange-Felix Patassé et les autres responsables centrafricains qui, selon lui, étaient prêts à disculper Bemba.
Pour lui, Jean-Pierre Bemba aurait dû bénéficier des circonstances atténuantes à cause notamment de son éloignement des théâtres des opérations.
« Admettons même que le principe de la responsabilité du commandant soit retenu mais le commandant [Bemba] était où ? Pas sur le théâtre des opérations. Il était avec nous en Afrique du Sud pour les accords de Sun City », a expliqué Henri-Thomas Lokondo.
Un avertissement à tous les chefs de guerre, selon la FIDH
La condamnation de Jean-Pierre Bemba « est un avertissement à tous les autres chefs de guerre qui laissent leurs troupes brutaliser les femmes et les hommes : vos actes sont criminels et vous serez punis », a déclaré mardi 21 juin Karim Lahidji, président de la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).
La Cour pénale internationale (CPI) a rendu aujourd’hui un verdict fort et symbolique en condamnant Jean-Pierre Bemba à 18 ans d’emprisonnement pour les viols, assassinats et pillages perpétrés par ses troupes en République centrafricaine en 2002 et 2003, indique la FIDH dans un communiqué.
Pour la Fédération internationale des droits de l’homme et ses organisations membre et partenaire en République centrafricaine, cette décision de la CPI reconnaît la gravité de la violence infligée aux victimes ainsi qu’à leurs communautés.
« La CPI a délivré un message fort et clair : les crimes sexuels perpétrés dans le cadre des conflits armés ne seront plus impunis », a fait savoir Karim Lahidji.
Les avocats de Jean-Pierre ont annoncé leur intention de faire appel du jugement. Ils ont jusqu’au 19 septembre 2016 pour le faire.
« Nos organisations souhaitent que cette décision, importante et historique [de la CPI] pour les victimes et la justice internationale, soit confirmée en appel », a déclaré Me Olivier Mangereka, président de la LCDH, organisation membre de la FIDH.
« La prochaine étape consiste maintenant à déterminer si M. Bemba pourra, sur ses propres fonds, dédommager les milliers de victimes de ces crimes », a déclaré, pour sa part, Mathias Morouba, président de l’OCDH et avocat des victimes.
L’avocat appelle « la CPI à rapidement se saisir de cette question » et demande aux États parties à la CPI « de contribuer activement aux Fonds au profit des victimes afin qu’il puisse pleinement remplir son mandat ».
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Eve Bazaiba, secrétaire générale du MLC