En marge de 40è anniversaire de la participation, les anciens Léopards réclament honneur, réparation, respect, gratitude, reconnaissance…

Un anniversaire noir. Le 40è anniversaire de la participation de l'ex Zaïre à une phase finale de la Coupe du monde est marqué par des lamentations des artisans même du mondial Allemagne 1974. Une commémoration du 14 juin 1974 qui intervient alors que les anciens Léopards sont devenus des clochards, abandonnés à eux-mêmes sinon utilisés pour de fin de visibilité pour certains hommes politiques moyennant des sommes dérisoires. Un constat amer qui n’honore pas la RDC dans la mesure où les mêmes anciens athlètes qui ont honoré le pays sont respectés par différentes ambassades accréditées au Congo-Kinshasa. Qui se souvient encore de Kembo, Mavuba… dont le fils joue l’actuelle Coupe du monde Brésil 2014 pour le compte de l’équipe de France ? Une question qui devait faire réfléchir les ex Zaïrois.

Au concret, l’Etat congolais fait fi de la prouesse réalisée par les Léopards. 40 ans après l’Allemagne 1974, Egypte 1974, 9 buts de Ndaye Mulamba (actuellement hospitalisé dans un centre médical à Kalamu à Kinshasa) record non battu jusque là. Quel regard pour les anciens Léopards champions d’Afrique et mondialistes ? C’est à cette question que la Ligue sportive pour la promotion de l’éducation sportive (Lisped) a tenté de répondre au cours d’une conférence organisée hier mercredi 18 juin 2014. Une conférence qui tombe à, pic juste au moment où la planète entière vie au rythme du Mondial Brésil 2014.

PLAIDOIRIE POUR LES ANCIENS LEOPARDS

Franchement, le 40è anniversaire de la qualification de l’actuelle RDC au Mondial 1974 en Allemagne est une occasion pour plaider en faveur de ces artisans qui ont permis à l’ex Zaïre de défendre non seulement le continent africain, mais aussi et surtout- la Francophonie. Présents à cette réflexion, les Kabamba, Mungamuni, Kalambayi, Lobilo, Ndongala, Mana, Kabasu et autre Mwepu clament haut fort que la prime de leur participation à la Coupe du monde a été détournée. Pour preuve, Me Alain Makengo, leur avocat, a brandi ces allégations. D’après l’homme de droit, une lettre datant du 23 septembre 1974 adressée au Président Mobutu fait état d’une somme de 800.000 Deutschemarks ont été versés à l’ex Fédération zaïroise de football association (Fézafa) par la Fédération internationale de football association (FIFA). " Cela peut expliquer, dans une certaine mesure, le refus des Lions indomptables d’aller au Brésil sans avoir touché leur prime versée par la FIFA pour le Mondial 2014 ", explique Alain Makengo.

Comment peut-on comprendre qu’aujourd’hui Kalala malade soit abandonné en Afrique du Sud, Ndaye Mulamba subisse une opération chirurgicale sans frais alors que l’Etat congolais leur doit plus de 29 mois de salaires ? s’interrogent ces vieilles gloires. " Toute cette génération est malade. Parfois il y a des actions sporadiques de la part des hommes de bonne volonté pour satisfaire tant soit peu ces Léopards. Mais cela ne les épargne pas de la mendicité", fait savoir Me Alain Makengo.

29 MOIS IMPAYES

Pour celui-ci, cette situation des mondialistes congolais pouvait connaître un dénouement favorable si et seulement si, le gouvernement actuel congolais avait mis en application sa promesse de payer mensuellement ces Léopards à l’instar des autres fonctionnaires de l’Etat. On se souviendra qu’en 2011, à l’époque du premier ministre Adolphe Muzito, le chef de l’Etat avait pris la décision de payer mensuellement ces vieilles gloires à hauteur de 500 dollars américains à chacun à titre d’indemnité pour le service rendu à la Nation. Aussi, ils devaient, d’après la même mesure présidentielle, bénéficier du même traitement que les fonctionnaires de l’Etat. Toujours est-il qu’à ce jour ce payement se fait en dents de scie. Aussi invraissemblable que cela puisse paraître, seuls 4 mois sur 33 ont été versés à la grande déception des artisans du Mondial 1974 " alors que cette rémunération est budgétisé et logée dans une banque de la place ".

Comment alors fêter ce 40è anniversaire de la participation de la RDC en Coupe du monde dans ce climat morose ? D’ailleurs, les concernés (les anciens Léopards) ont écrit à la Présidence de la République, à l’Assemblée nationale, au Sénat, au Premier ministre… pour solliciter un soutien en vue de cet anniversaire. Aucune réponse favorable ne leur a été réservée si ce ne sont que les accusés de réception portés à la connaissance de la presse par Kabasu. Pendant ce temps, le Gouvernement allemand, à travers son ambassade à Kinshasa, a honoré les fauves congolaiss en les invitant à suivre le match Allemagne - Portugal. Match qui s’est soldé à l’avantage des Allemands (4-0). Cette marque de reconnaissance est ce qui manque à Lobilo, Mungamuni… de la part de l’Etat congolais. C’est en ce sens qu’ils saisi ce moment du Mondial Brésil 2014 pour interpeller l’opinion nationale. La génération 1974 exige réparation, reconnaissance, honneur, redevabilité… envers ceux qui ont honoré le drapeau national jusqu’à ce stade de compétition.

LA RECONNAISSANCE DE MOBUTU

Pour Kalambayi, qui assume l’intérim de l’association des anciens Léopards, " nous n’avons jamais été parachuté dans cette Coupe du monde 1974. Nous l’avons mérité en battant le Ghana, le Cameroun, le Maroc… qui, pourtant, était déterminé à y retourné ". Cet ancien Léopard balaye d’un revers de la main l’idée selon laquelle les maisons leur octroyées par l’ex président Mobutu justifierait l’attitude des dirigeants actuels à leur égard. " Le Roi Hassan II avait promis aux joueurs marocains des primes exorbitantes s’ils arrivaient à se débarrasser des Léopards et se qualifier pour la Coupe du monde 1974. Voilà pourquoi le président Mobutu, apprenant cela par voie des médias, a motivé ses troupes. C’est ainsi il a promis une parcelle, une voiture et un voyage à chacun des joueurs sélectionnés en cas de victoire pour ce match contre les Lions de l’Atlas". "Cette reconnaissance du président de la République ne peut justifier en aucun cas le mauvais traitement dont nous sommes victimes actuellement". " Pas question qu’on ne bénéficie pas de droit soit disant parce que Mobutu nous a gratifié ", conclut-il.