L’énigmatique question de démolition des églises soi-disant ‘’non viables’’

La décision relative à la chasse aux églises soi-disant non viable est consécutive aux évènements malheureux du 30 décembre dernier. Evènements qui ont coûté beaucoup de pertes en vies humaines et causé des dégâts matériels très importants.

L’histoire retiendra que ce jour-là, les éléments  armés fidèles à un certain prophète Paul Joseph Mukungubila se sont confrontés aux forces armées de la République. Leurs attaques ont simultanément eu lieu à Kinshasa, Lubumbashi, Kolwezi et Kindu.

Le bilan on le sait était très lourd. Une page tournée ? Certainement pas, car les enquêtes continuent pour faire la lumière sur ces atrocités. Toutefois, le prophète précité avait, par le biais d’une radio étrangère, réclamé la paternité de ce mouvement insurrectionnel.

Au lendemain de ces évènements tragiques, au Katanga, le gouvernement provincial réuni pour faire le point sur la situation sécuritaire, avait à l’issue de la réunion, décidé la suspension  jusqu’à nouvel ordre de la secte Mukungubila. Ce que d’aucuns ont craint est malheureusement arrivé. Tenez !

Les églises non viables seront fermées. Telle est la décision du ministre provincial en charge de l’intérieur, Sécurité et Affaire coutumières, Juvénal Kitungwa Lugoma. En effet, une chaîne audiovisuelle locale a annoncé la semaine dernière le début de démolition des églises présumées non viables. Ces mesures visent la sauvegarde de la paix et de la sécurité de tous les habitants de la province cuprifère du Katanga. C’est une bonne chose surtout dans la mesure où l’on sait que la liberté de chaque individu se limite-là ou celle des autres commerces.

Car, personne n’est censé avoir plus de droits et de libertés, sans fouler aux pieds ceux des autres. Néanmoins, nous avons déjà en son temps prévenu le risque de pouvoir jeter confusément dans le feu de destruction le bon grain et l’ivraie.

Le risque de créer la confusion est éminemment grand en ce sens que la notion de viabilité et de non viabilité qui doit guider la démarche, demeure trop énigmatique. Quel sera le critère déterminant de la viabilité ou de la non viabilité ?

Par viabilité, faudra-t-il entendre la qualité, la quantité matérielle, la spiritualité ? Est-ce qu’une église viable serait-elle  celle qui  compte des milliers d’adhérents avec un bâtiment construit en pierres massives comme le temple de Jérusalem (Marc 13) ?

Etant donné que nous examinons une réalité très délicate, ceci pousse les observateurs à se poser moult questions. Par qui le ministre, auteur de la décision, se fera-t-il accompagner pour le choix devant déterminer la sanction bonne ou mauvaise ? Sont-ce non viables toutes ces églises fonctionnant dans des tentes ou bâches de fortune ?

Dilemme.

Ceux qui lisent la Bible et l’histoire de l’Eglise, incarnée par le christianisme, savent que ce dernier, par rapport au Judaîsme, était et demeure une secte à ce jour. Autrement dit, du point de vue juif, l’Eglise ou la doctrine chrétienne est simplement une secte pernicieuse, et par conséquent, non viable. L’Eglise chrétienne, si Jésus-Christ de Nazareth en avait crée une, lui-même, ou ses disciples, il est évident que cette institution demeure à nos jours, et cela à travers des siècles, une secte.

Lorsqu’au fil de temps ses leaders post-patristiques ont ressenti l’isolement abject de l’Eglise vis-a-vis des pouvoirs séculiers, en cherchant à la crédibiliser auprès des monarques régnants, ils l’ont tout bonnement compromise. L’Eglise deviendra même souvent trop mondaine. Des empereurs ont influé négativement sur la vie de l’Eglise. Ces stigmates, elle en souffre jusqu’aujourd’hui. Le syncrétisme se confond facilement aux normes sacrées de la saine doctrine et à l’orthodoxie doctrinale. Des pratiques étranges font corps avec la doctrine chrétienne.

Ceux qui comprennent ces choses savent que le Seigneur Jésus-Christ lui-même, devant Ponce Pilate, avait relevé ce divorce, cet abîme, que Dieu veut toujours voir exister entre l’Eglise et les institutions séculières, quand il réagit à celui qui le jugeait : ‘’Mon royaume n’est pas de ce monde’’ (Jean 18 :36).

L’Eglise non plus n’est pas de ce monde ; elle y est simplement pour une mission précise : sauver les âmes en prêchant Christ.

Quand l’Eglise veut plaire au monde, elle se compromet souvent et finit mal. Pierre avec ses compagnons, témoins de l’œuvre de Jésus, et récipiendaires de la saine doctrine, s’étaient soigneusement évité de tomber dans le piège de compromission avec le monde. Le monde dont il est question ici n’a rien à voir, ave le monde païen. Les apôtres s’adressaient à d’éminents zélés religieux, fervents savants défenseurs de la loi mosaïque. Mais, qui étaient, au fond, des sépulcres blanchis, responsables d’un culte corrompu maquillé en une célébration vivante (Luc 11 :44 ; Acte 4 :19).

Jésus lui-même parlant de l’inamovibilité,  disons de la viabilité, de son Eglise qu’il allait bâtir sur sa propre ‘pierre’, faisait-il jamais allusion à la qualité des matériaux durables dont elle serait bâtie ? Quand il parle des portes du séjour des morts qui ne prévaudraient pas contre elle (Matthieu 16 :18), seraient-ce les orages, les tremblements de terre et autres tempêtes du monde physique qui ne feront pas chanceler la fondation, les murs et la toiture de son Eglise ? Loin de là ! La réponse à cela, il l’avait donnée, quand un disciple lui faisait miroiter les massives constructions du temple de Jérusalem. Au fait, Jésus ne voyait rien en ce fameux temple qu’une caverne des voleurs (Luc 19 :47).

Pour que je ne paraisse pas faire l’avocat du diable face à la problématique de la démolition des églises dites ‘non viables’, je ne  m’empêche pas d’en mesurer l’âpreté autant que la délicatesse quant à la question du crétérium. Il est vrai que les autorités useront des pouvoirs dont elles sont dotées pour asseoir leur démarche sur la sagesse et le discernement. L’église, qu’elle soit écrite en lettre majuscule ou non ; si elle est réellement de Christ, elle est, de ce fait, une institution divine.

La communauté des gens appelés, mis à part. L’église ne peut pas disparaître par le fait de n’être pas viable, selon la conception de l’homme. L’église est avant tout spirituelle.

C’est par l’Esprit qu’on en juge de sa viabilité ou non. Qu’elle soit bâtie en pierres massives, qu’elle se tienne sous un arbre ou dans une tente ; l’église reste église tant qu’elle reflète son émanation ou son inspiration divine.

Là, alors, elle (église) doit se distinguer par la profession d’une saine doctrine. Une saine doctrine signifie-t-elle qu’on doit baptiser ses fidèles de nuit dans des rivières ? Ici, nous en appelons à toute la sagesse de nos autorités, pour une démarche objective de leur décision de démolir cette catégorie d’églises.

Un docteur de la loi, en la personne de Gamaliel, l’avait déjà compris bien avant nous. C’était à l’époque apostolique, quand la secte de Jésus menée par Pierre et ses amis apôtres, était soumise à une répression terrible. Gamaliel donc préviendra ses confrères du Sanhédrin, en ces termes : ‘’Si cette entreprise ou cette œuvre vient des hommes, elle se détruira ; mais si elle vient de Dieu, vous ne pourrez la détruire. Ne courez pas le risque d’avoir combattu contre Dieu’’(Actes 5 :39).

A ce principe de Gamaliel, nous reconnaissons même de nos jours la pérennité voire l’universalité de l’église.

En ce qui concerne les méthodes pratiques de l’Eglise ou du Royaume de Dieu, elles ne se basent pas sur les armes physiques. Pierre ne l’avaient pas compris avant. Lors de l’arrestation de Jésus dans le jardin de Géthsémani, Pierre tirant son épée, en avait frappé un serviteur du souverain sacrificateur, lui emportant l’oreille. Jésus n’avait pas apprécié cette façon d’agir de Pierre. Aujourd’hui, toute église se réclamant de Jésus-Christ ne peut pas disposer d’armes à feu ou blanches, pour prétende prêcher l’Evangile du salut.
Voilà où s’établit de la viabilité de l’église de Jésus-Christ. Pour l’élection d’un membre à tel ou tel autre poste, les critères existent dans la Bible. Ce n’est pas à l’aide de l’empoisonnement qu’on doit éliminer celui qu’on n’aime pas. Mais plutôt en fléchissant les genoux pour demander ce qu’en pense Dieu. Encore une fois, il faut retenir que l’Eglise ne lutte pas contre la chair ni le sang. Ses armes sont spirituelles (Ephésiens 6 :10-17).

Personne ne regrettera de voir le gouvernement provincial du Katanga mettre hors d’état de nuire des sectes pernicieuses entretenant des milices armées (pour quel but ?), et qui profane le sacré de Jésus. C’est du poison inoculé dans le peuple innocent. Ainsi, le gouvernement aura-t-il fait le travail bon et loyal. Le zèle est à déconseiller. Absolument.