Société
Des défenseurs congolais des droits de l’Homme ont annoncé ce mercredi 20 mars leur intention de poursuivre en justice l’ex-patron du renseignement, entre autres pour « détention arbitraire » et « tortures », au lendemain de l’annonce de son remplacement par le nouveau président de la RD Congo.
Des ONG accusent Kalev Mutond d’avoir fait de l’Agence nationale de renseignement (ANR) une « police politique » au service du régime de l’ancien président Joseph Kabila. Patron tout puissant de l’ANR depuis 2011, proche de Kabila, Kalev est l’un des 14 responsables congolais sous sanctions de l’Union européenne (UE) pour atteinte aux droits de l’Homme et entrave à la démocratie.
« Maintenant qu’il n’est plus là, il doit être poursuivi par la justice. Sous Kalev ces huit dernières années, l’ANR a détenu au secret des opposants, des animateurs de la société civile et des mouvements citoyens pendant de longues périodes, sans l’assistance des avocats et des familles », a déclaré à l’AFP Jean-Claude Katende, président de l’Association africaine des droits de l’Homme (Asadho). Il a cité en exemple Carbone Beni et ses trois compagnons du mouvement pro-démocratie Filimbi, détenus au secret dans les locaux de l’ANR pendant six mois en 2018 sans bénéficier de l’assistance de leurs avocats. Ils ont été libérés en décembre 2018 juste avant les élections du 30. « Des dossiers sont déjà constitués. Nous comptons les déposer dans deux semaines », a-t-il ajouté.
Le président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj), Me Georges Kapiamba, a également annoncé des poursuites « avec un groupe de familles de victimes », « une dizaine », « d’ici le mois prochain ». « Ce sont des victimes d’enlèvements, d’arrestations, détention arbitraire, tortures, mauvais traitements », a-t-il énuméré. Kalev Mutond a été remplacé à la tête de l’ANR par son numéro deux, Inzun Kakiak. « Nous espérons que son successeur va opérer une rupture et qu’il va mettre au centre de son travail le respect de la Constitution et des droits humains », a commenté Georges Kapiamba.
Inzun Kakiak, un vrai policier
Un successeur qui est présenté à Kinshasa comme un « homme discret, un vrai flic ». « Un pro de la sécurité ce que n’était pas son prédécesseur Kalev Mutond, ancien magasinier du Haut-Katanga parvenu à ce poste par copinage », expliquent en choeur divers témoignages.
Inzun Kakiak, originaire d’Idiofa dans le Bandundu, est aussi considéré comme un homme de François Beya, le conseiller spécial en matière de sécurité du chef de l’Etat… proche du clan Kabila.
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