Monde
Après l’attaque samedi de deux sites pétroliers en Arabie saoudite, les prix à la pompe devraient accuser une hausse de 5 centimes le litre.
Comme c'était attendu, les cours du pétrole ont fortement augmenté ce lundi, deux jours après les attaques contre des infrastructures pétrolières en Arabie saoudite. Le baril de référence sur le marché mondial, le Brent de la mer du Nord coté à Londres, a bondi de 14,6 % pour finir à 69,02 dollars. Il s'agit de sa plus forte progression depuis que ce contrat a été formalisé en 1988. Une flambée qui va inévitablement avoir des répercussions sur les prix à la pompe dans les 11 000 stations-service françaises et les tarifs des distributeurs de fioul.
Restés relativement stables pendant tout l'été, les prix à la pompe « sont déjà montés en flèche dès ce week-end, constate Aude Fischer, porte-parole du site Carbu.com, spécialisé dans la comparaison des prix du carburant. Et on peut malheureusement redouter une nouvelle flambée ».
Depuis une semaine, le SP9, qui s'affichait en moyenne à 1,497 €/litre, a pris 0,4 centime le litre. A 1,448 €/l, le diesel a gagné 1,9 centime et le SP98, qui était proposé à 1,573 €/l, a bondi de 1,3 centime. Quant au fioul domestique, utilisé par près de 4 millions de ménages pour se chauffer, il se vendait en moyenne ce lundi matin à 905 € les 1 000 litres.
« Une augmentation de l'ordre de 4 ou 5 centimes »
« On peut s'attendre assez rapidement à une augmentation de l'ordre de 4 ou 5 centimes » parce que « les grandes sociétés répercutent au jour le jour l'évolution des prix sur le marché de Rotterdam sur l'essence et le gazole », explique Francis Duseux, président de l'Union française des industries pétrolières (UFIP). « Quand vous payez 1,50 euro sur un litre d'essence, vous avez à peu près 50 centimes de matières premières, de raffinage et de distribution », le reste étant constitué de taxes diverses, a-t-il rappelé.
« Cinq centimes, à supposer que ça reste à ce niveau, c'est tout à fait considérable. C'est peut-être ce qu'il y a de plus inquiétant pour les Français », a encore souligné Francis Duseux. Toutefois, la France est selon lui à l'abri d'une rupture d'approvisionnement : « On a en France trois mois de stocks de réserve, c'est la loi qui nous oblige à posséder dans des stockages trois mois de la consommation de l'année précédente. »
Une réduction brutale de la production
Les attaques contre les installations saoudiennes ont provoqué une réduction brutale de production de 5,7 millions de barils par jour, soit environ 6 % de l'approvisionnement mondial.
Les Etats-Unis se sont déclarés dimanche « prêts à riposter » à ces attaques de drones, qui ont entraîné depuis samedi une réduction de moitié de la production de l'Arabie saoudite, stratégique pour l'économie mondiale.
« L'approvisionnement en pétrole de l'Arabie saoudite a été attaqué. Il y a des raisons de croire que nous connaissons le coupable, sommes prêts à riposter en fonction des vérifications, mais nous attendons que le Royaume (saoudien) nous dise qui il estime être le coupable de cette attaque, et sous quelle forme nous devrons agir ! », a tweeté Donald Trump, qui faisait ainsi pour la première fois allusion à une éventuelle réponse militaire.
Le président américain a également annoncé dimanche avoir autorisé l'utilisation de réserves stratégiques américaines de pétrole si besoin, pour compenser la baisse de production de l'Arabie saoudite.
Des rebelles au Yemen revendiquent, l'Iran soupçonné
Les rebelles yéménites Houthis, soutenus par l'Iran et qui font face depuis cinq ans à une coalition militaire menée par Ryad, ont revendiqué ces attaques contre les installations du géant public Aramco.
Il n'y a aucune preuve que cette « attaque sans précédent contre l'approvisionnement énergétique mondial » soit venue du Yémen, avait commenté samedi le secrétaire d'Etat américain Mike Pompeo, accusant l'Iran d'être à l'origine de l'attaque et assurant que les Etats-Unis allaient œuvrer pour assurer l'approvisionnement des marchés.
Téhéran a jugé ces accusations « insensées » et « incompréhensibles », par la voix du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Abbas Moussavi, qui a laissé entendre qu'elles avaient pour but de justifier « des actions futures » contre l'Iran.
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