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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 02 mai 2024
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« Une intervention directe de la Chine à Hongkong aurait de très lourdes répercussions internationales »

2019-11-19
19.11.2019
2019-11-19
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Frédéric Lemaître, correspondant du « Monde » en Chine, a répondu à vos questions sur Hongkong, théâtre d’une contestation de plus en plus intense depuis cinq mois.

Depuis dimanche, des étudiants sont retranchés dans le campus de l’Université polytechnique de Hongkong (PolyU). Il s’agit de la confrontation la plus longue et la plus violente avec les forces de l’ordre depuis le début de la contestation, en juin, dans l’ex-colonie britannique. Mardi, des dizaines de manifestants prodémocratie refusaient toujours de se rendre, en dépit des appels en ce sens des autorités locales et des menaces d’intervention de plus en plus explicites du gouvernement chinois.

Le mouvement de contestation a débuté en juin à la suite du rejet d’un projet de loi visant à autoriser les extraditions vers la Chine, et qui est depuis suspendu. Les manifestants ont par la suite élargi leurs revendications pour exiger des réformes démocratiques et une enquête indépendante sur les violences policières.

Benjamin : Connaît-on les chiffres précis de la contestation ? Le nombre de personnes arrêtées, le nombre de celles condamnées, combien de blessés graves et de morts dans chaque camp ? Par ailleurs la police hongkongaise est-elle composée uniquement de citoyens locaux ou sont-ils mélangés avec des Chinois du continent ?

Frédéric Lemaître : Je crois qu’il y a désormais plus de 4 000 arrestations mais que peu de jugements ont jusque-là été prononcés. Pour ce qui du nombre de victimes, c’est délicat. Il y a certes ce jeune manifestant mort après une chute d’un immeuble en voulant échapper aux forces de l’ordre et cet homme plus âgé mort après avoir reçu une brique alors qu’il nettoyait la chaussée mais il y a aussi ces personnes qui se sont suicidées en lien avec le mouvement. Et Hongkong bruisse de rumeurs sur des personnes tuées ou disparues. Des « informations » à prendre avec de beaucoup de précaution.

Feu follet : Pouvez-vous nous en dire plus sur les groupes qui composent la résistance à Pékin ? S’agit-il exclusivement d’étudiants dans l’université ?
Frédéric Lemaître : Il semble y avoir une majorité d’étudiants mais aussi pas mal de mineurs. Des lycéens, je suppose. Mais je ne suis pas à l’intérieur de l’université et, depuis des semaines, les manifestants cachent leur identité, par peur des représailles.

Félix : Pourquoi les autorités estiment si important de déloger les manifestants du campus ? S’agit-il d’un symbole essentiel, d’un point stratégique, de les empêcher de s’organiser ?
Frédéric Lemaître : D’abord, il ne faut pas oublier qu’il y a eu plusieurs campus occupés, contraignant les autorités à interrompre le semestre universitaire. Par ailleurs, le trafic routier est également fortement perturbé et il y a toujours d’autres points d’accrochage entre manifestants et forces de l’ordre.

Lombe : La Chine peut-elle réellement faire usage de balles réelles sans craindre les retombées internationales que cette action engendrerait ?
Frédéric Lemaître : Serait-ce la Chine qui interviendrait ? Actuellement, c’est la police de Hongkong qui annonce ne pas exclure le recours à des balles réelles. Par ailleurs, il ne fait aucun doute qu’une intervention directe de la Chine aurait de très lourdes répercussions internationales. A court terme, bien sûr, mais pas seulement. Le régime communiste qui affirme promouvoir « l’harmonie » et la « paix » serait durablement discrédité auprès d’une grande partie de la communauté internationale.

Yann : Y a-t-il des solutions pour rétablir le calme à court terme ? Les élections locales du week-end prochain peuvent-elles infléchir un changement de cap sur le court ou le moyen terme du gouvernement local ? Pourquoi le gouvernement ne fait-il pas plus pour la population plus défavorisée ayant un excédent de taxes positives à disposition ?

Frédéric Lemaître : A part céder sur une ou deux revendications majeures, je ne vois pas comment ramener le calme à court terme. Or c’est de plus en plus exclu. On verra ce qui sort des élections locales. Y aura-t-il un raz de marée en faveur des opposants à Pékin ou vont-elles donner l’occasion à une majorité silencieuse effrayée par les violences commises par les jeunes de s’exprimer ? Mystère. Mais je ne pense pas que le résultat des élections sera décisif. Quant à la lecture sociale de la crise – les jeunes seraient surtout motivés par les difficultés économiques et le prix exorbitant des loyers – c’est celle de Pékin. La crise est aussi sociale, mais ce n’est pas ce qui domine. Les jeunes ont des revendications politiques. Ils veulent davantage de démocratie et non pas moins. Le reste est secondaire.

Jean bonner : La loi sur les extraditions en Chine a été annulée, pourquoi les manifestations continuent-elles ?
Frédéric Lemaître : Justement, parce que la Chine et Carrie Lam sont de piètres stratèges. Si la loi sur les extraditions avait été clairement retirée le 10 ou le 17 juin, c’est-à-dire au lendemain des deux premières manifestations monstres et pacifiques, il est probable que le mouvement se serait essoufflé. Mais soit les dirigeants chinois se sont trompés sur la détermination du mouvement, soit ils n’ont pas voulu perdre la face, mais ils ont laissé la colère monter durant tout l’été. Des concessions qui auraient pu être suffisantes en juin ne l’étaient plus en août, après la première grève générale et encore moins maintenant.

Petite noix : Considérant l’intérêt de la Chine à laisser à Hongkong son statut d’importante place financière internationale, y a-t-il réellement un risque que l’armée chinoise intervienne massivement ?
Frédéric Lemaître : Je peux me tromper mais je pense que, pour Xi Jinping, le politique prime sur l’économie, et donc que le risque ne peut être écarté. Il est clair que les dirigeants chinois n’ont aucune envie d’intervenir militairement mais lisez le fameux livre de Graham Allison : Le Piège de Thucydide, les dirigeants sont parfois amenés à entrer en guerre contre leur volonté. Imaginons que des Hongkongais s’en prennent physiquement à des Chinois, je ne pense pas que Pékin pourrait éviter une intervention.

Et : Certains analystes ont-ils essayé de réfléchir à ce que peut devenir Hongkong ? Je suppose que la société est tellement polarisée qu’il faudra soit « la casser » complètement, soit « l’écouter » sous peine que cela ne recommence encore et encore.
Frédéric Lemaître : Bien sûr, il y a de grands débats sur l’avenir de Hongkong. Mais pour les manifestants, il ne s’agit plus de sauver l’économie de l’île. Leur analyse est que la Chine veut mettre Hongkong au pas au plus tard en 2047, cinquante ans après la rétrocession, et que leur avenir est bouché. L’avenir de Hongkong est de fait entre les mains de Pékin, mais aussi des grandes entreprises occidentales. Vont-elles rester à Hongkong ? Partir à Singapour ou ailleurs ?

Thalie : Comment interprétez-vous les messages de Pékin ?

Frédéric Lemaître : Il est clair que la Chine multiplie les avertissements. Jusqu’à présent, elle a dû penser qu’intervenir directement présentait plus d’inconvénients que d’avantages mais on ne peut exclure que son analyse évolue.

Frédéric Lemaître : Bonne question. Les manifestants, qui restent soutenus par une majorité de la population, veulent davantage de démocratie et une commission d’enquête indépendante sur les violences policières. Ni Pékin ni Carrie Lam, la chef de l’exécutif local, n’entendent céder sur ces deux points. Jusqu’à présent, ils ont misé sur le pourrissement du conflit et sur l’hostilité que les manifestants, de plus en plus violents, allaient générer au sein de la population. Et jusqu’à présent, cette analyse a été totalement démentie par les faits. A moins de penser que depuis le début de la crise Pékin joue la politique du pire, il est même frappant de voir à quel point le gouvernement chinois est incapable de faire face à la situation.


Le Monde / MCP, via mediacongo.net
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