Politique
Quelles que soient les raisons avancées pour les manifestations politiques organisées récemment ou à envisager pour les jours à venir, l’objectif commun pour tous les protagonistes est le 4ème cycle électoral. Celui de 2023.
2023, ce n’est pas dans trois ans. C’est dans deux ans ; l’année électorale étant par essence celle où tout le monde se jette à l’eau.
Contrairement à ce qu’on croit, l’ère d’un maréchal ou d’un Mzee impérial est désormais révolue pour tout Président de la République. Kabila hier, Tshisekedi aujourd’hui, X ou Z demain, tout chef d’Etat a son pouvoir limité.
En effet, bien qu’on ne soit pas en régime parlementaire, la réalité est que le Pouvoir – le vrai – est détenu par le député national, entendez l’Assemblée nationale. Cette institution exerce une autorité pleine et entière sur le Gouvernement dès lors que seul le Gouvernement est en charge de la conduite de la politique de la Nation. Aux termes de l’article 91 de la Constitution, cette institution répond de sa gestion devant la chambre basse.
Même sans être juriste de formation ou constitutionnaliste de profession, on sait, à partir de la lecture simple de cet article, que tout en étant le garant du bon fonctionnement des institutions de la République, le chef de l’Etat n’est pas le Chef du Gouvernement. Il ne conduit pas la politique de la Nation.
D’ailleurs, c’est pour réparer l’injustice consistant à soumettre le candidat Président de la République au suffrage universel et, une fois élu, de le priver de l’obligation de conduire la politique de la Nation que je plaide voici une demi-décennie pour la révision du 91.
Le débat actuel autour du contreseing des ordonnances du 17 juillet 200 est aussi lié à cet article confus en ce que, d’un côté, il consacre la Défense et la Sécurité comme domaines de collaboration entre le Président de la République et le Gouvernement, mais, de l’autre, il dit du Gouvernement qu’il dispose de l’Armée, de la Police et des Renseignements.
Retenons d’emblée que tout en se déclarant régime semi-présidentiel, l’Etat congolais fonctionne en régime parlementaire, même si cela n’apparaît pas dans les textes.
Cela revient à dire que plus un Président de la République a sa propre majorité dans l’Assemblée nationale, plus il est à l’aise dans l’application de sa politique via le Gouvernement sur lequel il exerce son autorité sans nécessairement le rappeler continuellement à l’opinion.
C’est ce qui a caractérisé les deux mandats de Joseph Kabila.
Les candidats à la présidentielle de 2023 sont alors avertis : ils doivent faire le plein d’élus députés pour ne pas tomber dans la coalition ou la cohabitation. Ils le doivent savoir : bien qu’ayant un mandat national, le candidat à la députation nationale a une circonscription électorale qui n’est pas nationale. La sienne est restreinte. Généralement, la sienne s’identifie au territoire d’origine.
Avec la donne ethno-tribale caractérisant particulièrement la députation nationale, tout candidat à cette dernière échéance doit prouver, par des investissements à caractère social ou économique (de préférence les deux), ce qu’il a déjà entrepris dans sa communauté pour s’attirer le soutien de l’électorat. Serait-ce une école ? Un dispensaire ? Une route ? Un marché ? Un champ ou un élevage ? Une fontaine d’eau ? Une centrale électrique ?
Si le discours politique à Kinshasa se construit avec l’agitation entretenue via la dénonciation des détournements des deniers publics, de la corruption, des violations des droits de l’homme etc., à l’Intérieur, il se construit par ce que la communauté voit et vit.
Conséquence : les voix de l’électorat vont facilement au «détourneur», au «corrompu», au «violateur des droits humains» qui, lui au moins, apporte le développement dans sa localité, son groupement, son secteur ou son territoire qu’à celui qui s’annonce avec de nobles intentions.
C’est dur à soutenir et à admettre, mais l’électorat congolais n’a pas tort de voir les choses dans cette optique. Cela fait tout de même 60 ans qu’il se prête à toutes les formes d’élection qu’on lui propose en espérant améliorer son ordinaire : vote à bulletin papier, vote à bulletin électronique (alias machine à voter), vote par acclamation, vote à candidats multiples, vote à candidat unique, vote de la base au sommet mais toujours inversé en s’arrêtant au milieu…Au but du compte, il n’en tire pas grand-chose. Les rares îlots de civilisation qu’on aperçoit dans l’océan de pauvreté sont des localités où les élus restent attachés à leurs terres.
Au Palais du Peuple, les députés qui réussissent à faire renouveler leurs mandats par eux-mêmes ou par leurs proches placés en suppléants sont ceux qui investissent un tant soi peu dans le social et dans l’économie locale, chez eux. Voilà pourquoi ils n’hésitent pas à rentrer dans leurs terroirs pour les vacances parlementaires. Sont gênés pour rentrer à la base, les députés conscients d’être rejetés parce que durant leurs mandats, ils ont choisi de «bouffer seuls», selon une expression kinoise.
Heureusement pour ces derniers (malheureusement pour le jeu démocratique), ces rejetés constituent les polico-médiatiques qui polluent au sens propre du terme l’espace politique et font des réseaux sociaux, pour paraphraser l’autre, leurs Anpe. Ils s’attirent l’attention du Président de la République en développant parfois des thèses allant dans le sens de faire lui le dictateur qu’il refuse pourtant d’être.
En prévision des élections de 2023, ils sont légion, les compatriotes se préparant pour les législatives, de façon à constituer la majorité parlementaire appelée à faciliter sa tâche au Président de la République élu issu de leurs rangs. Les uns sont au Parlement, au Gouvernement, dans les Assemblées provinciales et les Gouvernements provinciaux si pas dans les entreprises et les services publics, les autres dans des cabinets, les autres encore dans des partis.
Tous le savent : l’enjeu représenté par l’alternance politique du 24 janvier 2019 est une épreuve redoutable. Tous les cinq ans, on peut conserver ou perdre le Pouvoir. Une épreuve susceptible de créer des désillusions.
Moralité : c’est maintenant, et non demain, qu’il faut semer dans la députation nationale en visant en priorité les provinces. Car Kinshasa, pour rappel, a juste 55 sièges des 500 constituant l’Assemblée nationale. Ainsi, les 445 visés pour la majorité sont en provinces.
Puisqu’il ne sert à rien de gagner Kinshasa (le monde), s’il faut perdre l’intérieur (son âme), c’est donc, en provinces que se joue la bataille électorale de 2023.
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