Politique
Neuf (9) voisins, tous menaçant la sécurité de la RDC depuis des décennies. Aucun jour ne se passe sans qu’il ne soit fait état de l’incursion supposée ou réelle de tel voisin ou tel autre voisin sur le territoire congolais. Et le récent rapport des experts des Nations-unies signale un séjour touristique des éléments de l’armée rwandaises sur le sol congolais.
C’est à s’interroger sur les canevas sécuritaires de la RDC face et par rapport à ses voisins. Comment la RDC veut et tient à évoluer géopolitiquement et/ou géo stratégiquement dans la région , elle qui hier était cette gâchette à laquelle Frantz Fanon fait allusion pour devenir le ventre mou de la sous-région ?
Dans le concert des nations, chaque pays est censé disposer d’une vision personnelle de sa sécurité. Dans la vision du Rwanda, par exemple, l’économie doit marcher avec la sécurité. Il disponibilise les moyens nécessaires pour donner vie à ce couple. Au Rwanda, on a une usine de transformation de la cassitérite alors que la RDC ne l’envisage même pas.
Les livreurs sont aussi bien dans les rangs de certains officiers que dans celui des milices d’autodéfense. Le bois congolais, certifié en RDC, passe par le Rwanda où il est transformé. A Kampala, l’hôtel Le Bougainvillier a été totalement érigé avec le bois de Beni. Le Burundi de Nkurunziza s’était employé avant tout à la protection de son territoire national avec de maigres moyens par manque d’appui extérieur. Jamais régime n’aura été aussi répugnant contre les regards extérieurs et fier d’être soi-même. Il a protégé ses institutions vis-à-vis des autres. L’Ouganda de Museveni a été construit sur la primauté de la sécurité sur le reste.
La restauration de la sécurité sur la majeure partie de son territoire et la pacification progressive de l’ « Ouganda utile » a fait de ce pays un pôle de stabilité relatif. Manœuvrant sur la sécurité, l’Ouganda de Museveni s’est taillé une vaste zone d’influence économique et politique. De la sorte, la RDC depuis Kisangani jusqu’à Beni en passant par l’Ituri et les Uélé reste le grand marché de ce que l’Ouganda produit.
La vitalité économique de l’Ouganda se constate à toutes les frontières qu’il a avec la RDC. Après avoir donné du courant électrique à Kasindi, le voilà annoncer construire des routes bitumées dans l’est de la RDC (Ishasa-Rutshuru-Goma, Kasindi-Beni-Butembo, Mahagi-Bunia).
La RDC subit la guerre économique là où les autres voisins sécurisent leurs pays et leurs concitoyens à travers l’autosuffisance alimentaire avant d’attaquer la RDC par des groupes armés interposés. Tous ces pays voisins font des incursions (in)justifiées sur le territoire congolais sous le fallacieux prétexte de poursuites des rebelles qui les déstabilisent. La RDC est le seul pays de la région à ne pas vouloir identifier ses priorités par rapport à ses concitoyens et par rapport à ses voisins.
Elle vit d’année en année dans une incapacité congénitale les mêmes problèmes des groupes armés nationaux et étrangers sur son territoire. Démobilisation, réinsertion… on recommence. Pas d’évaluation car chacun y trouve son compte. Joseph Kabila a passé ses 18 années au pouvoir à faire la guerre à l’est sans la gagner.
Avec les mêmes acteurs. Félix-Antoine Tshisekedi entame sa troisième année au pouvoir dans la même lignée que son prédécesseur. Sur les 26 provinces, le président de la république n’a jamais mis ses pieds dans les 2/3. On lui rappelle ses promesses de campagne. On lui exige de venir s’installer à l’est (et d’oublier les autres provinces). Mais il y a pire.
Au-delà de la paranoïa sur le Rwanda, il y a l’Angola et les ex-gendarmes Katangais, réserve naturelle stratégico-militaire que le MPLA protège jalousement. Mzee Laurent Kabila avait puisé dans cette réserve pour s’émanciper de la tutelle rwandaise. Et tout le monde a oublié. Parce que de l’Angola, on ne voit que le pétrole pas les hommes.
Comment se comporter dans un environnement incertain et hostile qui exige d’évaluer sans cesse les réactions des voisins, frères-ennemis ? L’activité géopolitique conjoint un moyen et une fin. Ce qui paralyse la réflexion en RDC, c’est le transfert de responsabilité relevant du complexe de la victimisation. Tous nos malheurs viennent de nos voisins principalement du Rwanda, répète-on à l’envi.
Vrai ou faux, cela soit dit, aucun pays ne peut rester éternellement ennemi de son voisin proche ou lointain surtout que les chefs d’État ne sont pas éternels et que les États n’ont pas d’amis ni de frères sinon que des intérêts. Des exemples nous sont donnés chaque jour : les États-Unis et Cuba, Iran et Irak, l’Arabie saoudite et Qatar et hier plus près de nous les États-Unis, Israël et le Soudan, Israël et le Maroc).
Pour échapper au pire, il nous faut d’abord comprendre ce qui nous arrive et analyser chaque menace virtuelle ou réelle. Du point de vue sécuritaire, il est impensable qu’on n’ait pas construit un seul camp militaire en 25 ans après Mobutu et surtout qu’on n’y pense même pas. Or, des camps militaires près des frontières sont avant tout dissuasifs. Et chaque minute, le Congolais crie à la balkanisation du pays. Que sera la RDC dans 5 ans après Museveni et Kagame ? Personne n’y pense. « Soyez-vous-même le changement que vous voulez voir dans le monde », enseigne Gandhi. Nos universités ont pris en otage la réflexion même quand personne ne réfléchit. Tout le monde veut devenir « professeur ».
Depuis Mobutu (la république des professeurs, se plaignait le général Mahele Donation) Personne ne pense à évaluer l’université. Il nous faut, dans nos laboratoires de recherche et nos bureaux d’études, identifier nos priorités par rapport à nous-mêmes et par rapport à nos voisins. Identifier, oui, mais il faut avant tout nous donner confiance. Car, sur ce domaine, le Congolais ne fait confiance en personne, même pas en lui-même. Enfin, nous devons abandonner cette culture de la rumeur, de diabolisation de l’autre et surtout de l’aliénation mentale.
On ne peut pas apprendre la vérité en écoutant la rumeur. Nul ne doit se rallier, sur l’analyse de ce qui le concerne, sur un point de vue majoritaire, conseille Jacques Attali. Tout aussi, on doit comprendre que parfois son compétiteur, son rival, son ennemi économique, social, politique ou personnel peut aussi avoir ses raisons et peut-être avoir tout simplement raison.
Face aux tentatives de balkanisation de notre pays, nous devons noter et retenir que les premières formes de résilience d’une nation, pour le passé comme pour l’avenir, résident dans sa police et dans son armée, adaptées à toutes les menaces présentes et à venir. Pensons-y.
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