Provinces
A Kinshasa, la femme joue un rôle essentiel dans la survie du ménage. Elle se bat au quotidien pour nourrir son foyer. On la voit soit au petit marché soit sur les trottoirs des quartiers populeux de la capitale et parfois jusque très tard la nuit. Il se fait cependant qu'à cause du couvre-feu instauré depuis décembre dernier, soit plus de deux mois sur toute l'étendue de la RDC, nombre de ces ménagères vivent un véritable calvaire. Rencontre avec quelques-unes de ces femmes.
Reportage.
Au quartier Super de la commune de Lemba, au niveau du rond-point, à quelques mètres de l'arrêt de bus à destination de rond-point Ngaba. Le site grouille. Outre la musique en provenance des terrasses alentours qui vous frappent les oreilles, un concert de klaxon mêlé au son des mégaphones qui diffusent indéfiniment des messages publicitaires. Au milieu de ce vacarme, Jeannette, la trentaine révolue, tient un un étal sur lequel sont exposés de mets préparés. Moulée dans un tablier, elle prépare sa gamme variée de nourriture à partir de 18 h et s'empresse de remplir sur une dizaine de plateaux les différents mets qu'elle venait de préparer. Et cela va des légumes au poisson en passant par le poulet, des brochettes, du riz, des spaghetti et autres bananes plantain grillé…
" Avec l'instauration du couvre-feu, je n'arrive plus à écouler tout ce que je prépare. Bien que j'aie diminué la quantité de marchandise à acheter pour éviter les pertes, ça ne va pas. Mes recettes ont baissé d'au moins 80%. Nous commençons à vendre le soir, à partir de 18h parce que durant la journée ce sont les vendeurs de téléphones cellulaires qui occupent l'espace. Maintenant, nous ne disposons plus que de 2 heures pour étaler nos biens, vendre et refermer nos stands. C'est dire que chaque seconde qui passe compte. Je suis mère de trois enfants et depuis le début du couvre-feu, c'est la galère à la maison avec mon mari. On n'a du mal à s'en sortir avec toutes les charges, loyer, minerval des enfants etc. " a confié Jeannette.
RESISTER
Juste à côté, c'est une autre table. Celle de Mme Mamu et Jacques, son mari. On y trouve du pain, des œufs, de la charcuterie et de l'omelette à la demande des clients. " La décision d'appliquer le couvre-feu à partir de 21 heures est une mauvaise idée à mon avis . Surtout pour nous qui travaillons de nuit. C'est à partir de 20 heures que nous avons de l'affluence devant les tables et on arrête de vendre une heure après. C'est frustrant, on fait beaucoup de pertes ", déplore Mamu.
Avant, poursuit-elle, on pouvait faire des recettes de 100 USD par jour. Maintenant on tourne autour de 20 à 40 USD. Et c'est parce qu'on commence à résister et on continue de vendre jusqu'au-delà de l'heure exigée. Pour comprendre l'ampleur des dégâts que nous cause cette décision, c'est de voir le nombre de vendeur. On n'est plus aussi nombreux qu'avant. Beaucoup ont cessé leurs activités, ils ont fait faillite " a expliqué la vendeuse, le visage renfrogné.
Même son de cloche chez les vendeuses de poisson en papillote, communément appelé " Maboke ". Installée devant l'un des plus célèbres bars de Lemba, Suzanne se dit dépitée par cette mesure. Malgré le son assourdissant que diffusaient les baffles du bar, elle a pu nous donner son point de vue. " Même les week-ends on n'arrive pas à augmenter les recettes. Bien que de fois, il m'arrive d'être plus tôt à sur mon lieu de vente, impossible de vendre comme avant le couvre-feu. Je vous avoue qu'on a des problèmes de loyer maintenant, on est en train de consommer notre garantie. On risque de se retrouver dans la rue avec les enfants si cela continue ".
Pour elle, les autorités devraient revoir l'heure du couvre-feu et la repousser à 23 heures pour les aider à mieux travailler. " Et j'ai entendu dire que ce lundi 8, jour de la célébration de la journée internationale des droits des femmes les autorités vont lever le couvre-feu. Nous attendons cette nouvelle avec impatience " a-t-elle fait savoir.
LEVER LE COUVRE-FEU
Un peu plus loin sur la route qui mène vers l'avenue By-Pass, en face d'UCOLOC, les tables des terrasses sont presque toutes occupées. Mireille, tenancière d'une terrasse, dit être préoccupée par la mesure instaurant le couvre-feu. Et aimerait savoir jusqu'à quand cette situation va continuer? " Les cours ont repris dans les écoles et les universités parce que, selon les dires des autorités, il y a baisse des cas contaminés. Avec ces résultats, on devrait également repousser l'heure du couvre-feu de 00 heure à 4 heures du matin. Et pourquoi pas carrément y mettre fin. Nous avons besoin de travailler pour nourrir nos familles. Et les problèmes d'électricité auxquels nous sommes confrontés ne nous permettent pas de garder les invendus, les aliments pourrissent", a déploré notre interlocutrice.
Pendant qu'on échangeait, une douzaine de jeunes gens viennent s'installer. Il est déjà 20 heures. Voyez par vous-même. "Difficile de renvoyer les clients qui arrivent. On a besoin d'argent ".
Travaillant dans le secteur informel, ces femmes piliers de la majorité des ménages kinois ne parviennent plus à satisfaire les besoins essentiels au quotidien. D'où ce cri d'alarme en direction des autorités afin de recouvrer une vie normale et parvenir ainsi à subvenir aux besoins des familles.
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