Société
Une bassine de déchets en plastique sur la tête, Jeanne Bopena la dépose sur la balance qui indique six kilos. Souriante, elle ressort avec 1.500 francs congolais (0,75 dollar) versés par une société de recyclage de plastique qui veut "assainir" Kinshasa qui croule sous des montagnes d'immondices.
Sous ce grand hangar de la société Clean Plast à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo, une vingtaine d'hommes en T-shirt vert, portant des gants rouges, trient des objets en plastique selon leurs catégories et couleurs.
"Aujourd'hui, je n'ai pas vendu grand-chose, c'est juste pour 1.500 francs congolais. Je suis une habituée d'ici", explique à l'AFP Mme Bopena. "Depuis l'ouverture de cette usine, je viens leur vendre toutes sortes de déchets plastiques, ça m'aide à nourrir ma famille", dit cette femme de 39 ans mère de deux enfants.
Mégapole d'au moins 12 millions d'habitants, Kinshasa est réputée pour ses tas d’immondices et ses rivières couvertes de bouteilles en plastique, qui lui ont valu de passer du surnom de "Kin la belle" à "Kin la poubelle".
"Ici à Clean Plast, on collecte, on traite, on recycle tous les types de déchets plastiques de Kinshasa, avec pour objectif l'assainissement de la ville", résume Alexander Bamanisa, directeur gérant de cette société créée en 2018.
Implantée dans le quartier populaire et déshérité de Kingabwa, Clean Plast emploie une centaine de personnes et son usine de recyclage de plastique ne tourne encore qu'"à 20% de sa capacité", d'après Jagdeep Pandya, son directeur technique.
En partenariat avec la mairie de Kinshasa, la société a installé 15 sites de collecte de déchets plastiques dans la ville où environ 10 tonnes sont collectées quotidiennement. L'objectif est de mettre sur pied au moins deux sites dans chacune des 24 communes de la capitale et récolter 4.000 tonnes de déchets par mois, indique M. Bamanisa.
Comme Mme Bopena, d'autres riverains viennent vendre des déchets plastiques qu'ils transportent dans des sacs ou autres chariots. Un dépotoire de déchets à perte de vue, déversés par des gros véhicules, est installé derrière l'usine. Tout y est: bouteilles, sachets, chaises, tables, bidons, poupées, etc.
Dans l'enceinte, des montagnes de ballots de bouteilles en plastique compactées côtoient d'autres paquets de déchets déjà broyés.
Sur l'aile droite de l'usine, un employé manie une broyeuse, tandis qu'un autre travaille sur un compacteur et y déverse des sacs de bouteilles neuves en plastique.
- "Solution durable" -
"Ce sont des déchets d'usine envoyés par un fabricant de la place. Nous disposons de partenariats avec des grands fabricants de produits en plastique. Ils nous envoient leurs déchets, et nous en fabriquons de la matière régénérée", explique M.Pandya.
"Notre objectif c'est d'avoir une gamme de produits 100% recyclés made in Kinshasa", ajoute Alexander Bamanisa.
Les matières broyées et compactées sont conduites à leur tour sur un tapis métallique roulant jusque dans l'usine de nettoyage. Elles sont ensuite fondues et déversées dans une granuleuse.
Selon les couleurs, les matières ainsi régénérées sous forme de granuleux sont placées dans des sacs blancs et stockées, prêtes à être vendues aux industries de fabrication de plastique.
L'idée à l'origine de la création de Clean Plast est venue de la présence de plus en plus importante de déchets plastiques dans la ville, explique M. Bamanisa. "Il était important pour nous de contribuer à chercher une solution durable à ce problème de gestion des déchets".
A Kinshasa, des initiatives privées sont prises notamment par des organisations de protection de l'environnement sans pour autant venir à bout du phénomène.
En 2008, dans le cadre d'un projet couvrant 9 communes de la capitale et ayant pris fin en août 2015, l'Union européenne avait injecté un million de dollars par mois pour l'évacuation des déchets ménagers.
En octobre 2019, le président Félix Tshisekedi avait lancé "Kin Bopeto" (Kinshasa propre), une opération contre l'insalubrité dans la capitale, pilotée par les autorités urbaines.
Depuis, seules quelques poubelles ont été installées dans certains quartiers de Kinshasa, où la production journalière de déchets est estimée à 9.000 tonnes, selon la marie.
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