En 20 ans, la Monusco n’a pas été à la hauteur de sa mission (Évêque d’Uvira)

Monseigneur Sébastien-Joseph Muyengo se prononce sur la “colère de l’Est” qui cible prioritairement la Monusco.

L’évêque catholique du diocèse d’Uvira sensibilise la jeunesse de son entité ecclésiastique à ne pas tomber dans le piège de la manipulation politicienne, tout en partageant l’évaluation du peuple concernant la Monusco.

Dans son appel à la population de l’espace diocésain d’Uvira au calme et à la prudence, le prélat exprime sa préoccupation pour les morts et les blessés enregistrés dans les deux camps (congolais et expatriés) à la suite des tensions nées dans les villes de Goma, Butembo et Beni en opposition au faible bilan de la mission d’observation de l’organisation des Nations unies en République démocratique du Congo. Tensions vécues à quelques distances de Bunagana, cité congolaise actuellement occupée par des forces terroristes rwando-ougandaises du M23. Pour l’évêque d’Uvira, la Monusco n’est que l’une des causes de l’instabilité complotée par des grandes puissances. “La Monusco n’est qu’un arbre qui cache la forêt de nos problèmes”, affirme-t-il. Le diocèse d’Uvira (Sud-Kivu) a récemment connu des manifestions anti-Monusco d’une extrême violence ayant débouché sur la mort de 4 citoyens congolais, morts par électrocution orchestrée par les tirs d’un soldat onusien sur une ligne de conduite de l’électricité au moment où les manifestants escaladaient un poteau cherchant à pénétrer dans l’enclos de la Mission onusienne, le mercredi 27 juillet 2022.

Une grogne qui interpelle le pasteur catholique sur l’honnêteté de la Mission des Nations unies en RDC. D’où, cette déclaration sous la forme d’un appel à la cessation de la violence de Monseigneur Sébastien-Joseph Muyengo, le jeudi 28 juillet 2022.

La Monusco n’a pas été à la hauteur de sa mission

Attristé d’apprendre que certains civils sont bel et bien tombés sous le coup des soldats de la Monusco, l’évêque d’Uvira n’a ménagé ni le gouvernement congolais, ni la Mission onusienne. “Certes, que plus de 20 ans, elle n’a pas été à la hauteur de sa mission. Mais, nous devons aussi nous interroger sur la responsabilité de nos gouvernants face à la situation de guerre et d’insécurité dans cette partie Est de notre pays”, a-t-il fait observer. Le prélat s’en prend particulièrement aux éléments de la force onusienne qui ont usé de leurs armes létales contre les manifestants congolais civils et non armés. “Un élément de l’armée de la paix censé protéger la population, tirer sur un civil, c’est inacceptable, qu’il l’ait fait par légitime défense ou par préméditation”, réagit Mgr Muyengo Mulombe.

Le chef de l’église catholique d’Uvira estime que cette attitude brutale de la Monusco donne raison à ceux qui réclament la révision de tout le système des Nations unies. Raison en outre pour l’évêque d’Uvira de recommander “au gouvernement de résilier son contrat avec la Monusco, s’il le faut, au lieu de se cacher derrière le peuple”.

L’appel au calme de Mgr Sébastien-Joseph Muyengo Mulombe
Mgr Sébastien-Joseph Muyengo appelle aussi au calme pour ne pas faire le lit de “l’ennemi, dit-il, qui, avec ou sans la Monusco, veut balkaniser la RDC, profitant de l’indolence du gouvernement à protéger la population”. Il est anormal de croire que les éléments étrangers peuvent bien protéger la nation que les originaires, argumente l’évêque qui invite à “réfléchir sur les conséquences du retrait de la Monusco sur les élections prochaines en RDC”.