Société
Les témoignages font frissonner. Larmes aux yeux, les rescapés du carnage de Kishishe ont de la peine à raconter l’horreur vécue ce jour-là. Des images de cette tragédie défilent encore sous leurs yeux. Le souvenir est douloureux.
Du 29 au 30 novembre, le noir a couvert le village de Kishishishe (à plus ou moins 150 km au Nord-Ouest de Goma). 131 personnes ont été sauvagement tuées par les rebelles du M23, selon un rapport préliminaire de l’ONU.
Kinshasa parle de près de 300 civils fauchés et les rebelles évoquent un bilan de 8 personnes tuées par balles perdues. La parole des survivants est rare. Daniel Michombero pour Ouragan.cd est allé à la rencontre de survivants de cet odieux massacre pour recueillir leurs témoignages.
“Les rescapés que j’ai rencontrés, sont des personnes publiques qui ont vu et vécu les massacres de Kishishe, elles ont miraculeusement été sauvées”, explique le journaliste Ouragan.cd, dans son récit avant de préciser qu’il a rencontré d’abord un pasteur responsable d’une Église locale de Kishishe mais aussi un des responsables du village. Pour leur sécurité, leurs noms et leurs photos ne seront pas dévoilés .
Muhemeri (Nom d’emprunt), était encore chez lui mardi 29 novembre à 14 heures locales quand il a reçu le message d’un de ses collègues chef de village. « J’ai reçu un message sur le téléphone depuis Kibirizi pour m’informer que Shakwira, Senzoga, un médecin du centre de Kishishe et le pasteur adventiste viennent d’être tous tués par les rebelles du M23. Ils étaient tous mes amis et il y avait seulement quelques jours, nous nous sommes rencontrés autour d’un verre. J’ai eu peur et c’est ainsi que j’ai décidé de chercher comment quitter mon village », a-t-il expliqué au reporter d’Ouragan.cd.
Miraculeusement sauvé
En route, Muhemeri est malheureusement tombé dans les mains des rebelles qui avaient déjà encerclé le village. Miraculeusement, il s’est tiré de l’enfer. Quatre jours après, il s’est retrouvé plus loin dans le territoire de Nyiragongo au Nord de la ville de Goma.
10 minutes après, je suis tombé dans l’ambuscade tendue par les rebelles du M23. Ils m’ont salué en Kinyarwanda, j’ai répondu. Ils ont dit que je suis FDLR. Ils m’ont tout enlevé, les souliers, les habits, un peu d’argent et mes pièces d’identité.
Ils se sont positionnés pour tirer sur moi. Ils m’ont demandé d’avancer un peu pour leur permettre d’ouvrir le feu. Grâce à Dieu, j’ai décidé de mourir en courant, en attendant ma balle au dos, je suis tombé dans un puits et ils ont peut-être pensé que je suis mort, car pendant que je courais, ils n’arrêtaient pas de tirer, explique avec douleur ce rescapé.
L’ignoble massacre dans l’Église
A côté, il y avait une église, on venait d’y massacrer plusieurs personnes, s’est fendu Muhemeri d’un sourire jaune. C’était une Eglise adventiste et beaucoup de personnes pensaient que comme la majorité de ces rebelles du M23 sont de cette communauté, en trouvant refuge là-bas, ils seront exemptés. Sans pitié, ils ont tous été cruellement tués.
Sans distinction, les rebelles du M23 ont massacré tous les paisibles citoyens. Ils ont tiré sur tout ce qui bouge. Il faut noter qu’il y avait beaucoup d’autres personnes en déplacement qui avaient trouvé refuge à Kishishe mais qui ont été également tués.
Ceux qui étaient dans l’église, ont été découpés à la machette et autres armes blanches. Il y avait des femmes enceintes, des enfants aussi. Ceux qui ont tenté de fuir, ont été fusillés, c’est de cette façon que les civils ont été massacrés à Kishishe , se force-t-il de décrire la macabre scène.
2 jours de calvaire pour atteindre Goma
Alors que la distance entre Kishishe et la base de MONUSCO Rwindi est à plus ou moins 50 km, Muhemeri a fait 2 jours de marche car il n’a pas emprunté la route principale. Sans souliers et presque nu, Muhemeri, visage hagard, a passé deux jours en route sans manger, ni boire pour atteindre la base de la MONUSCO de Rwindi.
Pendant deux jours, sans manger ni boire, j’ai quitté Kishishe passant par la brousse pour atteindre Rwindi où je tentais de demander si la MONUSCO allait me faciliter d’atteindre la ville de Goma. Je n’avais pas des souliers et mes habits étaient déchiquetés. Une femme m’avait donné des souliers mais malheureusement ça me convenait pas. Par la grâce de Dieu, je suis arrivé à Goma avec un camion de la MONUSCO, explique-t-il.
Un pasteur obligé d’enterrer ses chrétiens dans une fosse commune
Un autre rescapé, responsable d’une église chrétienne affirme le couer déchiré, avoir enterré près de 50 personnes. Toutes jetées dans une fosse commune.
« J’ai été forcé de mettre dans une même tombe plus de 50 personnes. Elles étaient des chrétiens de mon Eglise. Les habits que je portais ressemblaient à celui d’un boucher à l’abattoir. Cette image ne m’a jamais quittée », témoigne un pasteur d’une Eglise adventiste de Kishishe.
Malgré que le gouvernement congolais et l’ONU avancent chacun son bilan et quelques témoignages de victimes, les rebelles du M23 rejettent ces chiffres. Selon eux, seules 8 personnes ont perdu la vie. Il s’agit, assure le leadership de la rébellion pro-rwandaise, des victimes collatérales des affrontements entre différentes forces dans la zone.
Kishishe était depuis plusieurs années sous le contrôle des groupes armés en majorité des FDLR. Le mouvement terroriste dénonce des tueries en masse de membres de la communauté tutsi vivant dans différents coins du pays et disent venir les protéger contre la folie meurtrière des miliciens locaux.
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