
Joseph Kabila a signé, mardi 25 août, la loi de répartition des sièges aux municipales et locales. Il a également procédé à la promulgation de la loi portant statut des chefs coutumiers. Ces deux lois témoignent de la volonté du président de la République, a-t-on appris, de coupler les provinciales aux locales. Néanmoins, tous les indicateurs permettent de conclure que le 25 octobre prochain, la Ceni ne sera pas en mesure d’organiser les élections provinciales combinées aux locales.
Un réaménagement du calendrier électoral s’impose. Pendant que s’éloigne la perspective des élections cette année, un nouveau discours voit le jour et tente de prendre corps sur l’éventualité d’une transition résultant du dialogue politique annoncé. C’est le moment que choisit l’Amérique pour dépêcher un légat du nom de Thomas Perriello pour tenir un discours centré sur le transfert pacifique des pouvoirs et la sécurité. Ce mercredi 26 août, dans la soirée, l’émissaire du président américain, Barack Obama, tient une conférence de presse.
Les candidats députés provinciaux, ayant versé la caution de 500 mille francs congolais exigée comme frais de dépôt de candidatures, ont le regard tourné vers la Ceni. Certains ont du mal à cacher leur mécontentement. Ils ont comme l’impression d’avoir été roulés dans la farine. La Ceni n’a plus donné de signaux rassurants. Sauf, bien sûr, un communiqué daté du 25 août 2015 au sujet de l’opération d’accréditation des Observateurs Long Terme. Le report sine die de l’élection des gouverneurs de nouvelles provinces a sérieusement entamé le mental des compétiteurs. En principe, si le calendrier électoral global avait été respecté, le mois de septembre serait consacré aux préparatifs de la campagne électorale.
Le processus, malheureusement, a énormément pris du retard à telle enseigne que l’on se demande si la Ceni ne devait pas s’assumer avec la publication d’un nouveau calendrier électoral. Les acteurs politiques, en effet, ont besoin d’être rassurés. Sur le plan technique, il n’est un secret pour personne que la question de la révision du fichier électoral constitue en soi un blocage. La mission d’audit international du fichier, conduite par l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), a conclu dans son rapport d’étape, il y a deux ou trois semaines, que le fichier de la Ceni était à nettoyer pour le débarrasser des doublons et de tous les électeurs morts. Les opposants au président Joseph Kabila exigent, pour leur part, l’ouverture des opérations d’enrôlement des électeurs dans le but de faire inscrire, en premier lieu, les nouveaux majeurs.
La date du 15 octobre 2015 a même été avancée comme une date critique. Dans le camp du pouvoir, l’enrôlement de nouveaux majeurs fait partie des matières à traiter au dialogue politique. Le Directeur de cabinet du président de la République a, dans une lettre fuitée, parlé également du calendrier électoral. Il reste que le dialogue politique, censé baliser le chemin des élections apaisées, ne fait pas l’unanimité au sein du microcosme socio-politique rd-congolais. Certains politiciens de la Majorité présidentielle lui donnent un caractère fondateur d’une nouvelle République. Cela, alors que, dans les rangs de l’Opposition, deux sons de cloche se font entendre.
D’un côté, les partisans d’un dialogue avec le président dans les limites fixées par la Constitution en vigueur sous une facilitation internationale, de l’autre, le front du refus, hostile à toute idée de glissement des mandats. Tous ne manquent pas d’argument. Chacun y va de ses intérêts. A l’analyse, on peut affirmer que la publication de la loi de répartition des sièges aux municipales et locales met fin au débat sur l’enrôlement de nouveaux majeurs. Car, les sièges sont répartis sur la base du fichier de 2011. On peut ajouter, se fondant sur la récente expérience de la Ceni qui a mis 4 mois à publier les listes de candidats députés provinciaux retenus, que l’appel à candidatures pour les locales encore plus compliquées prendra beaucoup de temps. Que va faire la Ceni ? Concevoir un calendrier qui aille au-delà des limites constitutionnelles ? Peut-être que le dialogue viendrait résoudre ce dilemme.