Politique
"Le président de la République a, dans notre pays, la faiblesse de ses ambitions parce qu'il n'a pas le rôle de gestion au quotidien de l'Etat. Il y a un bicéphalisme institutionnel. Cela fait qu'il est le garant de la nation, mais il ne gère pas le pays. C'est le Premier ministre qui gère, alors qu'il n'a pas le mandat du peuple.
Pendant ce temps, celui qui a été élu ne peut pas gérer. C'est pourquoi, je préconise que le régime passe du semi-parlementaire à un régime strictement parlementaire avec un Chef de l'Etat, après avoir été élu sur une liste avec les autres, est choisi au second degré, par un Parlement qui est majoritairement de son obédience pour qu'il gère la République au quotidien. Et s'il a un Premier ministre, qu'il soit tout simplement un coordonnateur", suggère, en ce qui concerne, les réformes politiques, le candidat président de la République Adolphe Muzito, invité du magazine édition spéciale.
"Il sera élu au suffrage universel par le peuple comme député et c'est lui qui va gérer la République comme président ayant des fonctions exécutives", explique-t-il.
À la sauce Sud-Africaine et Angolaise
"C'est le modèle Sud-Africain et Angolais", pointe-t-il, avant de renchérir : "le président Angolais actuellement est gestionnaire de l'Etat. Il est élu par le peuple, à travers une liste parlementaire dont il est d'ailleurs la tête, il est investi au Parlement grâce à sa majorité parlementaire pour exercer les prérogatives du Chef de l'exécutif national. Il est aussi le chef d'une des institutions", relève-t-il.
"Dans la configuration actuelle, je suis dérangé par le fait qu'il y a 2 têtes pour gérer le pays. Il y a, d’une part, le Chef de l'Etat qui ne gère pas alors qu'il est élu pour rendre compte au peuple, et de l’autre, le Chef du gouvernement et ses ministres qui gèrent alors qu'ils n'ont pas été élus par le peuple. Le Chef de l'Etat, par rapport à sa mission de rendre compte au peuple, est tenté, et il le fait, de prendre les prérogatives du gouvernement en créant un gouvernement parallèle", argue-t-il.
Changement de Constitution
D'ailleurs, le candidat numéro 24 à la présidentielle du 20 décembre veut changer "absolument la constitution pour plusieurs raisons d'ailleurs. Je considère que la constitution actuelle ne vient pas du peuple. C'est le fait de la classe politique. Le peuple, on lui pose la question : êtes-vous pour cette Constitution, oui ou non? Il a certes dit oui, mais on ne l'a pas consulté en amont pour qu'il choisisse le maître d'ouvrage", énonce-t-il.
"Au Congo, on a violé la loi fondamentale qui voulait que le constituant, fait du Parlement ( c'est-à-dire les 2 chambres avec le président de la République) soit celui qui élabore la Constitution à travers une structure technique, que ce soit le élus qui l’adoptent comme constituants et qu'ils le présentent au peuple pour sanction. Cette procédure n'a jamais été respectée au Congo", souligne Adolphe Muzito.
Concrètement, "on ira aux élections constituantes, on aura des élus qui vont proposer au peuple de choisir la forme de l'Etat, le régime politique", lance-t-il.
Pour ce faire, "je donnerai au pays, après mon élection, une année ou 2, avant de retourner aux élections pour élire le constituant. L'objectif est de réhabiliter le souverain primaire, qu'il choisisse celui qui lui propose l'édifice national et qu'il soit aussi celui qui le sanctionne à terme", confie Adolphe Muzito.
"Autre mesure, je demande à l'Etat de financer les partis politiques qui auront atteint un certain seuil dans la configuration de demain, afin qu'ils soient capables de rembourser l'argent emprunté ou dépensé. Ceci permettra aux partis de se ressourcer, financer l'encadrement des populations, la communication et jouer un rôle dirigeant, parce que généralement e pays est dirigé par les partis politiques et non pas par les individus", fait-il remarquer.
300 milliards de budget sur 10 ans
Sur le plan économique, l'ancien Premier ministre table sur un ambitieux budget de 300 milliards de dollars étalé sur une décennie. Pour y arriver, il entrevoit "en toute responsabilité de partir sur les acquis de l’administration Tshisekedi ".
"Nous avons, en moyenne, en ressources propres, 10 milliards de dollars. C'est le niveau des recettes établi pour les 10 prochaines années. Et même s'il y a baisse des cours des matières premières (cobalt, cuivre, etc.)", anticipe-t-il, "il y aura augmentation, plus ou moins, de la production parce qu'on sera à un seuil de rentabilité de plus ou moins 7 ou 8 milliards de dollars, la tonne de cuivre".
"Avec donc ce minimum de 10 milliards de dollars, nous pouvons, si nous prenons une double mesure de, premièrement, réaliser une croissance qui pourrait aller de 8 à 11% et en 2ème lieu d’améliorer la pression fiscale en motivant les fonctionnaires des 3 régies financières pour qu'ils mobilisent un peu plus d'argent. Aujourd'hui, on a une pression fiscale de 15%. Moi je voudrais atteindre 18%. Ça nous permettra d'augmenter non seulement le PIB, mais aussi la pression fiscale pour pouvoir financer les réformes, mais aussi de dégager les 40 milliards de dollars dont nous avons besoin pour financer une partie des infrastructures. À cette quotité, nous ajoutons un emprunt de 60 milliards de dollars : 30 milliards pour le premier quinquennat et 30 autres pour le second. Le pays est en mesure de consommer 60 milliards de dollars, puisqu'il aura, en perspective, un PIB de 200 milliards de dollars", explique l'économiste, candidat president de la République.
Et de poursuivre son argumentaire : "sur ce montant, 60 milliards de dollars ne représentent que 30 % de dette à peu près, alors que tous le pays africains sont autour de 60% de leur PIB comme niveau d'endettement et que l'occident est autour de 200 à 300%. La France, les États-Unis sont des pays qui se sont construits sur l'endettement".
Pour cet emprunt, le président du parti Nouvel élan compte se référer au "marché financier international et aussi sur le marché bilatéral avec des pays amis. Nous pouvons, diplomatiquement, utiliser notre position actuelle de pays pourvoyeur, dans le contexte de mondialisation écologique, en disant que nous avons un potentiel de 11 000 milliards de dollars (ressources à la valeur des Inputs dans les domaines de l'hydrogène vert, fer, cuivre). Aussi, je fixe un fonds souverain de plus ou moins 1000 milliards de dollars sur notre potentiel, aujourd'hui évalué à 11 000 milliards en termes de cuivre, fer et autres, pour mobiliser les 60 milliards de dollars que nous sommes en mesure de mobiliser, parce que ça ne représente que 30% de notre PIB en perspective de 10 prochaines années".
"La question qui reste, c'est celle d'être capable, techniquement, d'utiliser ce produit de la dette", reconnaît Adolphe Muzito. L'ex-Premier ministre sous Joseph Kabila entend "travailler dans le cadre d'un partenariat avec les États bailleurs de fonds qui pourront accompagner la mise en valeur des infrastructures à différents niveaux, c'est-à-dire routes, chemins de fer, électrification et énergie hydroélectrique en construisant les barrages Inga 3 et Inga 4 voire Inga 5".
Travailler avec tout le monde
Au final, en cas d'élection ou pas, Adolphe Muzito qui, en étant le plus pessimiste, se voit engranger "50 à 70 députés" se dit "prêt à composer avec d'autres forces pour avoir une majorité parlementaire".
Il consent, "la méga-plateforme de Félix Tshisekedi, je présume qu'ils n'auront pas 250 députés. Ils seront, dès lors, obligés de s'ouvrir aux autres", note-t-il.
"Cependant, je veux qu'une ouverture éventuelle de leur part soit faite sur fond de vision et de projet", avertit Adolphe Muzito.
Et de marteler : "je tiens beaucoup au projet de société pour entrer dans une coalition. Si je dois, moi-même, constituer cette coalition dans le cadre de mon parti, je tiendrai compte de ce que les autres me présentent comme offre politique. Au besoin, il y aura un débat pour dégager une synthèse de nos visions politiques. L'important, c'est le débat", conclut-il.
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