
Le prix Nobel de la paix a été décerné ce vendredi matin 9 octobre au Quartet parrainant le Dialogue national en Tunisie pour « sa contribution décisive à la construction d'une démocratie pluraliste à la suite de la révolution du Jasmin de 2011 » dans le pays. Le Quartet a été formé en 2013 alors que le processus de démocratisation était en danger dans le pays.
Pour le président tunisien, Béji Caïd Essebsi, ce prix consacre le « chemin consensuel » choisi par son pays pour sa transition politique malgré des divergences politiques, déclare-t-il, dans une vidéo postée sur la page Facebook de la présidence. «
Ce sont tous les printemps arabes qui sont [...] rappelés et celui de Tunisie a été le seul, reconnaissons-le, à avoir eu ce résultat avec des élections incontestables et une démocratie enfin établie », a salué François Hollande.
De fait, le Quartet a lancé « un processus politique alternatif, pacifique, à un moment où le pays était au bord de la guerre civile », a déclaré le comité Nobel lors de l'annonce du prix.
Les organisations qui composent ce Quartet sont l'UGTT, syndicat historique de la Tunisie et fer de lance pour l'indépendance du pays, le patronat, avec l'Union tunisienne de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (Utica), la Ligue tunisienne des droits de l'homme et l'ordre des avocats.
C'est un « long et difficile dialogue national » que ces organisations de la société civile ont mis en place entre les islamistes et leurs opposants, précise le comité norvégien. Ces organisations ont obligé ces deux groupes à s'entendre pour sortir d'une paralysie institutionnelle.
Plongée dans le chaos des printemps arabes, ce Quartet a été crucial dans l'établissement d'un système constitutionnel de gouvernement. Ce dernier a pu garantir « les droits fondamentaux pour l'ensemble de la population, sans condition de sexe, de convictions politique et de croyances religieuses », a aussi expliqué le Comité Nobel.
La Tunisie entre joie et surprise
Après cette annonce venue d’Oslo, il y a eu des réactions de joie en Tunisie, même si cette récompense est avant tout une grande surprise. Personne n’imaginait que le Quartet pouvait recevoir ce Nobel de la paix et c’est surtout une grande fierté.
L’UGTP, la puissante centrale syndicale du pays, l’un des membres du Quartet a immédiatement réagi : «
Ce prix c’est un hommage pour les martyrs de la Tunisie démocratique. Cet effort fourni par notre jeunesse a permis au pays de tourner la page de la dictature », précise le secrétaire général du syndicat.
Dans la rue, c’est la même joie, la même fierté. Les Tunisiens sont souriants. Beaucoup expliquent que c’est mérité, après cette année 2015 tragique marquée par les attentats du Bardo et de Sousse à trois mois d’intervalle. Un homme confiait tout à l’heure que ce Nobel c’est la récompense de tout le peuple tunisien qui reste debout, malgré la menace terroriste.
Derrière, il y a des milliers d’associations qui ont défendu une société démocratique.