Style et Beauté
On le croyait ringard, il est redevenu un objet du désir : le costume revient en force. Cinq nouveaux commandements pour le porter cet hiver.
Avec des rayures banquier ou en cuir verni chez Ami, reprenant une œuvre graphique chez Balmain, classique mais affûté chez Berluti, surdimensionné et porté avec un bonnet de bain chez Prada, en version smoking chez Dolce & Gabbana, entièrement siglé avec sac et gants assortis chez Gucci, en mode texan chez Louis Vuitton par Pharrell Williams… Le costume s’est vu décliner à toutes les sauces sur les podiums de l’automne-hiver 2024.
Longtemps boudé au profit de l'ultraconfortable streetwear, il revient en force, porté par une appétence croissante des hommes pour la mode et marqué par le retour d'un certain formalisme. « Constatée après le Covid, la présence du tailoring sur les défilés incarne un retour au classique, à une nouvelle sophistication qui allie la fonctionnalité à l'élégance. Cela explique la présence du costume sur tous les marchés, de Dior à Sandro en passant par Ralph Lauren et Ami », relève Alice Feillard, directrice des achats homme aux Galeries Lafayette.
Autrefois signe de formalisme, cet archétype du vestiaire masculin est désormais choisi et non subi. « Il n'est quasiment plus requis nulle part. Même dans le milieu de la finance, on va au bureau vêtu d'un chino et d'un blazer. Après avoir été porté par obligation dans le cadre professionnel ou par plaisir par les dandys, le costume est aujourd'hui choisi par une autre clientèle qui nourrit un propos stylistique et une réflexion derrière son vestiaire », note Gauthier Borsarello, directeur artistique de Fursac. Sans compter le rajeunissement de la cible, qui boudait le complet veste-pantalon pour ne pas ressembler à papa… et qui y revient précisément pour se différencier ! Cinq nouveaux commandements pour (re)porter le costume cet hiver.
Faire un choix, un vrai
« Le costume a longtemps été très codifié par des règles héritées de l'aristocratie anglaise et française. Du bleu et du gris pour la journée, du noir pour le soir, pas de marron en ville, pas de pochette avant 18 heures… Aujourd'hui, la gent masculine s'intéresse à ces codes et, dans un second temps, les déconstruit pour les adapter à son environnement », observe Gauthier Borsarello.
Si la garde-robe masculine a souvent manqué de possibilités créatives, le costume, lui, souffrait encore moins la fantaisie. « Aujourd'hui, on peut apporter de l'individualité dans la façon de le porter, et il existe des options plus adaptées à la vie moderne. Sa structure est devenue plus confortable, la construction des épaules plus légère, les tissus plus doux, les choix plus variés… Il ressemble de moins en moins à un uniforme », constate Norbert Stumpfl, le directeur artistique de la maison romaine Brioni, qui a fait du costume sa signature avec un savoir-faire unique : 220 étapes, 700 points de couture à la main et vingt heures de travail pour un deux-pièces.
Alors, forcément, son achat n'est plus synonyme de corvée : il s'accompagne désormais d'une notion de plaisir. « Avant, certains clients passaient à la boutique prendre trois costumes bleus identiques pour aller travailler. C'est beaucoup moins le cas, constate Gauthier Borsarello. Quand les hommes se mettent à s'intéresser au vestiaire, ils recherchent d'abord les codes très référencés par des figures comme Robert Redford et Steve McQueen : la chemise parfaite, la veste parfaite, le costume parfait… puis ils s'autorisent de la fantaisie. »
Caroline Stevenson, directrice du programme des études culturelles et historiques du London College of Fashion, relativise tout de même les possibilités admises par la société. « Le costume masculin est remarquable par sa capacité à résister à l'évolution des tendances et des idées sur la masculinité. Même si de nouvelles façons de le porter ont émergé au cours des XXe et XXIe siècles, le trois-pièces classique reste une partie intégrante de la garde-robe masculine, toujours lié aux notions de richesse, de travail et d'une masculinité idéalisée. »
Oser le croisé
Naguère plébiscité – de la série Deux Flics à Miami au film American Gigolo (où les costumes de Richard Gere étaient signés Giorgio Armani) –, ce modèle a ensuite été laissé aux oubliettes, rayon années 1980. Mais, comme la mode n'aime rien tant que recycler les tendances du passé, revoici donc la veste croisée, une forme très prisée sur le défilé Saint Laurent mais également la préférée de Norbert Stumpfl chez Brioni.
« C'est un modèle très versatile. Elle est parfaite boutonnée ou déboutonnée et peut aussi bien se porter avec un pantalon décontracté qu'avec un modèle à double pli », affirme le styliste autrichien. L'archétype plus structuré, avec du caractère, évoque des icônes du style comme Cary Grant et plus récemment Brad Pitt, qui a fait sensation en Louis Vuitton sur le tapis rouge de la Mostra de Venise.
Gauthier Borsarello, de Fursac, met tout de même en garde : « La veste croisée n'est pas évidente à porter si on a un peu de ventre ou que l'on n'est pas très grand, mais elle raconte une certaine forme de radicalité et cette envie de tailoring qui va de pair avec les tailles hautes, les pattes de serrage à la place de la ceinture, les pantalons à pince… »
Jouer des codes
« Un peu de chahut, un rien d'irrévérence, un zeste de versatilité », résumait Véronique Nichanian pour Le Point à la fin de son défilé automne-hiver 2024. Un cocktail qui résume parfaitement le nouveau champ des possibles du vestiaire masculin, et tout particulièrement du costume.
Jusque-là, l'usage autorisait un pantalon, une veste, voire un gilet, ainsi qu'une cravate coordonnée dans des tonalités foncées, associés à une chemise blanche et à des chaussures en cuir foncé. Bonne nouvelle : on peut s'autoriser (un peu) plus de flexibilité. « On remarque plus de choix dans les matières avec de la flanelle, du tweed, des lainages texturés, mais également dans les couleurs avec du chocolat marron glacé, des pastels… note Alice Feillard, des Galeries Lafayette. Dans la veine du retour du casual chic preppy, la veste peut se porter avec un jean ou un pantalon velours. »
La preuve de ce phénomène : chez Fursac, mais dans d'autres marques aussi, on peut désormais acheter la veste d'un costume avec le pantalon d'un autre, voire ne s'offrir que l'un ou l'autre. « Avec un pantalon gris, on peut à peu près tout mettre en haut. La chemise en denim fonctionne si le costume n'est pas trop fin, en tweed ou en flanelle, par exemple, conseille Gauthier Borsarello. Si le bleu marine reste notre best-seller, on propose également du vert sauge, pastel, bouteille, du sable beige comme des imprimés fleuris. »
Le directeur artistique suggère de chausser des tennis de toile blanche ou des mocassins noirs. Et, à toutes fins utiles, l'uniforme des vendeurs Fursac se compose d'un pantalon gris, d'une chemise blanche, d'une cravate noire, d'un blazer bleu marine et de chaussures noires.
Le retenter au bureau
Selon Tagwalk, un moteur de recherche spécialisé dans la mode, les silhouettes « affaires » auraient augmenté de 231 % entre les collections masculines automne-hiver 2023 et celles de l'automne-hiver 2024. C'est dire le nombre de propositions qui évoquent les grandes heures du vestiaire de bureau, que l'on pensait enterré pour cause de télétravail. Il n'est plus obligatoire ? Tant mieux, le costume revient par choix !
« Jusqu'en 1789, le roi codifiait les mœurs vestimentaires, que la cour adoptait ensuite, puis, dans un second temps, le peuple. Avec la Révolution française naissent la société civile et le code vestimentaire fonctionnant par métiers : les militaires, les prêtres, les bouchers… à chacun son vestiaire », rappelle Gauthier Borsarello. Et Caroline Stevenson de préciser : « À l'époque de la révolution industrielle, le costume se montre synonyme de croissance économique et de patriotisme. Il a longtemps été le symbole de la domination masculine dans un cadre professionnel, ainsi qu'un marqueur de la classe sociale. »
Berluti, qui a placé l'art du tailleur au cœur de son savoir-faire, en livre d'impeccables versions à porter avec les souliers de la maison. Une preuve du retour de ce costume classique de bureau : le boom de la cravate, dont la présence sur les podiums a bondi de 285 % en un an, toujours selon Tagwalk.
Aller jusqu'au soir
C'est un phénomène récurrent dans la mode : une tendance émerge chez la femme et se retrouve quelques saisons plus tard chez l'homme. C'est le cas du retour d'un vestiaire habillé et festif. Le meilleur exemple en est le smoking, le costume version Grand Soir que l'on a revu sur les podiums comme dans les boutiques.
Ainsi chez Dolce & Gabbana, qui a imaginé une collection automnale très chic, « une élégance viscontienne, façon Helmut Berger » résumaient ainsi Domenico Dolce et Stefano Gabbana. Avec notamment des vestes ceinturées par un lien en satin, ils ont livré un manifeste autour du smoking, à qui ils redonnaient ses lettres de noblesse tout en le rafraîchissant pour séduire leur cible de prédilection, la génération Z.
Fursac continue d'étoffer sa proposition avec du noir, évidemment, mais également du motif moiré, du velours rouge, vert et même rose et bleu glacier. « Les nœuds papillon continuent d'être prisés pour les mariages, même ceux qui sont un peu créatifs », note Gauthier Borsarello avant de conclure : « On peut tout se permettre tant qu'on est à l'aise. »
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