Rareté des produits brassicoles congolais à Goma : consommateurs et vendeurs en difficulté

Depuis plusieurs semaines, les rayons des bars, débits, boutiques et dépôts de boissons à Goma affichent un constat alarmant : les produits brassicoles, notamment les bières les plus consommées telles que Primus, Castel, Mützig, Class, Amstel ou Turbo King, se font de plus en plus rares.

Cette pénurie suscite une vive inquiétude chez les consommateurs, tandis que les prix flambent sur le marché, selon des sources locales. Ces dernières attribuent cette situation à plusieurs facteurs : le pillage des stocks de la société Bralima à Bukavu, lors de l’occupation de la ville par les rebelles du M23 en février dernier, ainsi que les difficultés d’accès à la partie nord de la province en raison de l’insécurité persistante.

Face à cette rareté, ce sont désormais les bières importées des pays voisins, notamment du Rwanda, qui inondent les marchés locaux de cette ville montagneuse. Des témoins à Goma confirment que les rares bouteilles de produits Bralima disponibles proviennent d’anciens stocks. Cette pénurie provoque une envolée des prix : une bouteille de Primus de 65 Cl, qui coûtait auparavant 4000 francs congolais (FC), atteint désormais entre 7 000 et 8 000 FC (2,76 USD) dans certains quartiers.

La bière Tembo de 65 Cl, vendue à 5 000 FC, se négocie aujourd’hui à 10 000 FC (3,4USD), tandis que la petite Castel est passée de 2 500 FC à 4 500 FC en quelques semaines.

Un tenancier de bar souligne que la faible quantité de produits de la société brassicole « Bralima » en provenance de Beni est insuffisante pour approvisionner toute la ville.

Spéculation sur le marché

Dans ce contexte, certains commerçants profitent de la situation pour pratiquer la spéculation, au grand dam des consommateurs. Un client régulier d’un bar du quartier Himbi témoigne qu’il doit faire le tour de la ville pour trouver une bière, souvent à un prix excessif.

Du côté des tenanciers et vendeurs, la situation se traduit par une perte de revenus. Maman Kulutu, gérante d’un débit de boissons, explique recevoir moins de clients faute de leurs boissons préférées : « Certains viennent, voient qu’il n’y a pas leur boisson habituelle et repartent », déplore-t-elle, précisant que ses recettes sont bien inférieures à la normale.

Face à cette crise, les bières rwandaises gagnent du terrain sur les marchés locaux. Certains détenteurs de bistrots reconnaissent que ces produits sont plus abordables, mais restent difficiles à se procurer. Seul un opérateur économique détenant le monopole d’importation et disposant de dépôts à Goma peut accéder à ces bières, dont l’achat s’effectue exclusivement en dollars américains.

Les associations de consommateurs appellent les responsables des brasseries à redoubler d’efforts pour rétablir la chaîne d’approvisionnement et répondre à la demande locale.