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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Course de drones : la passion de geeks qui veut devenir un sport

2016-04-13
13.04.2016
2016-04-13
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La course de drones a ses adeptes dans le monde entier. Ces avant-gardistes veulent maintenant en faire un sport grand public. Mais sans public sur place et avec tous les risques que cela comporte.

Le compte à rebours commence à trois. Les chiffres clignotent au-dessus des sièges du Sun Life Stadium, l’antre des Miami Dolphins. De la musique house résonne dans le stade et quatre drones quadcopter décollent de leurs starting-blocks. L’air paraît s’épaissir au son de ce qui semble être un groupe de mixers de taille industrielle.

Après un virage serré et la traversée d’une porte carrée éclairée de néons colorés, c’est le drone de Zooma et ses lumières violettes qui est en tête. Il est suivi de près par ceux de Rekrek, en bleu, de Flyingbear, en orange, et de M0ke, en rouge.

Les drones, pas plus gros que des boîtes à chaussures, se talonnent à plus de 130km/h. Dans le «  cockpit  », où les quatre pilotes sont assis, des gouttes de sueurs perlent sur les avant-bras de Zooma et les pouces de FlyingBear commencent à trembler.

«  Il vole encore »

À peine passé la première porte, le drone de Rekrek dévie de sa trajectoire, se cogne contre le mur et chute en piqué vers les sièges du stade. Il est hors course.

C’est ensuite au tour de FlyingBear, qui en préparant son approche de la troisième porte, prend un tournant trop large et heurte le côté droit du carré, éclatant les éclairages et détruisant les hélices de son drone.

Ils ne sont plus que deux, et alors que Zoomas – le favori de la course – dévale un tunnel plein de fumée dans les entrailles du stade, il écrase son drone contre un chariot de restauration.

«  Woah-ha-ho  !  » fait la voix d’un des commentateurs. «  On ne l’a jamais vu se crasher comme ça  !  »

«  Il vole encore », dit l’autre commentateur.

«  Tu plaisantes  ! ?  »

«  Il vole  !  »

Le drone de Zooma n’est pas endommagé et reprend la tête de la course. Le premier commentateur carillonne à nouveau  : «  On peut dire que la chance sourit à Zoomas  !  »

Alors que Zoomas vole tranquillement vers la ligne d’arrivée, des feux d’artifices explosent et un filet attrape son drone victorieux. Le drone de M0ke arrive quelques secondes après. C’est là que Nick Horbaczewski appuie sur la barre espace.

Une ligue de courses de drones

Horbaczewski est le savant fou qui se cache derrière la vidéo YouTube bien ficelée qui vient de prendre fin sur l’ordinateur portable. Lui et moi nous trouvons au33e étage d’un immeuble du bas de Manhattan qui surplombe l’Hudson et l’East River, au siège de la Drone Racing League (ligue de courses de drones).

La ligue est exactement ce qu’elle semble être  : les meilleurs pilotes du monde s’affrontent avec des drones-copters à quatre hélices lors de courses organisées pour tenter de devenir le premier champion du plus nouveau des sports du XXIe siècle.

En temps que fondateur et président, Horbaczewski s’est fixé comme objectif de faire de la course de drone le prochain sport à la mode. Ces deux dernières années, ce qui avait commencé par des vidéos de courses ludiques et improvisées postées par des amateurs sur YouTube, est devenu quelque chose ressemblant de plus en plus à un véritable sport, avec des noms d’équipes et des prix conséquents pour les meilleurs pilotes.

Mais l’activité est populaire et donne lieu à une compétition annuelle et à des courses ponctuelles organisées spontanément ici et là. Horbaczewski veut organiser ce chaos en mettant en place des compétitions se déroulant tout au long de l’année et un modèle d’entreprise autosuffisant.

Retransmission et sponsors

La saison s’est ouverte à Miami juste avant Noël, et en mars une course a eu lieu à Los Angeles. La finale, la sixième course de l’année, est programmée pour se dérouler en novembre et couronner le premier champion de la ligue.

«  Ma vision à long terme est la suivante  : une ligue qui ressemble en tous points aux autres ligues de course professionnelle,  » dit Horbaczewski, âgé de 35 ans.

«  Nous aurons des droits de retransmission, des sponsors, des marques qui voudront labéliser nos produits et les vendre, et mille autres moyens de gagner de l’argent. Nous construisons une ligue sportive.  »

De nombreux articles de presse préliminaires ont proposé différentes dénominations pour la vision d’Horbaczewski  : la Drone Racing League (DRL) est la Formule 1 de la course de drones, le NASCAR de la course de drones, l’héritière naturelle d’eSports, et devrait cette année générer 175 millions de dollars de revenus rien qu’aux Etats-Unis.

Si on s’appuie sur les vidéos YouTube de la DRL, avec leurs lumières clignotantes, leurs basses lancinantes et leurs voix de présentateur sur-caféinés, il paraît clair que l’équipe vise un succès grand public. La DRL doit maintenant faire face aux questions suivantes  : comment être prêt à être diffusé en primetime, et qui va vouloir regarder  ?

« Vous oubliez que vous êtes à terre »

Quand Horbaczewski a commencé à pratiquer la course de drones, ça ne ressemblait en rien à la vidéo qu’il vient de mettre sur pause.

Fin 2014, il est tombé sur une vidéo de Motherboard qui montrait un type en train de faire voler son drone, un jour de neige, dans le Bronx. L’homme s’appelait Ryan Gury. C’est un accro à l’adrénaline qui après s’être marié il y a quelques années, a troqué sa Ducati contre un drone.

«  Quand vous avez la vingtaine et une moto noire en ville, vous ne la conduisez pas prudemment,  » disait Gury.

«  Mais sur Internet j’ai vu quelqu’un conduire un drone avec un casque sur les yeux et décrire le sentiment de vitesse.  »

Il n’arrivait pas à se sortir la vidéo de la tête, alors il s’est acheté un drone et le casque qui va avec.

«  Dès que vous mettez les lunettes et que vous le faites voler, vous oubliez que vous êtes à terre. C’est une vraie immersion. C’est génial.  »

Les drones sont devenus son obsession. À mesure qu’il en apprenait à leur sujet, il a réalisé que les pilotes qui volaient le plus vite y parvenaient tous en modifiant leurs quadcopters.

Alors, en 2013, Gury, qui travaillait dans le marketing et la gestion d’équipe de software, a fondé sa propre société, DroneKraft, pour développer ce qu’il appelle des drones conçus «  pour la performance  » – des drones qui atteignent des vitesses à couper le souffle tout juste sortis de leur emballage, sans avoir besoin d’être hackés.

Un vrai sport de compétition

Horbaczewski, pendant ce temps, était directeur du Tough Mudder, la course d’obstacles pour les gens qui aiment la boue. Sous sa direction, Tough Mudder a pris une ampleur considérable, avec plus de 60 événements à travers le monde et un bénéfice de 100 millions de dollars – pas mal pour un projet qui, à la base, avait pour but de faire vendre 500 tickets de participation. (Pour information, ce sont 4 500 tickets qui ont finalement été vendus pour la première édition de la course d’obstacles Tough Mudder.)

Après être tombé sur la vidéo de Gury, Horbaczewski l’a contacté et lui a demandé s’ils pouvaient se rencontrer. En buvant des bières, Gury lui a décrit sa vision de l’avenir possible des courses de drones  : un vrai sport de compétition, avec une ligue et des règles standards sous-tendant le tout.

« Le truc le plus cool »

Ils ont conduit jusqu’à Long Island, où Horbaczewski a regardé Gury enfiler une paire de lunettes de vol en immersion ou FPV (first-person-view), lui donnant la sensation de voler grâce à la caméra fixée à l’avant de son quadcopter.

Gury a poussé l’accélération au maximum au dessus d’un champ désert. Le son du drone le faisait ressembler à une mouche géante – clairement cool, mais pas encore légendaire.

Horbaczewski a ensuite essayé. En manœuvrant lui-même le drone, le chef de Tough Mudder a immédiatement perçu le potentiel de la course de drones – le sentiment effrayant mais exaltant de vitesse époustouflante expérimenté à des dizaines de mètres dans le ciel, même si ses pieds étaient solidement ancrés au sol.

Ça a été une révélation pour Horbaczewski, un peu comme dans « Star Wars  : Le Réveil de la Force », lorsque Rey découvre comment utiliser la Force sans toutefois bien comprendre comment la manier. «  J’ai pensé que c’était le truc le plus cool que j’avais jamais vu », confie Horbaczewski.

«  J’avais des flashs de grandeur. Je savais que la technologie ne fonctionnait pas parfaitement, je ne voyais pas vraiment le drone. C’était genre  : le concept est phénoménal. Il va nous falloir beaucoup travailler pour en faire quelque chose qui peut combler les attentes du public pour un sport comme celui ci. Et c’est ce qu’on a décidé de faire.  »

120 caméras GoPro

Les bureaux de la DRL sont équipés de tous les attributs d’une start-up de drones  : des murs blancs ornés des structures des premières versions de drones customisés de la ligue, des papiers et des circuits imprimés éparpillés, et une bouteille de Aultmore Scotch qui ajoute une touche de charme à un bureau où les chefs font aussi les basses besognes.

Quand je rencontre Horbaczewski là-bas, début mars, il est en train de s’acquitter des tâches qui restent à faire pour la prochaine course de drones à L.A. : s’assurer que les équipes de tournage et le personnel de l’événement disposent de toutes les informations, revérifier le parcours de la course, être certain que les douze pilotes qui vont concourir ont leur itinéraire.

Gury, pendant ce temps, colle des logos et emballe 120 caméras GoPro – une pour chacun des drones qu’ils vont emporter à L.A. – qui vont filmer des images haute-définition de la course du point de vue des drones.

« Un sport de niche original »

Horbaczewski porte un tee-shirt CrossFit Games. (Il aime le CrossFit.) Son déjeuner rapide consiste en une salade et un Perrier. À la façon qu’il a de manipuler son téléphone, il est clair que l’homme gère beaucoup de choses en même temps.

Pourtant il s’adresse à moi avec beaucoup de politesse. Rien ne semble artificiel, mais quand même  : on se dit que c’est un homme qui vendrait des couteaux à steaks à un végétarien.

Il me dit qu’il voit dans la course de drones la suite logique de son triomphe avec Tough Mudder.

«  Je voulais trouver un autre sport de niche original et voir si on pouvait en faire une grosse marque.  »

Avec Gury, il a eu sa réponse.

A chaque drone sa couleur

Horbaczewski a quitté Tough Mudder en janvier 2015 et a commencé à concevoir la ligue à partir de rien. Sa première action a été de fondre la société de Gury, DroneKraft, dans la DRL. Ça a réglé un problème  : s’assurer du fait que tous les pilotes conduisent le même engin.

Capture d'écran d'une vidéo de la Drone Racing League, publiée sur YouTube le 28 janvier 2016
Capture d’écran d’une vidéo de la Drone Racing League, publiée sur YouTube le 28 janvier 2016 - Drone Racing League

Il ne restait que quelques dizaines de problèmes à régler. D’abord  : comment faire de la course de drone un sport pour spectateurs. Les quadcopters fonçant à 130km/h, il peut être difficile de les voir, et encore plus de les distinguer les uns des autres.

La solution de Gury a été d’intégrer 100 LED dans la structure de chaque drone, leur permettant de briller chacun d’une couleur différente, comme s’ils portaient des casaques.

Une troisième génération de drones

S’assurer du fait que les pilotes puissent voler sans problème dans l’enceinte d’un stade de foot était plus compliqué. Les drones contrôlés par ondes radio, comme ceux utilisés par la DRL, fonctionnent sur une fréquence radio standard de 2.4 gigahertz. Dans un champ, sans obstacle, ça fonctionne. Mais avec des tunnels et du ciment, le signal peut être coupé.

La DRL a donc décidé d’installer dorénavant son propre réseau sur chaque lieu de course, et les drones sont équipés de radios performantes. À Miami, par exemple, ils ont calculé combien de drones pouvaient voler en même temps sans interférences émanant du stade ou des autres pilotes  : quatre. Cette découverte a aussi permis de déterminer l’ampleur de chaque épreuve. Horbaczewski :

« Nous avons conçu et construit ces drones de A à Z. Du circuit imprimé à la fibre carbone, tout est conçu, adapté et assemblé à la main dans nos locaux.  »

Ils les perfectionnent constamment et construisent actuellement leur troisième génération de drones.

120 engins sacrifiés pour un événement

Pendant les courses, les pilotes peuvent utiliser les drones gratuitement. Ils coûtent chacun entre 500 et 1 000 dollars à fabriquer – la ligue ne veut pas donner le prix exact – et en un seul événement, Horbaczewski dit qu’ils en sacrifient 120.

Des problèmes techniques le jour de la course peuvent vouloir dire que les drones ne répondent pas correctement à leur télécommande. Et si les pilotes s’écrasent lors d’une épreuve, les drones supplémentaires leurs permettent de participer à la suivante.

Pour le moment, c’est la DRL qui paie tous les frais grâce aux 8 millions de dollars donnés l’année dernière par des investisseurs, qui comptent entre autres Matt Bellamy, le chanteur du groupe Muse – dont le dernier album s’appelle Drones – et Stephen Ross, le propriétaire des Miami Dolphins.

La ligue couvre aussi les dépenses des pilotes venus participer à la course en leur payant des chambres d’hôtel. Ces athlètes-du-drone professionnels – en général recrutés par la DRL à partir de vidéos YouTube – sont payés pour participer, bien qu’Horbaczewski refuse de dire combien.

(Il pense que ça n’est pas pertinent. «  La bonne question est, pourquoi les pilotes volent-ils  ?  » me dit-il. «  Parce qu’ils veulent être le champion. Parce que nous organisons les courses les plus élaborées au monde et que c’est pour eux l’opportunité de faire voler quelque chose qu’ils n’ont jamais vu de leur vie. »)

Le recrutement des pilotes

Quand la DRL a contacté Chris Haskins dans l’Idaho, il était déjà un pilote de drone expérimenté, vainqueur d’une course organisée à Salt Lake City en octobre dernier.

Horbaczewski et son équipe avaient vu des vidéos de ses courses contre Conrad Miller, un autre pilote de drone qui s’est aussi rendu à Miami pour participer à la couse de la ligue. Haskins, qui est récemment devenu ingénieur en recherche et développement à plein temps dans une société de drones basée à Boise et nommée Thrust-UAV, raconte :

«  Ils m’ont appelé, et dès qu’ils m’ont parlé du lieu, du niveau d’intensité épique que ça allait atteindre, j’ai dit bon dieu oui  ! J’essaye de participer à toutes les courses que je peux. »

C’est aussi comme cela que Steele Davis, un pilote de drone originaire de la région d’Atlanta, a découvert la DRL. Davis a participé à l’événement de lancement de la saison en juillet dernier à New-York.

Mais depuis, son opinion sur la ligue a changé, et s’il figure toujours sur la liste des pilotes sur le site web de la DRL, il ne semble pas intéressé par le fait de participer à une autre de leurs courses.

« Je pense que l’idée qu’ils essaient de concrétiser est très cool, et que ça apporterait beaucoup à ce loisir, mais je ne suis pas forcément d’accord avec leur façon de faire. Aucun de ceux qui travaillent avec la DRL n’est un vrai pilote, et ils n’ont personne qui vient vraiment de notre communauté. »

Récupération mercantile ?

Du point de vue de Davis, une ligue aurait le devoir de soutenir la communauté des pilotes de drones, pas juste de piocher dedans pour servir ses propres intérêts.

Cela ressemble un peu à une inquiétude concernant l’authenticité. C’est un terrain accidenté que toute activité underground doit traverser quand elle devient populaire et grand public. «  Je n’ai rien contre eux », continue-t-il. «  mais j’ai quelque chose contre ce qu’ils font.  »

Quand je demande à Horbaczewski, lors de ma visite des bureaux de la DRL, si la ligue a eu des retours des adeptes de base – des pilotes comme Davis, qui était déjà connu grâce à de grosses courses comme le Championnat américain de course de drone de l’année dernière, avant qu’aucune structure officielle ne soit formée – il lâche un soupir, suivi d’une longue pause.

«  On a évidement certains membres de la communauté qui nous contactent et disent “Maintenant des millions de gens connaissent et s’intéressent à la course de drone. C’était mon truc à moi.” Et c’est dur.

On parle beaucoup de nous dans la presse et certaines personnes se disent “On fait ça depuis des années. Pourquoi personne ne parle de nous ?” »

Du hobby au sport

C’est un casse-tête chinois  : les gens qui ont investi dans les courses de drones en tant que hobby sont ceux qui ont les premiers rendu envisageable l’idée d’une ligue. Pourtant, ils peuvent souffrir de l’attention médiatique dont fait l’objet la société et du sentiment que ça leur vole quelque chose.

En même temps, une ligue efficace est la seule chose qui pourrait faire de ces pilotes de drones, dont beaucoup font voler leurs engins uniquement le week-end, de véritables professionnels qui pourraient un jour abandonner leur emploi quotidien. Et pour parvenir à ça, la DRL a besoin de donner à ce sport naissant un public de millions de fans.

Chris Thomas, le fondateur de MultiGP, une ligue de course de drones qui aide des sections locales de la ligue américaine à organiser des courses régionales, explique :

«  Il faut qu’il y ait suffisamment de gens qui la pratique pour que la course de drone devienne un sport, sinon ça restera un obscure et étrange hobby. En ce qui concerne la DRL, elle permet à beaucoup de gens qui n’en avait jamais entendu parler de s’intéresser à ce sport.  »

Public virtuel

Mais pour faire de l’argent – pour devenir un vrai NASCAR pour drones – Horbaczewski doit parvenir à gagner un public. Un public de milliers de fans loyaux et jusqu’au-boutistes, qui achètera la marchandise et sera à l’affut de toute nouvelle vidéo de course qui sera mise en ligne sur YouTube.

Étant donné l’importance d’avoir un public, la chose la plus surprenante dans le processus de mainmise de la DRL sur les courses de drones réside dans le fait que personne n’assiste aux évènements. C’est prévu comme ça.

Il n’y avait aucun spectateur à Miami, et la course de L.A. – qui se tient dans un centre commercial abandonné – est si secrète qu’Horbaczewski a même demandé aux journalistes de ne pas publier les dates exactes de la course de ce mois-ci, de peur que les gens ne tentent d’y assister. (La course avait lieu pendant un week-end.)

Tout est très calculé

DRL s’inquiète entre autre de la sécurité des fans. Inutile de préciser que si un drone s’écrasait dans la figure de quelqu’un, la DRL finirait sur la liste «  Not Top 10  » (un anti-top 10) de la semaine de SportsCenter.

Et avant que quiconque n’évoque la Federal Aviation Administration (FAA, l’agence fédérale de régulation aérienne), il faut préciser que tous les drones de la DRL sont enregistrés sur le nouveau site d’enregistrement des drones de la FAA. Mais étant donné que les courses de la DRL se déroulent à l’intérieur, le contrôle de la FAA n’a pas lieu d’être.

Même les vidéos mises en ligne par la DRL ne montrent pas chaque seconde de chaque épreuve de la course  : c’est un fait accepté que l’observation des drones peut être un peu ennuyeuse, au moins pour les non initiés.

Capture d'écran d'une vidéo de la Drone Racing League montrant les pilotes des drones
Capture d’écran d’une vidéo de la Drone Racing League montrant les pilotes des drones - Drone Racing League

Donc, plutôt que de transmettre en direct, la DRL contrôle son image jusqu’au moindre pixel. La ligue loue des espaces pour deux ou trois jours à la fois, et filme ses courses avec plus de 50 caméras, sans compter les GoPro intégrées à chaque drone.

Les réalisateurs de la ligue décomposent ensuite ces vidéos en petits morceaux de courses qui sont mis en ligne plusieurs semaines plus tard. Des courses courtes et effrénées donnent envie aux gens d’en parler et de faire passer le mot. En créant plusieurs épisodes à partir d’un seul événement, ils augmentent leurs chances de toucher de potentiels nouveaux convertis. Tout est très calculé.

Un simulateur téléchargeable

Les vidéos très travaillées tentent de raconter quelque chose des pilotes et de leurs stratégies. Ils ont des surnoms, un reste de l’héritage de la communauté de base.

Un journaliste se charge d’expliquer la course et d’interviewer les pilotes. Même les noms des courses sont travaillés  : la course de Miami est devenue la «  Miami Lighst  », et celle de Los Angeles est devenue «  L.A.pocalypse.  »

La DRL anticipe le fait que les nouveaux fans les plus dévoués vont vouloir eux-aussi s’essayer à la course de drones, et l’équipe a donc créé un simulateur téléchargeable. Il permet aux gens, bien installés derrière leur clavier, de voler sur le parcours de la course de Miami qui a été courue par les pilotes.

« Amusant et accessible »

Le chef d’orchestre de cette stratégie d’acquisition de fans de la DRL s’appelle Tony Budding. C’est le directeur médiatique de la ligue. Horbaczewski et Budding se connaissent depuis 2008, lorsqu’ils se sont rencontrés grâce à des amis communs. L’année dernière, Horbaczewski l’a contacté afin qu’il le conseille sur la meilleure façon de structurer et de vendre un nouveau sport.

Budding a de l’expérience dans ce domaine  : après avoir été l’un des premiers cadres de CrossFit, il a codirigé les CrossFit Games et a géré leur retransmission à la télévision.

«  Le plus gros défi lorsqu’on veut faire passer un nouveau sport à la télévision, c’est de le rendre immédiatement attractif, sans pour autant que le public n’ait besoin de se concentrer pour comprendre quoi que ce soit », dit Budding.

«  Il faut juste que ce soit amusant et accessible, et en général, les gens commencent à s’y intéresser quand ils aiment ce qu’ils voient.  »

Comment tout ceci peut générer de l’argent afin que la ligue devienne une force auto-suffisante qui organise course sur course, chaque année, semble être une question à laquelle la DRL souhaite remettre la réponse à plus tard. «  Ce sont les sponsors, les droits médiatiques et les licences, voilà notre business model », dit Horbaczewski.

«  Quand est-ce que ces éléments vont intervenir et dans quelle mesure  ? Ce sont des questions pour plus tard. Notre objectif est de créer un sport et de l’amener à trouver un public tout de suite.  »

100 000 personnes pour un replay

Une fois ce public de base assuré, la stratégie financière de la DRL pourrait facilement permettre aux sponsors de déployer d’immenses bannières agressives lors des courses, ou même de sponsoriser des équipes qui emploieraient et feraient progresser des pilotes, un peu comme les équipes de pilotes au NASCAR.

Ce phénomène a déjà en partie lieu. Horbaczewski ne veut pas entrer dans les détails, mais il dit que la ligue est en «  pourparlers sérieux sur des contrats de distribution de contenu ».

La ligue a laissé filtrer un indice, cela dit. Au début du mois dernier, la DRL a publié tous les montages vidéo de sa course à Miami sur sa propre chaîne Twitch.

D’après Ben Johnson, le directeur de communication de la ligue, plus de 100 000 personnes se sont connectées pour regarder le replay le 7 mars, le jour de la mise ne ligne. Certains commentaires apparaissant sous les vidéos indiquent que la DRL commence à atteindre son objectif  :

«  C’est épique  !  »

«  L’immersion me donne la nausée mais je m’en fiche car ça vaut le coup  !  »

«  La course de drone > Bob Ross.  »

Haskins, qui a également participé à la course de L.A. ce week-end-là, a été surpris de la réaction de ses amis face à la vidéo de Miami.

«  Je l’ai diffusée sur mon Facebook et mon Instagram et les gens ont dit “Nom de dieu, comment je peux avoir le même  ?” Même les gens qui ne sont pas intéressés par le fait de voler. »

Vu le degré d’enthousiasme, les sponsors et les droits médiatiques ne semblent pas si éloignés.

Voler dans l’Etoile noire

Alors que je clôture ma visite, quelques jours avant la « L.A.pocalypse », l’équipe d’Horbaczewski peaufine le décor de la course  : des ruines et des immeubles qui s’effondrent, et une réplique du sigle Hollywood.

Horbaczewski est impatient de voir comment ses pilotes et le public vont réagir, même s’il est confiant dans le fait que chaque vidéo de la DRL aura sur les nouveaux venus le même effet qu’a eu sur lui son premier vol de drone au-dessus du champ à Long Island. Il explique :

«  Ça rappelle la joie enfantine de voir le Millenium Falcon voler vers le centre de l’Étoile de la mort. Si ça me fait ressentir ça, je parie que des tas de gens vont ressentir la même chose.  »


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