Politique
L'appel d'une coalition d'opposition à manifester contre le président congolais Joseph Kabila s'est perdu dans le vide samedi matin à Kinshasa, où la police occupait l'esplanade choisie pour ce rassemblement interdit par les autorités locales.
Le « Rassemblement » d’opposition constitué autour de l’opposant historique Étienne Tshisekedi avait appelé à un meeting à 09h00 (08h00 GMT) près du Parlement de la République démocratique du Congo, pour réclamer le départ de M. Kabila le 20 décembre, date de la fin de son mandat.
Mais à l’heure dite, aucun manifestant ou dirigeant d’opposition n’était visible au lieu de rendez-vous, alors que la police bouclait les accès à la résidence de M. Tshisekedi et au quartier général de son parti, l’UDPS.
« Des sites où devait se tenir le meeting de l’opposition ont été isolés. […] Il s’agit de la place comprise entre l’avenue de l’enseignement et le stade des Martyrs et de la Place Sainte Thérèse, optée comme plan B par les organisateurs au cas où ils rencontreraient une obstruction au premier emplacement », a déclaré son porte-parole, colonel Mwanamputu.
Jusque dans mi-journée, aucun incident n’a été signalé dans la ville, a fait savoir le colonel Mwanamputu.
Il a fait savoir qu’aucun blessé ni mort n’a été enregistré.
Quatre terrains de football improvisés
L’espace était occupé par des policières en tenue de sport s’affrontant sur quatre terrains de football improvisés sur toute la longueur de l’esplanade, sous le regard du chef de la police de Kinshasa, le général Célestin Kanyama.
« Nous organisons le tournoi de la non-violence », a déclaré le général Kanyama à la presse. Les rencontres des équipes masculines étaient attendues pour l’après-midi. Contacté par Jeune Afrique, le colonel Pierre Rombaut Mwanamputu, porte-parole de la police à Kinshasa, précise l’objectif du dispositif sécuritaire déployé le 19 novembre dans la capitale : « Empêcher l’exercice de toute action à caractère politique non autorisée. »
Le 5 novembre, la police avait empêché une manifestation annoncée mais pour ainsi dire pas préparée par le Rassemblement en se déployant massivement dans les rues de Kinshasa. La ville avait tourné au ralenti toute la journée, nombre d’habitants semblant avoir jugé plus sûr de rester chez eux en cas d’éventuelles violences.
Samedi matin, le dispositif policier était nettement moins visible et la vie suivait un cours normal dans la capitale congolaise, où l’on observait les mêmes embouteillages qu’à l’ordinaire.
Par deux fois, le Rassemblement s’est heurté à la bravoure et à la sérénité de la police.Par deux fois les autorités remportent le bras de fer lui déclaré par cette frange de l’opposition. Il est hors de question de tenir un quelconque rassemblement politique jusqu’au mois de janvier 2017. Tshisekedi et ses alliés n’ont pas réussi à faire lever l’interdiction.
Comme le 5 novembre, la place Triomphale est restée inaccessible au Rassemblement et à ses militants pour y tenir leur meeting ce 19 novembre 2016, à un mois exactement de la date du 19 décembre, censée marquer la fin du deuxième et dernier quinquennat du Président Kabila.
Par deux fois, le Rassemblement s’est heurté à la bravoure et à la sérénité de la police.
Le Rassemblement concède donc 2 défaites en 2 semaines selon des observateurs. Mais le Rassemblement ne l’admet pas du tout. Pour lui, tous ces hommes mobilisés pour sécuriser la ville à l’occasion de ces meeting sont une preuve suffisante que le message du peuple est passé et que le pouvoir a peur. A défaut d‘un meeting populaire le sphinx de Limete et ses alliés se sont contentés le 5 comme le 19 novembre d’une conférence de presse, question de ne pas laisser ces jours passer inaperçus. Toutefois, le Rassemblement reste optimiste quant au 19 décembre,il croit à un scénario différent de ceux des 5 et 19 novembre.
La mesure des autorités urbaines est motivée par le soucis de garantir la sécurité dans la ville après les événements des 19 et 20 septembre qui ont coûté la vie à 32 personnes. Mais le Rassemblement ne l’entend pas de cette oreille. Pour ses animateurs, cette mesure est illégale d’autant plus que la Constitution consacre le régime de l’information et non de l’autorisation en ce qui concerne les manifestations publiques. Aussi elle ne visent, selon eux, qu’à restreindre les libertés publiques et plus particulièrement la liberté d’expression.
Ndeko Eliezer empêché d'accéder au siège de l'UDPS
Le présentateur de l'émission "Tokomi Wapi", Eliezer Tambwe, vient d'être empêché d'entrer au siège de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS).
Il était 9h30 lorsque ce célèbre journaliste, surnommé "Muana kolo lopango", s'est pointé devant le portail de l'entrée principale de cette formation politique située sur la 10ème Rue Limete/Résidentiel, sur le petit boulevard.
Camouflé au volant d'une Toyota Ist communément appelée "Ketch", alors qu'il klaxonnait, il a été surpris par un policier venu lui demander calmement de rebrousser chemin.
Sans résister, Eliezer a fait la marche arrière avant de s'éclipser, constatant que plus de 30 hommes en uniforme étaient postés en face du siège du parti cher à Étienne Tshisekedi, sous les arbres, entre le petit et le grand boulevard Lumumba.
Une crise politique profonde
La RDC traverse une crise politique profonde depuis la réélection contestée de M. Kabila en 2011, aggravée par le renvoi de la présidentielle à une date non fixée à la suite d’un accord conclu en octobre entre la majorité et une frange minoritaire de l’opposition.
Les 19 et 20 septembre, 49 civils et 4 policiers selon l’ONU avaient été tués en marge d’une marche du Rassemblement à Kinshasa.
Depuis lors, le pouvoir a réussi à empêcher toute manifestation d’opposition dans la capitale, où le signal de la radio française RFI, l’une des stations les plus écoutées du pays, est coupé par les autorités depuis le 5 novembre.
En application de l’accord d’octobre, M. Kabila, à qui la Constitution interdit de se représenter, a nommé jeudi un nouveau Premier ministre, Samy Badibanga, issu de l’UDPS, et entend rester à son poste après le 20 décembre.
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