Afrique
Nouvelle étape en Gambie. Après avoir rejeté les résultats de la présidentielle et donc sa défaite, Yaya Jammeh change, une fois de plus, de stratégie. Son parti, l'APRC, a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche son intention de suivre les recours légaux de la contestation des résultats devant la Cour suprême.
Si l'APRC indique dans son communiqué que cette intention de déposer un recours devant la Cour suprême est la suite logique de la volte-face de Yaya Jammeh, cette nouvelle posture est pourtant en contradiction avec la déclaration vendredi soir de l'ex-président qui exigeait l'organisation d'une nouvelle élection présidentielle.
Le parti présidentiel répond néanmoins au président élu. Hier Adama Barro a rappelé à Yahya Jammeh qu'il n'avait aucun droit constitutionnel pour faire annuler le scrutin et en organiser un nouveau, qu'il devait passer justement par la constitution pour le faire.
La Cour suprême tranchera
Ce recours devant la Cour suprême, les trois candidats et leurs partis, ont dix jours après le vote pour le déposer, Yaya Jammeh peut donc légalement le faire jusqu'au 12 décembre, c'est-à-dire demain lundi. Mais il y a un problème de calendrier car la journée de demain est fériée.
L'Alliance patriotique pour la réorientation et la construction (APRC) indique donc dans son communiqué que ce recours sera déposé mardi. Et s'il est déposé, il faudra voir quand les juges de la Cour suprême - accusés depuis de nombreuses années d'être aux ordres de Yahya Jammeh- pourront siéger.
Alors que l'ex-président cherche visiblement des soutiens dans l'armée depuis sa défaite, ce nouveau revirement, l'annonce de ce recours qui n'est pas encore déposé, plonge en tout cas, un peu plus les Gambiens dans l'attente et l'inquiétude.
Yahya Jammeh reste sourd face à l'appel d'Adama Barrow en Gambie
Les forces de sécurité gambiennes
Les forces de sécurité gambiennes déployées en masse faisaient régner le calme à Banjul, après le revirement du président sortant Yahya Jammeh, qui ne reconnaît plus sa défaite électorale, apparemment imperméable à la multiplication des condamnations internationales.
Le président élu Adama Barrow a demandé à M. Jammeh d'accepter sa défaite à l'élection présidentielle du 1er décembre, rejetant sa demande de nouveau vote, et appelant ses propres partisans au calme.
Au pouvoir depuis 22 ans en gouvernant la Gambie d'une main de fer, Yahya Jammeh avait créé la surprise par sa "magnanimité" en reconnaissant sa défaite selon l'expression du président de la Commission électorale indépendante.
Mais il a effectué une brutale volte-face dans une déclaration télévisée vendredi soir.
"Tout comme j'ai loyalement accepté les résultats, en croyant que la Commission électorale était indépendante, honnête et fiable, je les rejette dans leur totalité", a-t-il affirmé, dénonçant des "erreurs inacceptables" de la part des autorités électorales et exigeant la tenue d'un nouveau scrutin.
"Je l'exhorte à changer de position et à accepter de bonne foi le verdict du peuple", a déclaré Adama Barrow à l'issue d'une réunion de l'opposition à son domicile, soulignant que le président sortant n'avait pas le pouvoir constitutionnel de convoquer une nouvelle élection.
"J'appelle tous les Gambiens à vaquer à leurs affaires", a ajouté M. Barrow, invitant ses propres partisans à "la discipline et la maturité".
Policiers et militaires tenaient des barrages à travers toute la capitale de ce petit pays d'Afrique de l'Ouest, mais la population - musulmane à 90% vaquait à ses occupations, à la veille de la célébration de la naissance du prophète de l'islam, ont constaté des correspondants de l'AFP.
Impact sur le tourisme?
Cette crise en pleine saison touristique, une des principales sources de revenus du pays, inquiète la population.
Yahya Jammeh "ne devrait pas dire des choses qui vont faire fuir les touristes", déclaré à l'AFP sous le couvert de l'anonymat un vendeur de jus de fruits.
Dans la zone touristique de Banjul, les touristes occidentaux préféraient rester à l'abri de l'agitation dans les hôtels, selon un correspondant de l'AFP qui a assisté à une bruyante altercation entre serveurs, divisés en partisans et adversaires du président sortant.
A New York samedi soir, le Conseil de sécurité de l'ONU a appelé M. Jammeh à "respecter le choix du peuple souverain de la Gambie et à transférer, sans conditions ni retard injustifié, le pouvoir au président élu, Adama Barrow".
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon s'est dit "consterné" par l'attitude de M. Jammeh avant de l'appeler à "respecter pleinement le résultat de l'élection".
Auparavant l'Union africaine (UA), la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (Cédéao) et l'ONU ont également appelé le gouvernement à "respecter le verdict des urnes et garantir la sécurité du président élu Adama Barrow et de tous les citoyens gambiens".
L'Union européenne (UE) a jugé "inacceptable" le rejet des résultats de l'élection, "enjoignant fermement le président Jammeh de respecter l'État de droit et la volonté des Gambiens".
Amnesty International a pour sa part appelé "les forces de sécurité à faire preuve de retenue si les Gambiens décident d'exercer leur droit à protester pacifiquement".
Le président élu s'était prévalu jeudi du soutien du chef de l'armée, le général Ousman Badjie. Le général Badjie "a dit qu'il était fidèle au président Yahya Jammeh parce qu'il était élu président. Il a affirmé que maintenant que je suis élu par le peuple gambien, il allait me soutenir", a déclaré Adama Barrow.
Mais dans une apparente tentative pour s'assurer la loyauté de la hiérarchie militaire, le président Jammeh a accordé des promotions jeudi et vendredi à quelque 250 officiers et officiers supérieurs.
Dans sa déclaration vendredi, M. Jammeh a aussi assuré que "l'intervention de puissances étrangères ne changerait rien", prévenant qu'il ne tolérerait aucune protestation dans les rues.
Il a même empêché l'avion amenant une mission de la Cédéao de se poser à Banjul, selon le ministre sénégalais des Affaires étrangères Mankeur Ndiaye.
Le Sénégal et les Etats-Unis ont très rapidement condamné le revirement de M. Jammeh.
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