Monde
Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont débattu ce mercredi soir pendant plus de 2h30. Les échanges entre les deux candidats à la présidentielle ont été très tendus. Retour sur leurs échanges particulièrement virulents.
C'était le duel de cette campagne présidentielle. A quatre jours du second tour, les candidats jouaient gros. Entre « grosses bêtises », « parasite », « Hollande junior »... Dès le début de l'émission, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont eu des échanges très vifs, parfois inaudibles. Sur l'ensemble, la candidate frontiste a reproché au candidat le bilan du chef de l'Etat, le traitant de « Hollande junior ». Lui, a préféré la mettre face à ses contradictions et ses « bêtises », notamment sur les retraites.
L'héritier c'est l'autre
Chacun renvoie l'autre à son passé. Marine Le Pen évoque plusieurs fois les liens d'Emmanuel Macron avec François Hollande, dont il a notamment été le secrétaire général adjoint à l'Elysée. « M. Macron est le candidat de la mondialisation sauvage, de l'ubérisation, de la précarisation, du communautarisme, de la guerre de tous contre tous, attaque-t-elle dès le début. Tout cela piloté par M. Hollande ».
« Pendant quatre ans vous avez été son conseiller puis (son) ministre », poursuit la candidate du Front national. « Vous êtes l'enfant chéri du système et des élites », assène-t-elle encore en lui reprochant encore plus tard d'« avoir participé à un gouvernement qui a fait la loi El Khomri ». « Vous êtes l'héritier de François Hollande qui vous soutient deux fois par jour », cible-t-elle un peu plus tard dans le débat en surnommant Emmanuel Macron « Hollande Junior ».
« Je ne vais pas vous dire que vous êtes la véritable héritière non seulement d'un nom, d'un parti politique, du parti politique de l'extrême droite française, de tout un système qui prospère sur la colère des Français depuis tant et tant d'années, réplique Emmanuel Macron. Depuis 40 ans, nous avons des Le Pen qui sont candidats à la présidentielle ». « Vous portez l'esprit de défaite » sur l'économie, la mondialisation, « l'esprit de défaite face au terrorisme. Face à l'esprit de défaite je porte l'esprit de conquête ».
Un débat très violent
Marine Le Pen (g) et Emmanuel Macron (d), lors du débat du second tour, le 3 mai 2017. (© AFP/Eric Feferberg)
Les échanges ont été très tendus. Le mot mensonge a été employé à plusieurs reprises par Emmanuel Macron. « Votre stratégie c'est de dire beaucoup de mensonges, de dire tout ce qui ne va pas dans le pays, mais vous ne proposez rien », attaque l'ancien ministre. « Arrêtez de dire des grandes bêtises », poursuit-il.
« Vous avez un gros problème avec les dossiers industriels vous ne les travaillez pas assez », assène-t-il plus tard. « N'importe quoi... », balance encore Macron qui aborde l'épisode de la visite de Marine Le Pen à Whirlpool. « Jamais je n'ai fait ce que vous avez fait, aller profiter de la détresse des autres », dénonce-t-il ajoutant « pendant que vous faisiez votre numéro avec les salariés, moi j’étais avec les représentants des salariés ». « Je prends les Français pour des adultes, je ne leur mens pas, vous mentez tout le temps », lâche-t-il.
« Vous êtes dans un conflit d’intérêt permanent », attaque Marine Le Pen revenant sur les déclarations de patrimoine de son adversaire. « Je sais très bien comment fonctionne la Justice. Je sais très bien qu’on demande parfois aux fonctionnaires certaines choses malheureusement en toute illégalité, insinue la cheffe de file du Front national. Un jour je vous expliquerai, vous viendrez me voir ».
Emmanuel Macron met directement en cause le parti de Marine Le Pen : « Votre parti qui pousse à la haine, qui moleste des journalistes, comme vos militants qui sont venus devant mes meetings menacer et frapper : c’est le Front national, votre parti, qui ne ressemble pas à notre France. Mais vos électeurs, eux, je les respecte. Parce qu’ils sont en colère. Et je comprends cette colère. Je viens d’une ville qui, elle aussi, a voté pour vous », regrette le candidat d'En Marche.
« Je vois que vous voulez jouer avec moi à l'élève et au professeur, mais ça n'est pas mon truc », réplique la candidate d'extrême droite en souriant et dans une allusion au couple d'Emmanuel Macron. « Moi je suis la candidate du pouvoir d'achat, vous êtes le candidat du pouvoir d'acheter, d'acheter la France, de la dépecer... », attaque Marine Le Pen.
Le Pen se trompe sur SFR
La candidate du FN assure qu'Emmanuel Macron était ministre quand SFR a été vendu, ce qui n'était pas le cas. Listant les ventes d'entreprises effectuées sous le quinquennat Hollande, Marine Le Pen lance qu'il avait vendu notamment SFR « à son ami Monsieur Drahi ». « Si vous étiez bien renseigné, vous sauriez que pour les cas industriels que vous citez, je n'étais pas ministre, notamment pour le cas de SFR », réplique le candidat d'En Marche. A raison, puisqu'il n'était pas ministre de l'Economie, mais secrétaire général adjoint de l'Elysée, quand la vente de SFR à Patrick Drahi a été décidée.
Emmanuel Macron a été nommé à Bercy le 26 août 2014. La vente de SFR, alors propriété de Vivendi, à Numericable, propriété de Patrick Drahi, a été actée près de quatre mois auparavant, le 5 avril 2014. Cette décision avait été prise malgré les réticences du ministre de l'époque, Arnaud Montebourg, qui avait fait savoir sa préférence pour le deuxième candidat à la reprise de SFR: le groupe Bouygues.
Pour Macron, la proposition de Le Pen sur la retraite est « infinançable »
Marine Le Pen redit qu'elle est favorable à « la retraite 60 ans quand il y a 40 annuités ». « Quand ? Mme Le Pen propose de partir à 60 ans. Elle proposait naguère qu'on puisse le faire dès son élection, maintenant elle a reporté la chose », pointe aussitôt Emmanuel Macron sachant que la candidate a expliqué la veille qu'elle le ferait à la fin de son quinquennat et non plus dans les deux mois, comme elle le disait auparavant.
« Le plus vite sera le mieux », se défend dénonçant la régime unique que lui veut mettre en place. « Un régime unique ça fait très longtemps que c'est dans les cahiers des ultralibéraux », peste Marine Le Pen. Lui rétorque que sa réforme « de partir à 60 ans, ça coûte 30 milliards, c'est infinançable... ». « Si on fait comme le dit Mme le pen, on augmente les cotisations ou la baisse des pensions. Moi je propose un système juste », assure Emmanuel Macron ».
Le Pen accuse Macron de « complaisance avec le fondamentalisme islamique »
« Non seulement vous n'avez pas de projet, mais en plus vous avez une complaisance pour le fondamentalisme islamique », cible Marine Le Pen. Une fois de plus, elle reproche à Emmanuel Macron d'avoir reçu le soutien de l'UOIF (Union des organisations islamiques de France), association réputée proche des Frères musulmans. « Je ne soutiens pas l'UOIF, assure le candidat dEn Marche. Je demanderai la dissolution de toute association qui incite à la haine. »
Face au terrorisme, Emmanuel Macron appelle à « faire notre examen de conscience : quand des enfants de la République veulent la détruire, regardons nous en face ». « Le plus grand souhait des djihadistes c’est que Marine Le Pen arrive au pouvoir, poursuit-il, je serai intraitable et je mènerai la lutte sur tous les plans mais le piège qu'ils nous tendent, c'est celui que vous portez, c'est la guerre civile. »
« Ce sera le retour au franc ? », demande Macron
Emmanuel Macron profite du thème de l'Europe pour questionner Marine Le Pen sur sa position sur l'euro. Ce week-end en annonçant son alliance avec Nicolas Dupont-Aignan la candidate d'extrême droite a assuré que la sortie de l'euro n'était plus un préalable à toute politique économique. « Ce sera le retour au franc? », lui demande le candidat d'En Marche. Marine Le Pen évoque une monnaie commune (et non plus unique) et une monnaie nationale. « Il y aura deux monnaies? », questionne encore Emmanuel Macron.
« Ce que les Français doivent comprendre, à la limite, ça ne le regarde même pas cet euro monnaie commune sera une facilité entre les Etats. Les Français eux auront une monnaie dans leur portefeuille, une monnaie qui permettra de retrouver un niveau adapté de notre économie et de partir à la conquête du monde. » « C'est ce grand n'importe quoi, réplique Macron, dénonçant au passage le « bidouillage fait avec Nicolas Dupont-Aignan ». « Sur l'Europe, votre projet est mortifère », conclut l'ancien ministre.
« La France sera dirigée par une femme, ce sera Mme Merkel ou moi »
Lors des questions internationales, Marine Le Pen accuse Emmanuel Macron d'être soumis à l'Allemagne et rappelle qu'il a été reçu par Angela Merkel le 16 mars dernier. « Quand les rapports sont équilibrés, quand on n’est pas soumis inféodé aux exigences de l'Allemagne. La guerre a été créée par cette soumission celle que vous êtes en train de reproduire. Vous exigez une soumission économique à l'Allemagne et c’est extrêmement grave », dénonce-t-elle avant de lâcher que la « France sera dirigée par une femme, ce sera Mme Merkel ou moi ».
Une façon d'expliquer que si Emmanuel Macron est élu, il céderait à la chancelière allemande.
Passage houleux sur les affaires
Après deux heures de débat, on aborde la question des institutions et de la moralisation de la vie politique. Emmanuel Macron promet qu'aucun de ses candidats aux législatives n'aura de casier judiciaire. « Cela va vous embarrasser », ajoute-t-il. « Le parti des affaires c'est le vôtre », renchérit-il. Marine Le Pen réplique en disant espérer qu'aucune affaire ne sorte sur lui. « Personne n'a compris vos explications sur votre déclaration de patrimoine », attaque-t-elle.
« Le parti qui ne va pas devant les juges, c'est le vôtre, pas le mien, rappelle Emmanuel Macron au sujet de Marine Le Pen qui a refusé d'être entendue par les juges dans l'affaire des assistants parlementaires du FN. Vous êtes vous sous le coup d'une procédure judiciaire ! Quand les juges ne vous arrangent pas, vous dites qu'ils ne sont pas honnêtes », lance Emmanuel Macron. « Demain, l'un ou l'autre d'entre nous devra être le garant de nos institutions. Vous avez menacé les fonctionnaires, vous avez menacé les juges, vous n'êtes pas digne d'être garante des institutions », tacle le candidat.
Macron ne prendra pas Parisot ou Taubira à Matignon
« Madame Parisot va peut-être votre Premier ministre », lance Marine Le Pen pour démontrer que le candidat d'En Marche reprend les idées du patronat. « J'ai une annonce à vous faire : non ! », rétorque-t-il. « Madame Taubira alors ? », le relance-t-elle. « Non plus », promet-il.
La carte blanche sans que les esprits se calment
Pour Macron: le handicap. D’abord, le candidat parle de l’Outre-Mer, « un enjeu décisif de la réussite économique » mais sa carte blanche concerne « les personnes en situation de handicap qui sont sans ressource », « une des priorités de mon quinquennat », assure-t-il. Et d’assurer, par exemple : « Je créerai les postes et les structures pour que les jeunes autistes ne soient plus obligés d’aller à l’étranger ».
Pour Le Pen. « Mon projet tient compte de l’intégralité des problématiques », assure Marine Le Pen qui en profite pour parler d’une problématique chère à son nouvel allié, Nicolas Dupont Aignan, le Handicap. « Vous dites qu’il faut des structures pour les enfants touchés par le handicap, notamment en état autistique, je suis d’accord, commence-t-elle. Mais les socialistes qui donnent des leçons, ont laissé bien souvent ces enfants en dehors de l’école parce qu’il y a pas de fond, il y a des fonds pour les soins des clandestins. » Poussée par les journalistes, la candidate introduit sa carte blanche : « Je n’ai pas de thème choisi. C’est plus une philosophie sur Monsieur Macron. La France que vous défendez, ce n’est pas la France. C’est la guerre du tous contre tous. Moi je crois à la solidarité je crois que la France est une nation avec une culture avec un peuple avec une espérance, pour continuer dans des conditions qui soient respectueuses de commercer avec les autres pays », finit-elle par déclarer.
Les conclusions se transforment en règlement de compte
Emmanuel Macron a encaissé bon nombre de tacles de Marine Le Pen. Il commence donc ainsi sa conclusion : « On vous demande une carte blanche et vous salissez l’adversaire. Votre projet, c’est de dire aux Français : cette personne est atroce. (…) La France, elle vaut mieux que ça ! Il faut sortir d’un système qui vous a produit ! Vous êtes son parasite !
« Vous, la France que vous voulez, c’est une France ouverte à tous les vents ! » assure Le Pen à Macron. « Vous dites "Je suis le candidat de l’ouverture", non, vous êtes le candidat de la fermeture, de la fermeture des maternités, des postes de police… La seule chose que vous ne voulez pas fermer, ce sont les frontières ! » tacle-t-elle, utilisant peu à peu toute sa conclusion pour critiquer son adversaire.
« Madame Le Pen, a utilisé toute sa conclusion pour attaquer son adversaire », regrette Macron. « Le pays mérite mieux que ça », tonne le candidat. Celui qui accuse son adversaire « d’user des peurs » assure au contraire « y répondre par le courage de la vérité sans promettre des choses invraisemblable, de tenir le travail par lequel je veux une émancipation, notre pays qui a toujours été fort dans une Europe forte. »
Le candidat qui en raison du tirage au sort avait le dernier mot conclut : « Le pays qui a été la lumière du monde, ne sera pas celui de l’obscurantisme. » « Vous êtes François Hollande », relance Marine Le Pen qui parasite la conclusion d'Emmanuel Macron...
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Marine Le Pen et Emmanuel Macron sur le plateau du débat avant le début de leur face à face. (© Reuters/Eric Feferberg)