Grogne à l’Ecole de santé publique : les professeurs accusent le ministre de tutelle

Après le cri d’alarme des apprenants de l’Ecole de santé publique de l’Université de Kinshasa (ESPK) face à l’arrêt de travail observé depuis quelques jours par les enseignants de cette institution, les professeurs de l’Université de Kinshasa donnent leur version des faits.

Dans un communiqué de presse rendu public à ce sujet, le corps académique incrimine le ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU) à qui ils reprochent un certain nombre de choses. Parmi celles-ci, le non respect des textes régissant le métier.

« Le malaise sévissant actuellement à l’Ecole de santé publique est né à la suite de l’Arrêté ministériel N° 208/MINESU/CAB.MIN/SMM/JPK/CA/2018 portant nomination des membres du Comité directeur au sein de l’ESPK », accusent les signataires du communiqué.

Pour le corps académique de l’ESPK, le malaise tant décrié est caractérisé entre autres par des irrégularités flagrantes ainsi que la nomination comme directeur de cette institution, d’un professeur dont le parcours ne garantit pas la crédibilité dans le leadership de l’ESPK, qui est une institution d’excellence.

Au sujet des irrégularités observées, les professeurs de l’ESPK notent « l’absence d’un chargé de formation qui est un poste clé au sein du comité directeur ». Cette absence a été vite ressentie par tous, déplorent-ils, car elle a profondément perturbé les activités de formation et d’encadrement des apprenants.

Le corps académique de l’ESPK se disent également mécontents de la nomination d’un apprenant en cours de formation au sein de l’Ecole de santé publique de Kinshasa, comme coordonnateur chargé de l’administration et des finances de l’institution. « Celui-ci n’est pas un agent de carrière ni au sein de l’Université de Kinshasa, ni au sein d’une autre institution publique de l’ESU comme le prévoit l’ordonnance 81-160 du 7 octobre 1981 portant statut du personnel de l’enseignement supérieur et universitaire », dénonce le communiqué.

A propos du directeur nommé par le ministre de l’ESU, le corps académique de l’ESPK indique que la personne nommée est un déserteur.

« En effet, lors de son précédent mandat comme directeur à l’Ecole de Santé Publique de Kinshasa, ce dernier a déserté son poste de Direction pendant une année entière au profit d’une consultance au Soudan du Sud, abandonnant l’ESPK dans une situation désastreuse », accuse-t-il.

A cela s’ajoute les passages successifs de l’intéressé aux postes de directeur à l’Ecole régionale de santé publique de l’Université de Bukavu et de médecin-directeur de l’Hôpital Général Provincial de Goma. Ici, rappelle le communiqué, il a été éconduit de ces deux institutions pour raison de mauvaise gestion financière.

« Tous ces faits ont été portés à la connaissance de son excellence monsieur le ministre de l’ESU, qui disposait de tous les moyens et services pour leur vérification, avant la nomination de l’actuel comité directeur. En dépit de ce qui précède, son excellence le ministre de l’ESU l’a quand même nommé comme directeur de l’ESPK », indique le communiqué.

Et d’ajouter : « Le collègue professeur qui a été nommé au poste de directeur adjoint dans ce comité a présenté sa démission dans sa lettre du 28 août 2018. Ainsi, à ce jour, l’ESPK est dirigée uniquement par deux membres au lieu de quatre, à savoir le Directeur et le Coordonnateur Chargé de l’Administration et des finances dont les profils ont été brièvement décrits ci-dessus, ce qui bloque le fonctionnement de l’ESPK. En effet, les enseignements ne sont plus dispensés, tout comme les évaluations et délibérations avec toutes les conséquences sur les activités académiques futures de l’institution. »

Toutefois, les professeurs de l’ESPK tiennent à réaffirmer qu’ils sont disposés à reprendre les activités de formation aussitôt que les irrégularités de l’arrêté désignant le comité directeur auront été levées.