Quel statut avait finalement le chef Enyele au pays de Sassou ?

Le gourou du groupe armé Enyele est mort samedi dernier dans l’hinterland d’Owando au Congo-Brazzaville. La disparition d’Undjani charrie quantité de questions susceptibles d’éclairer à posteriori la politique Rd-congolaise du pouvoir Sassou.

D’abord un rappel des faits. Selon plusieurs recoupements, samedi 10 mai, les policiers du Congo-Brazzaville faisaient leur contrôle de routine à Owando. Le chef Enyele a refusé de se faire identifier. Il s’en est suivi une altercation et Undjani a tiré le premier. Sur le champ, il a descendu trois policiers. Dans sa fuite, il a tiré mortellement sur un quatrième. Dans cette fusillade, le seigneur de guerre Enyele a été grièvement blessé. Dans l’après-midi, il succombera à ses blessures.

A Kinshasa, la disparition de Undjani donne du grain à moudre à tous les analystes qui en sont encore à se perdre en conjectures sur les ressorts de la politique migratoire pour le moins musclée de Brazzaville. Exclusivement ou presque vis-à-vis des ressortissants du Congo/Kinshasa. Car, plus que la mort en elle-même, ce sont les circonstances de celle-ci qui posent problème, mieux qui interpellent.

Chef du mouvement insurrectionnel Enyele à l’Equateur, Undjani s’est réfugié au Congo/Brazza, voici pratiquement cinq ans. Depuis, Brazzaville refuse de l’extrader. Ce, en dépit de moult insistances de Kinshasa. Comme pour rassurer les autorités rd congolaises, les services d’en face auraient fait visiter leurs homologues de Kinshasa la prison de la sécurité dans laquelle se trouvait Undjani . Au regard des circonstances de la mort du chef Enyele, la question de son statut se pose.

Etait-il prisonnier ? Comment s’est-il retrouvé à Owando ? Dans cette ville, il était visiblement libre comme le vent. De fait, si Undjani devait faire l’objet d’un contrôle de routine, c’est qu’il était résident à Owando. Sous quel statut ? Qui l’a logé ? S’il a tiré jusqu’à tuer 4 policiers, c’est que vraisemblablement il était armé ! Si oui, qui l’a armé ? La thèse selon laquelle Undjani aurait ravi l’arme d’un policier résiste difficilement à l’analyse. On ne voit pas un homme, seigneur de guerre soit-il, liquider seul 4 policiers bien armés avec l’unique fusil qu’il a pu arracher !

Ce n’est pas tout. Si Undjani a pu fuir à bord d’un véhiculé, c’est que très probablement, il était motorisé. Qui lui a donné un véhicule ? Des sources concordantes révèlent même que le gourou Enyele arrêté, était entouré des proches dont son jeune frère mort aussi dans la fusillade. Comment a-t-il pu reconstituer son groupe ?

Enfin, un coup d’œil sur la carte du Congo-Brazza renseigne que Owando n’est pas très loin de la frontière avec la RDC. Cette ville située à quelque 500 km au Nord de Brazzaville n’est pas non plus éloignée du fleuve Congo. Enfin, Owando ne situe pas à mille lieues de Oyo, antre… du président brazza-congolais. De ce point de vue, le pouvoir brazza-congolais aurait voulu instrumentaliser Undjani qu’il ne s’en serait pas pris autrement. Difficile, dans ces conditions, de ne pas faire le lien entre le flou autour du statut du désormais feu le seigneur de guerre Enyele et les expulsions massives des Rd-congolais du Congo-Brazza. Dans un cas comme dans l’autre, cela a tout l’air de participer d’une campagne de déstabilisation.