Politique
Mike Hammer est en première ligne pour tenter de faire endosser aux plus sceptiques la CENI sous Denis Kadima. Après Jean-Pierre Bemba Gombo, Moise Katumbi est de nouveau annoncé à Kinshasa. Ce lobbying pourrait heurter une grosse barrière CENCO-ECC et un lourd obstacle FCC et Lamuka, deux courants dont la marche de protestation contre Kadima est finalement fixée au 13 novembre courant.
Félix Tshisekedi vient de réaliser que le forcing de l’Assemblée nationale sur la CENI comporte bel et bien des limites. Le blocage qui va coûter cher à l’équipe Kadima se situe au niveau de son acceptabilité par les parties prenantes au processus électoral. Comment construire le leadership électoral du pays autour d’une personnalité totalement désapprouvée, contestée et même blâmée par les différentes forces politiques et sociales autres que celles du régime UDPS.
Qui écoutera et croira à Denis Kadima dans ses campagnes et animations électorales lorsqu’on sait que sa personnalité pencherait théoriquement et que son cœur battrait pour une partie au processus électoral ? Cette étape semble la plus difficile pour la nouvelle administration électorale qui, en plus de prouver sa grande technicité en la matière, est d’abord attendue sur l’aspect « crédibilité ».
D’où, les tractations initiées depuis peu par l’influent ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique en République démocratique du Congo, Mike Hammer. Si cette démarche semble être appuyée par l’administration américaine au regard de la dernière rencontre, côte à côte Tshisekedi-Biden le samedi 30 octobre 2021à Rome (Italie), il est fort à croire qu’elle pourrait aboutir à un compromis de forme. Car, Moise Katumbi Chapwe tout comme Joseph Kabila Kabange et Martin Fayulu s’y trouveraient en situation de compréhensible confortabilité politique.
Même Jean-Pierre Bemba n’était pas d’accord avec Kadima
Le mal est très profond. C’est après le va-et-vient de l’ambassadeur des Etats-Unis d’Amérique auprès de Jean-Pierre Bemba Gombo, président national du Mouvement de Libération du Congo (MLC), membre de la grande majorité de Félix Tshisekedi symbolisée par l’Union sacrée pour la nation, que l’opinion a compris que le ticket Denis Kadima n’avait pas fait l’unanimité dans la famille politique du chef de l’Etat. Hormis le regroupement politique Ensemble pour la République de Moise Katumbi qui s’était exprimée clairement sur l’actuel président de la commission électorale (CENI), plusieurs forces politiques de l’Union sacrée fulminaient de rage. Voilà qui coûte énormément d’efforts après-coup pour tenter de faire avaliser une équipe déjà investie. Pourtant, ceci aurait pu être évité et le président de la CENI commencerait sa mission sous une atmosphère sans fureur si les étapes précédant son investiture, avaient requis un minimum de consensus comme soubassement de sa notoriété et de sa crédibilité publique.
Des efforts sont actuellement perceptibles pour tenter de convaincre les antipathiques et les anti-Kadima à tolérer son administration et à lui prêter un minimum de confiance. Mike Hammer s’y est lancé de toutes ses énergies et les premiers résultats sont là. Jean-Pierre Bemba qui comptait sur un large consensus autour du nouveau leadership de la CENI a fini par se convaincre qu’il est possible d’entourer l’actuelle CENI d’un dispositif de surveillance citoyenne accrue afin que chaque acteur se sente plus ou moins à l’aise.Et Bemba d’argumenter, « le plus important n’est pas d’avoir un président de la CENI fort, mais plutôt d’avoir une CENI forte ». Belle parole.
Cependant, la question électorale est avant tout une matière d’adoption, de conviction individuelle du peuple, de foi et de cœur. Ceci exigera au nouveau leadership de la CENI énormément d’efforts pour persuader le peuple congolais de ses atouts d’indépendance vis-à-vis du pouvoir. Or, une lourde campagne anti-Kadima est déjà passée par là. Et les forces vives ont déjà consommé le rejet de Denis Kadima. D’où la question, comment transformer un diable en un saint expert électoral qui puisse rassurer tout le monde ?
Quelles garanties offre-t-on aux anti-Kadima ?
Le diplomate américain vient de prouver à la face du monde que lui au moins était sur la bonne voie, avec les occidentaux en exigeant un plus large consensus en amont de l’investiture de la CENI. Nzita est finalement seul ou presque à sillonner les résidences et autres lieux huppés de Kinshasa à la quête non plus d’un consensus mais d’une certaine harmonie autour des grandes garanties de suivi transparent des opérations électorales. L’enjeu pourrait s’orienter vers le contrôle du secrétariat exécutif national de la CENI, véritable cheville ouvrière de la centrale électorale. Longtemps dirigé par Ronsard Malonda Ngimbi, ce petit gouvernement des élections est convoité notamment par les catholiques qui tiennent à visualiser au plus petit détail, les prochains résultats des élections, surtout ceux de la présidentielle de 2023.
Une question qui rattrape les soutiens de Denis Kadima qui devront accepter de travailler avec un gestionnaire des opérations électorales d’une autre obédience idéologique. Or, cette entité est la plus sensible de la machine électorale puisqu’elle coordonne toutes les unités spécialisées des élections jusqu’aux résultats des scrutins. C’est justement à ce niveau que se situe la plus grande équation. Tshisekedi qui a refusé d’écouter toutes les sonnettes d’alarme sur la nécessité du consensus préalable à l’investiture de la nouvelle équipe de la CENI, acceptera-t-il (à travers Kadima) de céder le secrétariat exécutif national aux deux confessions religieuses anti-Kadima ?
Mais il n’y a pas que les religieux qui lorgnent ce poste stratégique. Jean-Pierre Bemba, comme Moise Katumbi, Joseph Kabila, comme Vital Kamerhe, tous observent et aimeraient comprendre quelle sera l’attitude du chef de l’Etat sur cette sensible question.
Le contrôle du secrétariat exécutif national de la CENI n’est pas l’unique gage à même de faire reculer Katumbi de son intention de divorcer d’avec l’Union sacrée. Plusieurs garanties inédites lui auraient été fournies. Dans sa tactique, Félix Tshisekedi s’appuie également sur le président Denis Sassou Ngueso de la République du Congo-Brazzaville pour tenter de calmer la tempête chez les catholiques et les protestants. Le dernier tête-à-tête Sassou-Ambongo aurait permis de stabiliser la tension sans vraiment la calmer. Là encore, il se chuchote que les catholiques pourraient coordonner la mission d’observation citoyenne des élections afin de s’assurer que les élections se déroulent dans les règles de l’art.
Comme Malumalu en 2013, l’image de Denis Kadima est fortement endommagée
Si les catholiques avaient fini par tolérer que l’Abbé Apollinaire Malumalu termine son mandat de 2006 à 2010, son retour aux affaires électorales en 2013 ne fut pas du tout du goût de la CENCO. Avec sept (7) voix sur huit (8), le prêtre catholique fut houleusement combattu par sa propre Église jusqu’à sa mort. Soutenu par son évêque d’attache, Monseigneur Melchisédech Sikuli Paluku et quelques dignitaires de son Église à Rome (Vatican), l’ancien président de la commission électorale indépendante (CEI) et de la commission électorale nationale indépendante (CENI) s’était vu fermé tout accès à des monastères et enceintes de la communauté tout au long de son mandat. Malumalu était directeur général de l’Institut panafricain Cardinal Martino pour l’enseignement social de l’Église catholique à Kinshasa, institution spécialisée dans l’encadrement des leaders catholiques, une posture qui lui permettait de se défendre à l’interne. Seulement voilà qu’en dépit de tout ceci et de sa notoriété internationale, Malumalu a été laminé jusqu’à perdre toute crédibilité.
Cette-fois-ci, c’est le très contesté Denis Kadima qui fait face à la même tempête. Sauf que dans son cas, il ne s’agit plus simplement d’une confession religieuse, mais de deux mastodontes (Église Catholique et Église protestante) qui se liguent contre l’actuel président de la CENI. Et contrairement aux réalités de 2014, plusieurs forces politiques et sociales s’alignent derrière les deux Églises pour contester l’autorité électorale incarnée par Denis Kadima. Dans ces conditions, le leadership électoral restera longtemps très affaibli et le dialogue autour du processus électoral reste difficile à concrétiser.
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