Femme
La guerre n’est plus seulement l’affaire des hommes en Ukraine. Des milliers de soldates professionnelles combattent au front et des milliers d’autres les appuient dans diverses tâches connexes en tant que bénévoles. Un reportage de la formidable série L’Ukraine au quotidien de nos partenaires de Radio-Canada.
C’est un moment important pour les dirigeantes de l’Association des femmes vétéranes d’Ukraine : ce matin, le véhicule blindé qu’elles ont réussi à acheter grâce à des dons part au front avec tout l’équipement d’urgence nécessaire pour l’évacuation de blessés de guerre.
Ce camion d’un autre âge, qui a autrefois appartenu à l’armée britannique, est une bouée de sauvetage pour les secouristes. La vice-présidente de cette organisation, Kateryna Pryimak, en sait quelque chose. Elle était au front, à Kherson, l’automne dernier, au pire des combats, en tant que secouriste.
Il y a tellement peu de véhicules appropriés pour transporter les blessés vers les hôpitaux que certains soldats meurent au bord de la route après trois, quatre, cinq heures d’attente.
L'expérience du front
Cette jeune femme frêle, mais énergique, semble encore ébranlée par son expérience au front. "Certains jours, l’aviation russe pouvait mener jusqu’à 25 attaques contre nous. C’était plus dangereux d’être sur la route que de combattre dans les tranchées, souligne-t-elle. Nous n’avions aucun véhicule blindé !"
Une impression de vivre la troisième guerre mondiale avec des moyens de protection de l’époque de la Première Guerre.
Kateryna fait partie de ces milliers de jeunes militants de la place Maïdan qui ont réclamé et obtenu le départ de l’ancien Premier ministre prorusse Viktor Ianoukovitch en 2014. Elle a très mal vécu l’invasion russe de la Crimée dans les mois suivants. Elle s’est donc engagée, comme de nombreux autres jeunes, dont beaucoup de filles, en tant que bénévole auprès de l’armée ukrainienne.
Kateryna a choisi de suivre une formation de secouriste. Elle a été aux premières loges pour observer les injustices faites aux femmes. "Le problème n’est pas tant au front, souligne-t-elle, c’est dans les hautes sphères militaires que le sexisme est le pire".
Les femmes qui souhaitaient combattre devaient accepter de signer un contrat de cuisinière ou de femme de ménage. Sur papier, aucun autre type de poste pour elles. Dans les faits, on acceptait qu’elles aillent se battre, mais sans les honneurs et la reconnaissance.
"Une misogynie systémique dans l’armée"
Kateryna a formé un groupe de revendication, Le bataillon invisible, et a réussi, en 2018, après des années d’efforts, à faire changer les règles. Officiellement, les femmes ukrainiennes ont aujourd’hui accès à une soixantaine de catégories d’emplois non traditionnels, dont des postes de combat.
L’association que dirige Kateryna Pryimak mène aussi d’autres combats au sein de l’armée : l’accès à la formation universitaire et aux postes de direction, entre autres.
De manière plus prosaïque, le groupe demande aussi que les femmes au combat aient droit à des produits d’hygiène féminine. Des couturières bénévoles de cette association s’activent présentement à confectionner des uniformes d’hiver conçus pour la morphologie féminine, une autre demande jugée irrecevable à ce jour.
"Il y a encore beaucoup de misogynie systémique dans l’armée", précise la militante aguerrie.
Histoires de combattantes
"Imaginez-vous que les soldates ukrainiennes doivent porter des chaussures et des sous-vêtements pour hommes !", lance Ksenia Draganiuk, 27 ans, dans un entrepôt de l’ONG Zemliachky ("Compatriote", en français) qu’elle a fondée avec son conjoint, à Kiev.
Tous deux sont originaires de villes du sud et de l’est, aujourd’hui ravagées par les bombardements. Au début de l’invasion russe, cette jeune journaliste a décidé de mettre son talent au service des femmes parties au champ de bataille : échanger avec elles par Internet et publier leurs témoignages sur le réseau Instagram. Sa petite idée a fait boule de neige. Elle est aujourd’hui en contact avec 4000 combattantes !
"Je me suis vite rendu compte qu’elles manquaient de beaucoup de choses, surtout des produits d’hygiène féminine, dit-elle. Elles m’en parlaient toutes".
Avec son conjoint Andrii Kolasnyk, elle a donc lancé sa petite entreprise dans le but d’amasser les articles requis. Des compagnies ukrainiennes et étrangères ont vite répondu à leur appel. Avec un groupe de huit bénévoles, ils préparent de 30 à 40 colis par jour qui sont envoyés directement à celles qui en font la demande.
Cette guerre a pour effet de changer l’image de notre armée nationale. Ce n’est plus seulement l’affaire des hommes.
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