Nouvelles tensions autour de Taïwan après le lancement d’un exercice militaire chinois

Depuis jeudi matin, navires et avions militaires chinois entourent l’île de Taïwan en représailles du discours pro-indépendance du nouveau président Lai Ching-te.

La petite île située en mer de Chine se réveille encore à l'ombre de son menaçant voisin. Depuis jeudi matin, plusieurs manœuvres militaires baptisées « Joint Sword-2024A » sont en cours tout autour de Taïwan. Quatre navires de garde-côtes soutenus par deux autres bâtiments de la marine chinoise ont même pénétré dans les « eaux interdites » de deux îles taïwanaises ce vendredi dans la matinée. Cette démonstration de force fait suite au discours d'investiture du nouveau président Lai-Ching Te perçu par Pékin comme un « aveu de l'indépendance de Taïwan ».

Ce dernier, fidèle à la ligne du Parti démocrate progressiste dont il est issu, tient l'indépendance de l'île pour acquise. Une position qui a conduit la Chine à le qualifier de « grave danger ». Taïwan a appris à vivre au rythme des incursions chinoises : « C'est la huitième fois ce mois-ci que des navires des garde-côtes chinois naviguent dans les eaux interdites » déclarent les garde-côtes taïwanais.

Depuis la guerre civile de 1949 et la victoire du Parti communiste de Mao Zedong, la Chine continentale se considère comme amputée de sa 23e province. Les nationalistes chinois contraints de se réfugier sur l'île de Taïwan sont ainsi perçus comme un régime rebelle depuis plus de 70 ans. Le 22 octobre 2022, à l'occasion du 20e congrès du Parti communiste chinois, le président Xi Jinping avait promis la réunification « par tous les moyens » d'ici 2049 pour le centenaire de la République populaire de Chine.

Un point chaud des relations internationales

Seuls 12 États entretiennent des relations diplomatiques officielles avec Taïwan. Cependant, l'île compte les États-Unis parmi ses plus précieux alliés. En 2022, Joe Biden s'était même dit prêt à défendre la petite démocratie insulaire en cas d'invasion chinoise. Taïwan bénéficiera d'ailleurs des 106 milliards de dollars d'aides militaires récemment débloquées par le Sénat américain à hauteur de 2 %. Washington s'assure avant tout un allié pour protéger ses intérêts dans l'indo-pacifique, zone éminemment stratégique pour le commerce mondial. En effet, 50 % des porte-conteneurs empruntent le détroit de Taïwan, route commerciale majeure régulièrement survolée par des avions militaires chinois.

Outre l'aspect militaire et stratégique, l'île abrite l'entreprise TSMC, leader mondial de la fabrication des semi-conducteurs. 90 % de ces puces nécessaires au fonctionnement des ordinateurs, des téléphones, des voitures et même des missiles sont produites à Taïwan. Une interruption des chaînes de production en cas d'attaque chinoise entraînerait donc une crise mondiale.

Et la France dans tout ça ?

Si la Chine venait à attaquer Taïwan, rien n'indique que la France se précipiterait à son secours. En revanche, des intérêts français sont en jeu dans le Pacifique puisqu'au milieu de l'océan se trouve la Nouvelle-Calédonie. Cet archipel français, quatrième producteur mondial de nickel, assure à l'Hexagone plus d'1 450 000 kilomètres carrés de zone économique exclusive. Les revendications indépendantistes des Néo-Calédoniens, au cœur de l'actualité, attirent indéniablement l'attention de la Chine communiste. Le 24 juillet 2023, Emmanuel Macron s'était d'ailleurs exprimé depuis Nouméa à propos de l'expansionnisme chinois bien connu pour aider financièrement de jeunes pays en voie de développement.