Politique
Style séduisant, finesse dans le parler, le tribun Kamerhe a, une fois de plus, épaté l’assistance. Devant un auditoire sélect, le président de l’Assemblée nationale a esquissé son plan pour le développement du Congo. Ses idées forces, il les a déclinées brillamment lors de cette conférence qui marquera date à la Colline inspirée. D’abord et avant tout, « l’union des intelligences », un remède, dit-il, pour faire avancer ce pays-continent, remède qui ne tiendrait pas compte de couleurs politiques, de l’appartenance religieuse, de tribu, bien souvent à la base de division et de blocage.
Initiateur de la conférence débat sur le thème : « Problématique du développement économique de la RDC, terre d’espoir », le professeur Vital Kamerhe a appelé à une « union sacrée des intelligences congolaises » pour relever l’économie nationale à l’agonie. Brillant conférencier, l’ex-ministre de l’Économie a donné le go d’une révolution scientifique pour un Congo développé.
De l’économie aux infrastructures en passant par l’agriculture et l’énergie, le président de l’Assemblée nationale a mené une analyse structurelle du pays de l’indépendance à nos jours, scrutant tous les secteurs de la vie l’un après l’autre pour démontrer l’état dans lequel se trouve l’économie congolaise. Il a décrié l’exode des populations paysannes vers les grandes villes espérant à une meilleure vie, une des conséquences d’ailleurs de la baisse de la production. « Beaucoup de congolais pensaient que l’indépendance signifiait que les gens devraient quitter le village pour venir voir la lumière dans des grandes villes. C’est ainsi que les bras qui produisaient dans des campagnes étaient devenus des bouches à nourrir dans les villes. Donc la production a commencé à baisser », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, le docteur Kamerhe a démontré que le pays n’a pas de modèle économique exclusivement congolais. Il faut explorer de bien meilleures pistes pour se sortir du bourbier actuel. « N’ayons pas peur de commencer une nouvelle ère dans notre pays. Le pays a été longtemps déconnecté du savoir-faire et de l’intelligence. Nous devons ensemble chercher à savoir pourquoi autant de richesses pour vivre dans la pauvreté. Nous sommes heureux d’être ici pour lancer une véritable révolution scientifique. Nous devons créer l’Union sacrée des intelligences congolaises sans aucune couleur politique. Nous devons bien définir nos priorités », a-t-il insisté. L’élu de Bukavu soutient d’abord l’idée d’une intégration économique nationale, avant d’aller, par la suite, dans l’intégration régionale. « Aujourd’hui, nous avons le programme de développement de 145 territoires. Ce programme a l’avantage de toucher tous les territoires de la RDC ».
Dans son exposé, le président de l’Assemblée nationale a fait constater que c’est depuis 1960 que la RDC navigue dans le grand flou sans aucune politique en matière d’économie ni d’agriculture. L’orateur a déploré le fait que le système économique actuel soit miné par les antivaleurs, le tribalisme et tous les autres maux décriés sur terre. Pour inverser la tendance, VK a suggéré au gouvernement, des projets structurants autour de l’agriculture afin de favoriser la création des richesses et de l’emploi.
Le fléau, il l’a pointé de face. L’alors ministre de l’Économie a désapprouvé l’inflation fiscale congolaise qu’il a qualifié de toxique et de nature surtout à ne pas favoriser un bon climat des affaires. « La fiscalité congolaise est toxique. Il faudra enlever certaines taxes pour créer les stocks, mais le plus important, c’est le produit. Voilà pourquoi, dans l’agenda agricole du président de la République, les assignations seront données par province. Nous ne pouvons pas continuer à importer alors que nous avons une terre riche. Pour mettre fin à la faim, nous pouvons demander au Grand Kasaï par exemple, de nous produire trois cent mille hectares de maïs. Nous demandons au Grand Katanga de faire la même chose. On ne dépendra plus de l’Afrique du Sud, ni de la Zambie. La terre du Kasaï est bien meilleure que celle de la Zambie. Le riz de Bumba, du Maniema et de la Province orientale, nous pouvons le produire et ce n’est pas compliqué », a détaillé le professeur Kamerhe.
L’écho a été audible. Professeurs de la faculté des Sciences économiques de l’université de Kinshasa, membres du gouvernement et experts du secteur agricole-alimentaire réunis au chapiteau du plateau de l’Unikin ont applaudi l’intelligence vive du speaker de l’Assemblée nationale.
Un débat animé
D’autres invités sont intervenus après le président de la Chambre basse du Parlement. Premier à prendre la parole après Vital Kamerhe, le professeur et ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon. Le leader de LGD estime qu’on ne peut pas forcément s’appuyer sur les institutions de Bretton Woods pour développer la RDC. « L’analyse que nous avons faite démontre que les programmes d’ajustement du FMI peuvent ou ne pas développer la RDC. La leçon que nous avons retenue de cette analyse fouillée, est que la théorie institutionnelle, la théorie des institutions, c’est-à-dire la théorie qui met en relation les institutions de qualité et le développement d’une part, et les institutions de faible qualité et le développement d’autre part, c’est une thèse qui a été mieux élaborée, défendue par des grands économistes de renommée internationale comme Douglas Blanc, Hekimoglu, ou encore James Robinson », a argumenté Matata.
Avant d’en tirer la conclusion qui s’impose : « cette relation s’explique parce qu’il va de soi que lorsque vous avez des institutions de qualité, elles produisent le développement. À l’inverse, lorsque vous avez des institutions de faible qualité comme c’est le cas en RDC, elles produisent le sous-développement ».
Pour sa part, le ministre du Portefeuille, Jean-Lucien Bussa Tongba, a abordé la question de la diversification de l’économie, qui repose sur la stabilité institutionnelle et la qualité du leadership. Mais, le guide devra être stratège, gestionnaire et visionnaire. « Notre économie est restée traditionnelle, et lorsque la manne a été produite, elle n’a pas été orientée vers l’industrialisation du pays. Notre PIB est constitué des produits miniers, pendant que le PIB des autres pays sont constitués de l’industrie (domaine recherche et développement) », a décrit Bussa.
Tout nouveau ministre du Commerce extérieur après avoir été ministre de l’Industrie, Julien Paluku Kahongya a soutenu que la RDC disposait bel et bien d’un leadership de qualité, gestionnaire et visionnaire. Il a expliqué que le pays doit se baser sur six piliers afin de bâtir son développement économique, à savoir : les infrastructures routières, les composantes ferroviaires, les composantes aéroportuaires, les ports importants, les infrastructures énergétiques, et la composante zone économique spéciale.
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