Politique
L’onde de choc de l’annonce hier, mercredi 15 février 2017, de Pierre Kangudia Mbayi (Ministre du Budget) a été plus que retentissante. Au cours d’un point de presse, l’homme, pince sans rire, a soutenu qu’il était désormais difficile voire impossible à l’Exécutif central de pouvoir financer les joutes électorales pourtant douloureusement reportées de 2016 à fin 2017.
1,8 milliard de dollars américains ! Voilà, au bas mot, la coquette somme qu’il faudrait à la Ceni de Nangaa pour organiser les élections. Kangudia qui se voulait sincère dans cette communication, comme il pouvait s’en douter, venait de lancer toute une bombe sur la scène politique congolaise où, les contours des obsèques du lider maximo occupent encore les esprits. Et, les réactions à l’instant même ont commencé à tomber de partout. Dans une interview accordée à actualite.cd, Lambert Mende Omalanga a voulu apaiser. « Le conseil des ministres n’a pas encore statué sur l’impossibilité de mobiliser l’argent pour les élections », a-t-il révélé. Toutefois, il appert qu’un tout nouveau front vient d’être ouvert.
Pierre Kangudia a choisi les locaux de l’Hôtel du Gouvernement pour porter la nouvelle à l’opinion tant nationale qu’internationale. Conscient de la nature et de la portée de ses affirmations, le VPM en charge du Budget se dit prêt à défendre cette position devant quiconque. "Même si les perspectives semblent s’améliorer, il sera difficile de penser que nous puissions mobiliser USD 1,8 milliard cette année. A ce stade, je préfère tenir un langage de sincérité. J’aimerais les avoir mais je ne suis pas en train de voir ça. Je suis prêt à le défendre devant tout le monde, nous avons démontré cela", a-t-il dit.
La précision de Mende
Les déclarations du patron du Budget sont, pour le porte-parole du Gouvernement, loin d’être une décision arrêtée de l’Exécutif central du Congo-Kinshasa. "Nous n’avons pas encore reçu ce rapport là au niveau du gouvernement. Il m’est difficile de confirmer ou d’affirmer ces propos …ça n’a pas encore été présenté au gouvernement, même pas encore discuté en conseil des ministres…. Peut-être que c’était une façon pour lui de fouetter ses services pour qu’il puisse faire rentrer les fonds publics. Ce n’est pas du tout une option du gouvernement", confie-t-il.
De vives réactions
L’Association Congolaise pour l’Accès à la Justice (ACAJ), par la voix de son coordonnateur, a vivement réagi après l’oral de Kangudia. ‘‘L’actuel Gouvernement n'a aucune légitimité pour statuer sur cette question du financement des élections. Il doit carrément démissionner et laisser la place au plus vite à un nouveau, conformément à l’Accord du 31 décembre 2016", dixit George Kapiamba. D’après lui, l’accord du 31 décembre est une base qui a résolu notamment, la question de la tenue et du financement des élections à la fin de cette année.
Loin de la société civile, cette affirmation du ministre du Budget a fait pincer des dents au Rassemblement. Delly Sessanga, un des ses cadres les plus influents, aux prises avec une consœur en ligne, a dit tout son désarroi. "Je trouve le propos suffisamment grave parce qu’il devrait amener le Gouvernement à démissionner", clame-t-il. "La mission principale pour laquelle il a été mis en place, c’est d’amener à l’organisation des élections. S’il se sent incapable de le faire, il devrait démissionner. En plus, ça nous paraît un peu prématuré de tirer un tel bilan dès lors que les prévisions de la Ceni n’ont jamais été contre expertisées. Nous avons toujours remis en cause le budget exorbitant de la Ceni de 1.8 milliard pour tenir les élections. Nous continuons à penser qu’il est possible de faire avec moins et qu’il faut pouvoir ordonner le cycle des élections. C’est pourquoi, l’accord du 31 décembre a prévu non seulement l’audit, mais aussi une sorte de concertation entre le Conseil national de suivi de l’accord, le Gouvernement et la Ceni afin de pouvoir définir les modalités exactes de la tenue des élections", poursuit-il. Ce, avant de conclure : "le gouvernement qui doit organiser les élections doit être celui qui est issu de l’accord du 31 décembre. La mise en œuvre attendue par tout le monde doit être faite avec une urgence absolue pour que les objectifs soient atteints".
Au regard des enjeux, cette question est loin d’être finie. Certainement que dans un avenir proche, elle va tant susciter des passions que faire couler ancre et salive.
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