Diaspora
Contre toute attente, le président Kabila a fait le déplacement de New-York où il assiste à la 73ème assemblée générale des Nations-Unies. En même temps, son opposant et leader d’Ensemble pour le changement, Moïse Katumbi, a choisi d’y marquer aussi sa présence. Du coup, la bataille d’agendas s’y invite sur fond d’une guerre de lobbying auprès des groupes d’intérêts respectifs.
Au-delà de son aspect purement protocolaire, cette 73e session de l’Assemblée générale des Nations-Unies dissimule mal l’existence d’un enjeu de taille, à savoir la bataille diplomatique à laquelle se livrent sur la place de New York, opposition et majorité congolaises via leurs représentants.
Le caractère irréversible des élections
Si la communauté internationale s’inquiète de la sérénité du climat politique, à trois mois des élections de décembre prochain, Joseph Kabila s’est montré plutôt serein. A l’ONU, il a donné des garanties nécessaires de la tenue d’élections le 23 décembre 2018. Quant aux conditions d’organisation, le président Kabila s’est refusé à tout commentaire, laissant la tâche à la Ceni, pouvoir organisateur des élections en vertu de la Constitution. C’est dire combien le suspense reste encore entier.
Pendant que le président Kabila tente de convaincre le monde à adhérer enfin au processus électoral, tel que mené par la Ceni, parallèlement c’est son opposant le plus farouche, Moïse Katumbi et Martin Fayulu qui mènent un lobbying dans les couloirs des Nations unies pour faire passer le discours contraire : des élections inclusives en République démocratique du Congo (RDC) sans la machine à voter et pour l’obtention du nettoyage du fichier électoral.
Ecarté définitivement de l’élection présidentielle, Moïse Katumbi n’a pas dit son dernier mot. Dans le camp de la majorité au pouvoir, le président d’Ensemble pour le changement passe pour l’homme à abattre. Après avoir participé dernièrement à Bruxelles à une rencontre de principaux leaders de l’Opposition, Moïse Katumbi s’est retrouvé par la suite en Afrique du Sud, à l’invitation du parti au pouvoir, ANC du mythique Nelson Mandela. Aussitôt après, le voilà aux Etats-Unis, au siège de l’ONU, dans le même décor de Joseph Kabila.
Candidat exclu à la présidentielle, Katumbi plaide pour l’application de l’Accord de la Saint Sylvestre, l’inclusivité des élections, la fin des massacres et autres violations des droits de l’homme généralisées. Quant au président Joseph Kabila, il tente d’attirer la sympathie de la communauté internationale après avoir subi toutes sortes de pressions pour libérer le processus électoral. C’est un chassé-croisé diplomatique sans merci.
DIPLOMATIE PARALLÈLE
Martin Fayulu à New York pour assister à "une série de rencontres" en marge de la 73ème assemblée générale des Nations-Unies. (© Twitter @MartinFayulu)
Est-ce juste une coïncidence de calendrier ? Pas du tout. De part et d’autre, tout tient d’une démarche bien réfléchie.
Arrivé bien avant le président Kabila, le leader d’Ensemble pour le changement avait déjà annoncé les couleurs, via un tweet publié sur le compte officiel de sa plateforme électorale. « En provenance d’Afrique du Sud, notre président, Moïse Katumbi et sa délégation sont arrivés ce jour à New York pour des réunions à l’occasion de l’assemblée générale de l’ONU. Plusieurs jours de travail pour plaider : la paix et la fin des tueries provoquées par le régime ; la vraie démocratie ».
Autant dire, la 73ème assemblée générale aura une nette influence sur la suite du processus électoral en République démocratique du Congo. Certes, le président Kabila tente de s’attirer la sympathie de la communauté internationale concernant le processus électoral en cours. Toutefois, sa démarche sera mise en balance par celle de Katumbi et Fayulu qui mobilisent à leur manière pour amener le monde, en premier lieu les Nations-Unies, à ne pas cautionner la supercherie électorale de décembre prochain.
Les deux personnalités espèrent, à travers le lobbying qu’ils exercent sur certains Etats membres de l’ONU, obtenir d’eux des pressions supplémentaires à exercer sur les autorités congolaises qui s’érigent en obstacle dans la mise en œuvre intégrale de l’Accord de la Saint-Sylvestre.
On est donc en face d’une guerre de lobbying, un chassé-croisé entre d’un côté, Joseph Kabila, et de l’autre, Moïse Katumbi. Qui l’emportera ? Difficile à prédire.
Le plus évident est que dans les conditions actuelles d’une Ceni qui n’inspire plus confiance, les élections du 23 décembre 2018 sont entourées d’une grande incertitude. Il faut craindre que les ratés de scrutins de décembre prochain ne puissent avoir des répercussions inimaginables aussi bien en RDC que dans toute la région des Grands Lacs.
La SADC ne devrait pas non plus être épargnée de la déflagration née de scrutions mal organisés. C’est dire combien la 73ème assemblée générale de l’ONU influera les élections de décembre prochain. D’ores et déjà une rencontre restreinte projetée sur la question congolaise a été boycottée par Joseph Kabila et sa délégation.
KATUMBI : « TÔT OU TARD, LE SOLEIL SE LÈVERA ET BRILLERA EN RDC »
Ce qu’il faut noter c’est que les deux poids lourds de la politique congolaise mesurent leur force de mobilisation au siège de l’ONU. Quoi qu’il en soit, en contact avec notre rédaction, Moïse Katumbi a circonscrit le sens de sa présence sur le sol américain. Il s’agit, dit-il, de sensibiliser sur la question du refus de la machine à voter et d’un fichier électoral vicié que la Céni compte utiliser lors des élections du 23 décembre 2018. Son combat, a-t-il indiqué, est d’obtenir la mise en œuvre intégrale de l’accord politique du 31 décembre 2016, seul cadre, selon lui, de garantir des élections justes et équitables en RDC dans un climat apaisé.
A-t-il fait le déplacement de l’ONU pour juste plaider sa cause ? Moïse Katumbi rejette d’emblée cette assertion : « Le plus important, ce n’est pas moi, plutôt c’est le pays et le peuple congolais ». « Tôt ou tard, promet-il, le soleil se lèvera et brillera en RDC ».
Lorsque Kinshasa pense brandir le discours de la souveraineté pour écarter la communauté internationale du processus électoral, Katumbi a plutôt un autre discours. « La souveraineté , dit-il, ce n’est pas tuer son peuple, ce n’est pas affamer son peuple, ce n’est pas piller son pays, ce n’est pas ôter la paix à son peuple. Au contraire, c’est assumer le bien-être de la population et sa sécurité ».
C’est le discours que le leader d’Ensemble pour le changement fait passer à New-York, au siège de l’ONU, alors qu’en même temps, le président Kabila tente de faire adhérer le monde à son schéma électoral du 23 décembre 2018.
Avant l'intervention du chef de l'Etat, Joseph Kabila à la tribune de l'ONU, la délégation congolaise a créé la sensation en refusant de prendre part à cette rencontre pour n’avoir pas été associée à sa préparation, à en croire le conseiller diplomatique, Kikaya Bin Karubi. « Nous ignorons si ladite réunion parlera des mines, de l'économie ou de la politique », avait-il ironisé sur une chaîne internationale.
D’après lui, les objectifs de cette réunion ne sont pas connus, encore moins son ordre du jour. De quoi susciter des interrogations dans le chef de la délégation congolaise qui entend capitaliser sa présence à New York pour interpeller les partenaires extérieurs de la RDC qui s’érigent en obstacle à son émancipation en tant que pays souverain censé mener sa politique interne en toute autonomie, loin de toute interférence extérieure.
Pour une certaine opinion, les justifications avancées par le conseiller diplomatique du chef de l'Etat ne tiennent pas la route, d’autant plus que la délégation congolaise était bien au courant de cette réunion et des matières inscrites à son ordre du jour. Et même si un bénéfice de crédit peut lui être accordé, nul n’ignore que la communauté internationale nourrit des inquiétudes sur la façon dont le processus électoral est conduit. Actuellement, le sujet est au centre des préoccupations à l'ONU. Reste à savoir si l’option de la chaise vide est la meilleure approche dans un contexte de bataille diplomatique où l’opposition, qui n’est pas en reste, entend également se livrer à un plaidoyer sur l’inclusivité des élections.
Là-dessus, il est fait état de la présence à New York des opposants Martin Fayulu et Moïse Katumbi. Les deux personnalités espèrent, à travers le lobbying qu’ils exercent sur certains Etats membres de l’ONU, obtenir d’eux des pressions supplémentaires à exercer sur les autorités congolaises qui s’érigent en obstacle dans la mise en œuvre intégrale de l’Accord de la Saint-Sylvestre. Au-delà de son aspect purement protocolaire, cette 73e session de l’Assemblée générale des Nations-Unies dissimule mal l’existence d’un enjeu de taille, à savoir la bataille diplomatique à laquelle se livrent sur la place de New York, opposition et majorité congolaises via leurs représentants.
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