Nord-Kivu : les militaires rwandais occupent un village de Nyirangongo

L’armée rwandaise a encore traversé la frontière commune et occupé le week-end dernier la bourgade de Tama, dans le territoire de Nyirangongo, à une quarantaine de kilomètres de Goma.

C’est l’Administrateur de territoire (AT) de Nyirangongo lui-même qui a donné l’information hier. Il a vu de ses propres yeux un bataillon des soldats rwandais qui ont investi les champs du village Tama.

Tous les habitants paniqués se sont réfugiés en brousse pour échapper à une probable attaque de ces bidasses de Paul Kagame. Nyirangongo est toujours à la portée de leurs canons depuis la nuit des temps. Plusieurs fois les Rwandais ont traversé la frontière pour faire des démonstrations de force sur le territoire congolais. Mais cela, c’était à l’époque du M23.

Depuis la déconfiture de ce mouvement, c’est la première fois que l’armée rwandaise traverse illégalement la frontière pour opérer en RDC. Le Congolais Alphonse Ntumba Lwaba, secrétaire exécutif de la CIRGL n’est cependant pas de cet avis.

Pour lui, il ne s’agit encore que des simples allégations qui doivent être prouvées par une descente sur  terrain d’une mission du Mécanisme élargi de vérification de cette organisation sous-régionale. Le Mécanisme est déjà saisi, mais il éprouve encore quelques difficultés sur divers plans.

C’est ainsi, dit-il, qu’il a reçu le soutien de l’UE pour sa mobilité. La Monusco qui est aussi membre de ce Mécanisme avec deux officiers a aussi apporté de l’aide. Il y a aussi l’Angola qui assure actuellement la Présidence tournante et qui a promis une assistance substantielle.

On comprend dès lors que le Mécanisme a des difficultés pour aller vérifier les faits dénoncés par l’AT de Nyiragongo qui persiste et signe que les soldats rwandais sont bel et bien là et qu’on lui a fait dire que leur retrait sera négocié au niveau bilatéral, c’est-à-dire entre les deux Etats.

Ce qui est vrai et qui apparaît clairement c’est que le Mécanisme élargi de vérification de la CIRGL est bel et bien inopérant. Il a des difficultés pour se mouvoir. En plus, il est inefficace et même inutile. Ce n’est pas la première fois qu’on lui soumette une situation d’occupation de territoire de la RDC par des soldats rwandais.

L’année passée, la RDC l’avait saisi pour un autre cas, toujours dans le même territoire de Nyirangongo mais dans un autre village situé à une dizaine de kilomètres de l’aéroport de Goma, occupé par une unité de l’armée rwandaise. Le Mécanisme qui n’y croyait pas du tout avait mis trop de temps pour la vérification de cette accusation de la population de Nyirangongo endossée par la société civile de ce territoire et celle du Nord-Kivu.

Et quand finalement, il s’est rendu sur le terrain, jusqu’à ce jour, les Congolais attendent toujours le rapport de son enquête qui est bloqué on ne sait à quel niveau. A quoi bon alors avoir un Mécanisme aussi capital mais qui ne sert à rien parce que pas du tout opérationnel ?

Il faudra peut-être attendre que l’Angola qui assure la Présidence désigne l’un de ses généraux pour diriger le Mécanisme en remplacement de l’Ougandais car c’est la règle.

L’Ouganda ayant un parti pris dans la crise congolaise n’a pas de neutralité requise pour assumer cette charge. C’est l’une des causes des blocages des enquêtes du Mécanisme élargi de vérification de la CIRGL.

LES FDLR A LUBERO

A Lubero, à 250 km de Goma, l’AT est en pleurs. Des Rwandais ont violemment frappé son territoire. Il ne s’agit pas des Tutsi de l’armée rwandaise qui occupent un village de Nyirangongo mais leurs ennemis mortels, les Hutu de FDLR. Ces derniers ont attaqué tous les villages situés au sud de Lubero.

Ils y ont pillé toute la récolte, ils ont collectivement violé des femmes et emmené un bon nombre de jeunes gens à une destination inconnue. Ces attaques des FDLR avec le même modus operandi sont monnaie courante en territoire de Lubero où il n’y a aucune unité des FARDC pour les dissuader. Ils opèrent donc en toute quiétude.

D’où, le cri d’alarme de l’AT qui demande au commandement des FARDC de déployer des troupes dans cette zone afin de préserver la population des fréquentes attaques des FDLR. Pillages des récoltes, viols collectifs, enlèvement des jeunes garçons, c’est le martyre qu’imposent les Hutu des FDLR aux populations de Lubero, loin, très loin de leur Rwanda natal. Qui dit que la RDC traîne les pieds pour neutraliser ces FDLR ? Mais ils sont un motif d’insomnie pour les Congolais comme à ce jour à Lubero. Mais il y a aussi Masisi et une bonne partie du parc des Virunga. En tout cas, le Rwanda est en paix. Kigali devrait plutôt avoir honte de parler des FDLR… Quels FDLR ?