Recherche
  Home Actualités Petites annonces Offres d’emploi Appels d’offres Publireportages C'est vous qui le dites Medias & tendances Immobilier Recherche Contact



Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 02 mai 2024
mediacongo
Retour

Politique

Le piège de la loi Sesanga : la RDC sous le régime du «couvre-feu»

2013-11-18
18.11.2013 , Kinshasa
Politique
2013-11-18
Ajouter aux favoris
Beaucoup de salive a coulé le samedi 16 novembre 2013 au Palais du Peuple à l’occasion de la présentation, par le député national Denis Sesanga, de sa « proposition de loi fixant les règles relatives à la liberté des réunions et les mesures d’application de la liberté de manifestation en République Démocratique du Congo ». En effet, alors que  dans son exposé des motifs, l’auteur affirme que les libertés de réunion et de manifestation font partie du « noyau dur des droits de la personne humaine », il surprend au niveau du corps de son texte en les enfermant dans un régime policier.

De nombreux Congolais, les parlementaires en tête, ont eu froid au dos en entendant ce député national décliner des mesures telles que l’interdiction de tenir une réunion publique ou privée au-delà de 22 heures.

Ce qui est intriguant, c’est quand il souligne, à l’alinéa 1er de l’Article 12 que « La réunion publique ou privée est libre ». Le même député renchérit qu’«elle n’est soumise à aucune formalité administrative, ni de déclaration préalable, ni d’autorisation préalable ».

Delly Sesanga laisse tout le monde dans le flou en restant muet sur les motivations de la limitation de  temps. Pourquoi 22 heures ? Nul ne le sait. Est-ce que les Congolais ne pourraient comploter contre leur pays ou porter atteinte à sa sécurité qu’uniquement après ce délai butoir ?

Les Congolais aimeraient savoir pourquoi une réunion publique ou privée exemptée de toute formalité administrative est limitée dans le temps.

A-t-il pensé aux dérapages policiers et administratifs qu’une telle mesure pourrait engendrer dans les cités résidentielles et les villages où des réunions familiales, claniques ou amicales se prolongent jusqu’à des heures avancées de la nuit ? Des paisibles citoyens, pères et mères de famille, pourraient ainsi être enlevés chez eux, sous prétexte de s’être réunis au-delà de 22 heures ? Des arrestations  arbitraires pourraient être opérées dans des bars, terrasses et restaurants sous le même prétexte.

On peut même penser que la Loi Sesanga est en train d’instaurer, en République Démocratique du Congo, un « couvre-feu » qui ne dit pas son nom.

Dans ce pays où il fait excessivement chaud 8 mois sur 12, des policiers pourraient s’autoriser des rafles nocturnes sans avoir à se justifier.

L’impression qu’a laissé la prestation de Sessanga est que la démocratie congolaise est appelée à entamer une marche à rebours dans la voie des libertés individuelles. C’est la déception dans les milieux des acteurs politiques et des activistes de la Société Civile, qui sont en droit de redouter des lendemains de terreur en matière de réunion et d’association.

Si l’on y prend garde, le législateur congolais lui-même est en train de préparer le lit de la légalisation des actes de répression des réunions ou manifestations publiques et privées, portant par là un coup dur aux libertés d’opinion et d’association.

Si la proposition de la loi Sesanga finit par être adoptée et plus tard promulguée selon la forme et le fond lui imprimés par son auteur, les autorités politico-administratives ainsi que les responsables de la police et des services de sécurité vont s’ériger en gestionnaires patentés d’une démocratie à plusieurs vitesses. Sous un tel régime juridique, les formations politiques, les organisations de la société civile ainsi que les familles congolaises seront à la merci des humeurs des hommes au pouvoir qui, pour une raison ou une autre, auraient le plein droit d’interdire toute réunion ou manifestation qui ne serait pas de leur goût.

Il y a lieu de se demander, à ce sujet, si cette loi ne va pas vider de toute sa substance, la disposition constitutionnelle garantissant aux partis politiques la liberté d’organiser des manifestations publiques.

Qu’est-ce qui s’est passé pour que Sessanga puisse passer d’un exposé des motifs porteur de nouveaux espoirs pour la démocratie congolaise vers un texte au contenu donnant l’air d’avoir été reconditionné dans un laboratoire des ennemis des libertés en République Démocratique du Congo ? D’aucuns ont du mal à croire que le document présenté samedi dernier aux députés émane d’un acteur qui a longtemps œuvré au sein de l’opposition, et qui n’ignore pas que des millions de nos compatriotes risquent de vivre un véritable enfer une loi leur ôtant tout droit d’expression, de réunion et d’association une fois la nuit tombée.

Au-delà de l’opposition et de la société civile perçues comme anti-pouvoir, la loi Sesanga pourrait aussi causer du tort aux sociétaires de la Majorité présidentielle et leurs alliés, eux aussi placés sous le régime de la liberté de parole et de réunion strictement contrôlée.

Il est à espérer que des voix vont s’élever de manière vigoureuse et responsable au Palais du Peuple pour ne pas ramener le pays aux années Mobutu. Tel que ficelé, le texte de Sesanga exige un toilettage de fond pour répondre aux aspirations démocratiques d’un peuple qui a déjà souffert de 32 années de dictature et qui continue d’attendre la « libération » totale et effective de la parole ainsi que du droit de réunion et d’association.


C’est vous qui le dites :
8476 suivent la conversation

Faites connaissance avec votre « Code MediaCongo »

Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.

Poster un commentaire, réagir ?

Les commentaires et réactions sont postés librement, tout en respectant les conditions d’utilisation de la plateforme mediacongo.net. Vous pouvez cliquer sur 2 émojis au maximum.

Merci et excellente expérience sur mediacongo.net, première plateforme congolaise

MediaCongo – Support Utilisateurs


right
Article suivant Report d'élections à Beni, Butembo et Yumbi: Joseph Kabila trouve "fondée" la décision de la Ceni
left
Article précédent Report d'élections à Beni, Butembo et Yumbi: Mbusa Nyamwisi parle de «coup d'Etat électoral»

Les plus commentés

Afrique "Nous avons demandé : le M23, les membres de ce groupe sont-ils des Rwandais ou des Congolais ? Et la RDC nous a dit : ce sont des Congolais. Fin du débat" (William Ruto)

22.05.2024, 23 commentaires

Politique Augustin Matata Ponyo: « Un coup d’Etat ne vise pas un ancien ministre de l’Economie mais un Président en fonction »

24.05.2024, 12 commentaires

Politique Assemblée nationale : 2 candidats de l'opposition retenus pour l'élection du bureau définitif

22.05.2024, 10 commentaires

Société Christian Malanga n'a aucun lien avec l'Église catholique (CENCO)

22.05.2024, 9 commentaires


Ils nous font confiance

Infos congo - Actualités Congo - confiance