Dossier
La Général des Carrières et des mines (Gécamines), l’entreprise publique congolaise, est dans la tourmente. Le premier fournisseur mondial de cobalt est plongé dans une sombre affaire de dettes et de soupçons de blanchiment.
L’affaire débute en octobre 2017. La Gécamines encaisse un prêt de 222 millions de dollars provenant de la société Fleurette Mumi, qui appartient à l’homme d’affaires Israélien Dan Gertler. Fin 2017, Dan Gertler et ses sociétés sont sanctionnés par le Trésor américain. Quand la créance arrive à échéance, la Gécamines refuse de la payer. Il faut dire que c'est la société Ventora Development qui la réclame. Ventora qui se présente comme appartenant à Dan Gertler, en remplacement de la société... Fleurette Mumi.
Somme versée au Trésor public
La Gécamines dit avoir contracté cette dette auprès de la société de Dan Gertler pour ses besoins de développement, mais l’argent a servi à autre chose. L’entreprise minière explique que la quasi-totalité de la somme perçue a été versée au Trésor public, au titre de paiement d’avance sur fiscalité. Elle brandit des extraits de comptes et autres documents comptables, ainsi qu’une lettre du ministère des Finances.
Aujourd’hui, la Gécamines dit qu’elle n’est pas prête pas à payer cet argent à Ventora malgré le jugement rendu le 14 novembre par le tribunal de Commerce de Lubumbashi qui a donné gain de cause à la société de Dan Gertler. Ngele Masudi Déogratias, secrétaire général de la Gécamines : « Nous avons dit que nous ne pouvions pas payer du fait que cette entreprise était sous sanction américaine. »
Or, le 20 décembre, un communiqué de presse de Glencore – compagnie basée en Suisse dont Gertler était le partenaire au Katanga (Kamoto Copper Company) jusqu’aux sanctions américaines – a annoncé que la Gécamines avait accepté de lui céder une part de ses terrains pour 250 millions de dollars. Ce que d’aucuns relient à l’affaire précédente – sans preuve, crient les partisans du duo de la Gécamines...
Le directeur général interdit de quitter Kinshasa
Mais pour la société civile, la Gécamines ne devrait même pas reconnaître devoir quoi que ce soit à Ventora étant donné que ce n’est pas avec elle qu’elle avait signé le contrat de prêt. C'est l'avis de Georges Kapiamba, président de l’Association congolaise pour l’accès à la justice (Acaj) : « Aussi longtemps que la Gécamines ne dépose pas formellement de plainte contre Ventora pour tentative d’escroquerie, nous considérons que les dirigeants actuels de la Gécamines restent dans leur option de contribuer à cette entente pour blanchir ces capitaux. »
Entre-temps, le directeur général et le secrétaire général de la Gécamines ont été interdits de quitter Kinshasa, alors qu’ils voulaient se rendre à Lubumbashi le 17 décembre. Le directeur financier de la société avait été auditionné deux jours plus tard au parquet général près la cour d’appel de Kinshasa, sans que rien ne filtre de cette audition.
Cette sombre affaire de dettes de la Gécamines envers Ventora Ventora Development pose des questions quant à savoir s'il s'agit d'un scandale politico-économique démontrant « l’existence de schémas préétablis de coulage des recettes publiques » ou des « dessous des cartes d'un complot contre la RDC organisé par des géants miniers » ? Affaire à suivre...
Source: RFI/MEDIA CONGO PRESS
Articles liés à ce sujet
Les plus commentés
Société Affaire 200 millions Usd : Emmanuel Shadary menace de paralyser le pays si Albert Yuma est poursuivi en justice
23.01.2020, 35 commentairesPolitique Affaire Gecamines-Ventora : la jeunesse FCC met en garde contre toute « provocation et diabolisation » à l’endroit de Yuma et Shadary
05.02.2020, 20 commentairesSociété Gabriel Kyungu dénonce beaucoup de cas de détournement et de corruption à la Gécamines et à la SNCC
26.12.2019, 16 commentaires
Ils nous font confiance