Dossier
Les étudiants de l’Université de Kinshasa ont manifesté le lundi 6 janvier contre les disparités dans la fixation de frais académiques jusqu’à donner du fil à retordre à la police qui a eu du mal à contenir la fougue estudiantine.
La situation était très tendue le lundi 6 janvier au Campus de Kinshasa à la suite de la fronde estudiantine contre la récente augmentation des frais académiques décidée par le ministère de l’Enseignement supérieur et universitaire (ESU) en totale inadéquation avec ceux fixés par l’administration universitaire. La nouvelle grille les astreint à payer 490.500 FC pour les classes de recrutement (G1 et préparatoire) et 485.500 FC pour les classes montantes (G2 à L2).
Des montants qu’ils jugent excessifs au regard de la situation sociale de nombreux étudiants issus des familles modestes et dont ils demandaient au gouvernement de revoir les frais à la baisse en se référant à l’année académique 2018-2019 où ils ont payé 253.000 FC de G1 en L2. Mais face à l’obstination du ministre de l’ESU à ne pas revoir sa copie, les étudiants de l'Unikin se sont finalement résolus d’utiliser la méthode forte pour tenter de le ramener à la raison. D’où la manifestation du lundi qui a fini par dégénérer, frisant l’insurrection à la suite de l’incursion des forces de police.
Déjà, la veille, la tension était perceptible sur le site universitaire. Les différentes entrées conduisant au site universitaire ont été bloquées empêchant tout trafic. La situation s’est corsée davantage le 6 janvier, dans la matinée, avec à la clé, des scènes d’affrontements entre les policiers et les étudiants. Ces derniers qui tenaient à manifester en dehors du site universitaire en ont été dissuadés par des forces de l’ordre qui n’ont pas hésité à user des gaz lacrymogènes pour tempérer la fougue estudiantine.
La présence des policiers était remarquée à l’entrée des homes et des facultés mais aussi dans certains points névralgiques du campus. Cela n’a pas empêché les manifestants d’exprimer leur colère parfois avec une brutalité qui aura laissé pantois le commun des Kinois.
Les actes de vandalisme posés sur le site étaient simplement ahurissants : des véhicules appartenant aussi bien à l’Université qu’aux privés incendiés, des auditoires de cours et climatiseurs, des bureaux des professeurs saccagés, des distributeurs automatiques de billets ainsi que des guichets de banques installées sur le site universitaire pillés et la mort de deux éléments de la police dans les affrontements avec les étudiants de l’université de Kinshasa même des éléments de la police lors de l'opération de rétablissement de l'ordre public ont été pris à parti et agressé à coup de pierres et de machette entrainant la mort de 2 d'entres eux et faisant près de 23 policiers blessés, dont certains dans un état comateux, selon le communiqué du général Sylvano Kasongo qui s'etonne du silence des ONG et organismes des droits de l'homme à ce sujet...
Cependant, la question liée à l’identité des auteurs de ces actes de vandalisme et d’extrême barbarie reste sans réponse à ce niveau. Les violons s’accordent chez les analystes pour dire que les vrais étudiants ne peuvent pas agir de la sorte, surtout pas saccager le patrimoine de leur alma mater. Pour quelle raison ou pour obtenir quels dividendes le feraient-ils ? S’interrogent les analystes. Avant de conclure à une main noire qui aurait joué le commanditaire.
Entre-temps, le ministre de l’Esu, Thomas Luhaka, avait ordonné, mardi 7 janvier, aux étudiants occupant les résidences universitaires d'évacuer volontairement les lieux dans les 48 heures, au risque de faire face aux forces de l'ordre.
L'UNIKIN "a été fermée pour la propre sécurité [des étudiants] parce qu'on a constaté qu'il y avait des personnes qui n'avaient rien à voir avec" cette université, affirme Chantal Mulop, la conseillère du chef de l'État en charge de la jeunesse. "On veut juste être sûr que ce sont de vrais étudiants qui doivent absolument être à l'université. Il y a certains qui sont là depuis plus de 10 ans", avait-elle expliqué.
À l'issue du conseil des ministres de ce vendredi, il a néanmoins été décidé de ne pas fermer l’université mais le chef de l'État a demandé de procéder à l'identification des vrais étudiants qui, après cette opération, seront relogés aux homes qui doivent subir, par ailleurs, des travaux de réhabilitation suite aux dégâts subis par les actes de vandalisme; sans toutefois revenir ou remettre en cause les frais académiques comme exigés par les étudiants...
Cependant, même si le déguerpissement des étudiants qui résidaient dans les différents homes universitaires a permis de découvrir des armes de guerre et munitions par la police, cette situation suscite polémique, tant au niveau politique qu'au niveau social, puisqu'il entraine également un calvaire pour les étudiants étrangers et ceux venus de l'intérieur du pays, n'ayant aucune assise familiale dans la capitale et ne sachant où aller. Tandis que du côté des habitants avoisinant le campus de l'Université de Kinshasa beaucoup craignent une résurgence de l'insécurité dans cette partie de la ville de Kinshasa...
Source : Adiac-Congo / MCP
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